Au moment de franchir la ligne d’arrivée, Daniel Yule reste interloqué en regardant l’écran géant. Le Valaisan ne se rend pas tout de suite compte qu’il est assuré de grimper sur le podium de Schladming. Il lui faut une poignée de seconde pour réaliser sa performance et crier sa joie si puissamment que sa voix fend l’incroyable vacarme des 50’000 fans présents autour de l’arène d’arrivée de la piste de la Planai.

Daniel Yule peut exulter, il vient de décrocher la 3e place du slalom nocturne de Schladming, sans aucun doute le plus beau slalom de l’année. “Franchement, je pensais être 4e, car c’était mon résultat affiché de la deuxième manche. Et j’ai commencé à me demander qu’est-ce j’ai fait, comment j’ai pu prendre une valise”, raconte le slalomeur helvétique. “Puis ça fait tilt et là, le sentiment est incroyable, au milieu de cette ambiance de folie. C’était la première fois que j’étais assuré de terminer sur le podium en arrivant au bas de la piste.”

Daniel Yule, cet homme de la nuit

Comme il y a douze mois lorsqu’il avait déjà pris la 3e place à Schladming ou lors de sa victoire à Madonna en décembre, Daniel Yule a pris son pied sous le clair de lune. “Oui, je suis un peu un homme de la nuit”, sourit le Valaisan qui a glané trois de ses quatre podiums en Coupe du monde lors de courses nocturnes. “Plus sérieusement, c’est une atmosphère qui me plaît sur des pistes qui me conviennent. Même si on fait des petites fautes ou que l’on est pas toujours sur la bonne ligne, on arrive à lâcher les skis et prendre de la vitesse. Et cela convient à mon style de ski.”

Si Daniel Yule n’a rien pu faire face à l’extraterrestre autrichien Marcel Hirscher, qui s’est imposé avec plus d’une seconde d’avance sur toute concurrence, et le Français Alexis Pinturault, il a su parfaitement réagir après être passé au travers de sa course à Kitzbühel samedi (18e). “Je ne veux pas dire que j’étais vexé, mais beaucoup de gens se sont demandé ce qu’il s’était passé. Je me disais qu’une journée sans peut toujours arriver. Et là, j’ai montré une belle réponse.”

Daniel Yule a réalisé deux grosses manches pour prendre la 3e place. (Alexis Boichard/Zoom)

“Jamais pensé réaliser une telle carrière”

Maître de régularité, le Suisse signe un septième top 10 en huit slaloms traditionnels disputés cet hiver et remontent au 3e rang de la discipline. Face à ses performances et les attentes qui vont avec, l’homme ne s’affolent point. “On en veut toujours plus naturellement et moi le premier. Mais je garde les pieds sur terre. Quand on évolue dans la même période que Marcel Hirscher ou Henrik Kristoffersen, on se rend compte du travail qu’il faut toutes les semaines pour être tout devant. Mais on tend à s’en rapprocher”, poursuit Daniel Yule qui n’aurait jamais imaginé ne serait-ce grimper sur le podium il y a encore cinq ans. “Avec une victoire et trois autres top 3, j’ai déjà été au-delà de toutes mes espérances. Je pourrais déjà maintenant quitter le Cirque blanc la tête haute.”

Mais à bientôt 26 ans, Daniel Yule a encore le temps de performer parmi les meilleurs slalomeurs de la planète, avec l’ambition d’être performant dans deux semaines et demie déjà pour le slalom des Championnats du monde d’Are.


Ramon Zenhäusern: “Meilleure forme de ma vie”

Le Valaisan n’a pas été le seul Romand à briller sous les projecteurs autrichiens mardi soir. Ramon Zenhäusern s’est classé à une brillante 4e place, à distance toutefois respectable du podium. Il confirme cependant ses bonnes dispostions après ses 5e et 6e places à Adelboden et Kitzbühel. “Je suis dans la forme de ma vie. Je suis vraiment heureux d’accrocher un aussi bon résultat sur une piste qui, normalement, ne correspond pas à mes meilleures qualités. Cela démontre les progrès que j’ai accomplis.”

Loïc Meillard et Tanguy Nef dans les 20

Derrière le duo valaisan, Loïc Meillard s’est classé au 18e rang à plus de quatre secondes de Marcel Hirscher. “J’ai un peu plus de difficulté à trouver les bons réglages en slalom ces derniers temps”, a soufflé le skieur d’Hérémence, sur le podium à Saalbach en décembre, à l’issue de la course.

Il termine juste devant Tanguy Nef, 19e, qui réalise le troisième meilleur résultat de sa carrière pour sa première participation à Schladming, la Mecque du slalom. “Franchement, ce sont des sensations incroyables que de skier dans une telle atmosphère et de réussir une aussi bonne performance. Je suis vraiment content.”

Les galères se poursuivent malheureusement pour Luca Aerni, Marc Rochat et Reto Schmidiger. Les deux premiers sont partis encore une fois à la faute, alors que le Bernois, 38e, n’est pas parvenu à accéder à la seconde manche. Les trois hommes ne seront ainsi pas sélectionnés pour le slalom des Mondiaux. Seul Aerni, champion du monde en titre du combiné, sera en Suède pour défendre son titre.

Johan Tachet, Schladming