“Le grand est de retour.” Thierry Meynet, l’un des trois coaches de l’équipe de Suisse de slalom, jubile au moment même où son protégé, Ramon Zenhäusern, est appelé à monter sur le podium dans la nuit de Schladming, devant une foule en délire. Deux ans que le slalomeur valaisan, 2e de la Night Race sur la piste autrichienne, attendait de réaliser pareille performance, après avoir connu une saison 2021-2022 galère, perturbée par une blessure à l’épaule. “Après tout le chemin que j’ai traversé, ce résultat est magnifique”, savoure Ramon Zenhaüsern qui rappelle également qu’il a touché par le covid et qu’il a connu des problèmes de matériel en plus de ses pépins physiques. “J’étais par terre et je me suis rebâti. C’est l’un des podium les plus émotionnels de ma carrière.”

La performance du skieur de Burchen n’étonne guère son entraîneur Thierry Meynet. “On savait que Ramon était très rapide, il suffisait qu’il le prouve désormais sur deux manches. Il aurait pu monter dans les tours plus tôt dans la saison, mais il a construit sa confiance.” “Pas à pas”, comme aime le répéter un Ramon Zenhaüsern qui s’élançait en début de saison avec le dossard 25.

“J’en avais marre de collectionner les places d’honneur”

Il a alors progressé dans la hiérarchie progressivement cet hiver, passant de la 21e place à Madonna di Campiglio à des classements entre les 12e et 7e rangs lors des quatre derniers slaloms, avant d’accrocher enfin la boîte. “A Kitzbühel (ndlr: 7e), je voulais absolument marquer des points. Ce soir, je me suis dit que je devais attaquer car j’en avais un peu marre de collectionner les places d’honneur. Je devais essayer et risquer. Tant pis si cela ne fonctionnait pas.”

Ce onzième podium en carrière pour le Valaisan a de quoi surprendre, puisqu’il est obtenu sur une piste de la Planai qui ne correspond pas véritablement aux qualités de Ramon Zenhäusern et de son double mètre. “Je n’ai jamais réellement aimé cette piste car elle est raide et, avec ma taille, je doutais un jour de pouvoir réaliser un tel résultat ici-même”, poursuit le skieur de Burchen qui se remémore les mots de Didier Plaschy. “Il m’avait dit, si tu gagnes à Schladming, le travail est fini. Du coup, il est pas tout à fait fini.”

De zéro à héros

Ramon Zenhäusern se marre, puisqu’il lui manque 7 centièmes vis-à-vis du Français Clément Noël pour fêter une cinquième victoire en carrière. “S’il y avait 20 mètres de plus, peut-être que cela suffisait pour passer devant”, reprend Thierry Meynet en analysant la fin de parcours en boulet de canon réalisée par le Haut-Valaisan.

Reste que le vice-champion olympique de PyeongChang est de retour aux affaires. Pour son plus grand bonheur et pour faire également taire quelques voix dissidentes. “Certains disaient l’année dernière que l’époque Zenhäusern était finie”, explique le héros suisse du jour. “J’ai moi-même douté. Mais c’est la vie, cela prouve que même si tu es par terre, tu dois te battre. Il faut garder la patience et la joie et jamais arrêter de travailler. Car la vie est une bataille.”

Johan Tachet, Schladming