Deux semaines après la fin des Jeux olympiques, ce sont les Jeux paralympiques qui s’ouvrent ce vendredi à Pékin. Dans la lignée des exploits des Beat Feuz, Marco Odermatt, Corinne Suter, Michelle Gisin, Lara Gut-Behrami et autres Wendy Holdener, Théo Gmür entend également briller sur les pistes de Yanqing. Le Nendard, atteint d’hémiplégie du côté droit, avait remporté trois médailles d’or il y a quatre ans à PyeongChang. Le Valaisan pourra-t-il réaliser pareil exploit en Chine?

Théo Gmür, à quelques heures de la descente qui va lancer vos Jeux paralympiques, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous?

On va dire que la pression valaisanne commence à montrer (rires). Ce n’est pas facile, car physiquement je me sens prêt, mais mentalement, c’est un combat contre moi-même. J’essaie de prendre tous les points positifs, notamment ceux de mon expérience à PyeongChang, en me disant que j’ai été capable de le faire. Je vais aussi pouvoir profiter de ces Jeux à Pékin.

Avec trois médailles d’or à PyeongChang, votre statut a changé. Ressentez-vous ces attentes qui sont plus élevées?

Bien entendu. Mes médailles en Corée du Sud étaient inattendues. Lorsque je suis rentré en Suisse, ma vie a totalement changé. La pression est là et je la ressens, d’autant plus que, même si nous sommes de moins en moins dans l’ombre, les paralympiques nous permettent de nous mettre dans la lumière tous les quatre ans. Je vais essayer de mouiller ma combi et porter au plus haut les couleurs du drapeau valaisan.

Il y a un mois et demi, vous avez remporté deux médailles de bronze aux Mondiaux multisports de Lillehammer (super-G et géant), une répétition générale que vous avez jugé manquée

Oui, c’était loin de mes attentes, mais il faut aussi remettre les choses dans leur contexte. J’ai eu une blessure au genou gauche, une mini fissure au ménisque interne à deux semaines des Mondiaux, et ce n’était pas optimal. Sans compter la pression lors de chaque course. J’ai enfin réussi à me libérer lors de la deuxième manche du géant. Avant cela j’avais peur que mon genou lâche ou me fasse mal. Mais les dernières courses à Veysonnaz m’ont rassuré mentalement même si tous les concurrents n’étaient pas présents (ndlr: il a remporté les quatre courses de Coupe d’Europe auxquelles il a pris part). Je peux aller skier sereinement en Chine avec mon genou et ma tête.

Vous n’avez plus de douleur?

Non du tout. Les Swissball à la physio, les heures de massage, j’en ai vu passer et cela valait le coup. C’était tout bénéfique pour le départ.

Descente, super-G, géant, vos chances de médailles sont grandes dans chaque discipline.

Je rajouterais même le combiné. Bon, je ne suis pas un slalom boy, pourtant j’ai essayé de prendre des conseils auprès de nos slalomeurs valaisans (rires). Je vais surtout skier avec comme objectif de donner le meilleur de moi-même, de tailler la courbe en descente, en super-G, et en géant. Et pour le combiné, on avisera sur place l’état de mon genou.

Avez-vous suivi les Jeux olympiques afin de savoir à quoi vous attendre sur place?

J’ai même eu des contacts avec certains athlètes. Je voulais savoir à quelle sauce on allait être mangés. J’ai également reçu des vidéos de la piste car je connais l’un des entraîneurs de l’équipe de Chine. Je les ai analysées encore et encore. Cette piste et cette neige me plaisent pas mal.

Pouvez-vous compter sur le soutien d’un serviceman pour préparer vos skis sur cette neige si spéciale ou devez-vous tout faire seul?

On a deux servicemen sur place, ce qui nous permettra tout de même de récupérer mentalement et physiquement. Nous avons de la chance que les paralympiques soient après les Jeux olympiques, au niveau des réglages et du fart. D’ailleurs, on a pu conserver une ou deux caisses de fart des succès suisses lors des JO.

Derrière les Beat Feuz, Marrco Odermatt et les skieuses suisses, il va falloir continuer sur la même dynamique…

(rires). Cela fait peur d’un côté. On a eu une flopée de champions olympiques. Mais je vais en Chine pour donner le meilleur et représenter de la meilleure des manières le drapeau rouge et blanc. Le reste est entre les mains du destin.

Johan Tachet