Le poing serré en l’air, Marco Odermatt est ovationné par la foule autrichienne. Avec son dossard 8, le patron du ski mondial vient d’écraser de son talent le super-G mondial de Saalbach. « En franchissant la ligne d’arrivée, je savais que j’allais gagner. Je venais de réaliser une manche parfaite et c’était très difficile d’aller plus vite », avoue le Nidwaldien qui vient compléter sa collection de médaille d’or après ses titres en descente et en géant il y a deux ans à Courchevel. « Avoir trois médailles d’or dans les trois disciplines que je dispute, c’est un rêve qui se réalise. »
En France, Marco Odermatt avait réalisé la plus belle descente de sa carrière, de son propre aveu. Ce vendredi, il a skié son « plus beau super-G en carrière ». Une seconde le sépare de toute concurrence, un gouffre abyssal sur une manche de 84 secondes compte tenu de la concurrence féroce face à laquelle le prodige de Hergiswil doit faire face.
Relâché, Odi était sûr de son coup
Mais l’enfant de Buochs a skié sur son nuage, taillant les courbes comme aucun de ses adversaires et déployant son talent sur la Schneekristall. « Lorsque Marco skie ainsi, il nous fait tous passer pour des touristes », se marre Alexis Monney. Inutile de lui donner des adversaires. « Ça faisait longtemps que je ne l’avais plus vu skier à ce niveau », lance Sébastien Amiez, consultant pour RMC. « Sur une vraie piste de super-G, comme celle-ci, il est le seul à parvenir à skier aussi vite et proprement. »
Tous les éléments étaient alignés. Deux heures avant la course, lorsqu’il enchaînait les manches d’entraînement, il assurait déjà à son serviceman que son ski était performant. Il n’a lésiné sur aucun détail non plus, en utilisant notamment tout le temps à disposition pour réaliser la reconnaissance du tracé. « J’étais relax, je savais que tout fonctionnait, notamment le matériel, et j’avais toutes les cartes en main pour gagner. » Décontracté avant même de franchir le portillon, le Nidwaldien n’avait plus qu’à répéter sa partition en course. Dès la première courbe, le virage est taillé et le ski file sur la neige autrichienne. « J’ai eu immédiatement un excellent feeling. Dès la troisième porte, je me suis dit que je pouvais skier comme je le voulais, je pouvais attaquer et aller chercher la limite. »
Place au doublé?
Avec ce nouveau titre mondial, le premier en super-G, Marco Odermatt est proche de plier le jeu. À 27 ans, le boss a remporté pratiquement tout ce qui est possible de gagner. À ce jour, il ne lui manque que l’or olympique en descente et une victoire, toujours en descente, sur la mythique Streif de Kitzbühel qui se refuse toujours à lui. Alors « ce qui arrive maintenant n’est que du bonus », concède-t-il à deux jours de défendre son titre en descente pour réaliser un rare doublé que seuls Hermann Maier (Beaver Creek 1999), Bode Miller (Bormio 2005) et Vincent Kriechmayr (Cortina d’Ampezzo 2021) ont réalisé par le passé. Et écrire encore davantage sa légende en lettres d’or.
Johan Tachet/SSW/LMO, Hinterglemm