C’est l’événement que tous les passionnés de freeride attendent. Depuis sa première édition en 1996, l’Xtreme de Verbier n’a cessé d’écrire sa légende, sacrant les plus grands riders sur la mythique face du Bec des Rosses. Cette année, alors qu’ils n’effectuent respectivement que leur première et seconde saison sur le tour, Jenna Keller et Martin Bender s’invitent pourtant déjà parmi les prétendants au titre mondial. Une ascension fulgurante pour ces deux skieurs qui n’imaginaient pas se retrouver en si bonne position aussi rapidement.
Une saison au-delà de leurs espérances
Pour Jenna Keller, cette première saison parmi l’élite est déjà une réussite. « Dans l’ensemble, je suis super fière de ma saison. Malgré mes deux chutes, j’ai obtenu deux podiums en six compétitions. C’est plutôt un bon ratio ». Un hiver qui dépasse ses attentes et qui permet à l’actuelle troisième du classement général de rêver de titre. Pourtant, la rideuse de Morgins préfère ne pas trop s’attarder sur cette perspective. « Je ne veux pas me fixer d’objectifs en termes de classement afin de m’éviter une pression inutile. Mais c’est clair qu’en étant sur le podium, on n’a pas envie d’en tomber. »
Côté masculin, Martin Bender savoure également sa progression. « L’année passée, j’ai vraiment galéré à passer le cut pour les finales. Cette année, j’y suis arrivé sans difficulté et j’ai déjà pu fêter deux podiums. Ma saison est donc pleinement réussie ». S’il concède qu’il sera difficile de déloger le Canadien Marcus Goguen de la première place, le skieur de 21 ans garde néanmoins l’ambition de finir sur le podium du général. « Terminer dans le top 3 serait un rêve. Mais le classement est extrêmement serré. Avec l’annulation de la compétition de Fieberbrunn, les écarts sont minimes ».
Le Bec des Rosses, une face redoutée
Dans l’optique de départager les meilleurs athlètes, le Bec des Rosses fait figure de juge ultime. Véritable monument du freeride, cette montagne mythique fascine autant qu’elle intimide. « C’est un type de face qu’on ne retrouve nulle part ailleurs sur le tour » confie Martin Bender. Avec ses pentes particulièrement abruptes et ses nombreuses barres rocheuses, le Bec des Rosses ne laisse pas le droit à l’erreur. « Si on le compare aux autres faces du tour, le Bec est beaucoup plus raide. Les barres sont aussi plus imposantes. Il faut donc être très stratégique dans le choix de la ligne car une chute peut être très dangereuse », insiste Jenna Keller.
En raison du manque de neige, aucun départ ne sera donné du sommet du Bec cette année. De quoi relativiser la performance du vainqueur? Même s’il reconnaît que triompher depuis le sommet aurait une saveur particulière, Martin Bender concède que cette décision atténue quelque peu la pression sur les riders. « Ne pas partir de tout en haut enlève un peu de stress », admet-il.
L’avantage d’évoluer à domicile
Si tous deux apprécient le caractère exceptionnel de cette ultime étape du tour, c’est aussi en grande partie car ils ont la chance de concourir à domicile. Membre de l’académie de freeride de Verbier, Martin Bender connaît chaque recoin du Bec des Rosses. « J’ai dû skier la face cinq fois depuis le sommet et trois fois depuis le petit Bec ». Si la connaissance du terrain est un atout, elle n’est toutefois pas décisive selon lui. « Savoir naviguer dans la face peut représenter un avantage, mais parfois, un regard neuf permet d’imaginer des lignes auxquelles on n’aurait jamais pensé en tant que local de l’étape », explique-t-il. Pour sa première sur le Bec en compétition, Jenna Keller avoue, elle, s’être inspirée des runs des éditions précédentes afin d’affiner son choix de ligne. « J’ai l’intention de copier légèrement la ligne d’Elisabeth Gerritzen lors de sa victoire en 2021 », souffle-t-elle.
Si évoluer sur un terrain familier peut constituer un avantage, courir à domicile apporte également son lot d’émotions particulières. « Ça rajoute un peu de pression, mais c’est trop cool d’avoir les copains pour nous accueillir dans l’air d’arrivée », confie Martin Bender. Portés par leur public, nul doute que les deux skieurs valaisans sauront se surpasser, avec l’espoir de succéder à Maxime Chabloz et Elisabeth Gerritzen derniers vainqueurs suisses du classement général du Freeride World Tour.
Quentin Hiroz, Verbier