En pleine pandémie mondiale de Covid-19, le CIO a confirmé mercredi la tenue des Jeux olympiques de Pékin. Comme ce fut le cas à Tokyo l’été dernier – si ce n’est plus -, ceux-ci se dérouleront dans une bulle sanitaire très stricte pour éviter que le grand rendez-vous mondial des sports d’hiver ne soit contaminé. Pour entrer dans cette bulle, et donc participer aux compétitions, il faudra montrer patte blanche, à savoir avoir rempli un schéma vaccinal complet, un protocole suivi par une toute grande majorité des athlètes, pour ne pas dire tous.
Reste de rares exceptions. Les sportifs désirant se rendre en Jeux sans être vaccinés peuvent le faire, tout en étant assujettis à une quarantaine de vingt-un jours à leur entrée sur le territoire chinois. La situation est extrêmement rare, mais c’est le cas notamment de Patrizia Kummer. La championne olympique du géant parallèle de snowboard alpin de Sotchi en 2014 a pris le parti pris de ne pas se faire vacciner. « C’est une décision que j’ai prise en mon âme et conscience pour le bien de mon corps, confie la Valaisanne. Je suis prête à effectuer une quarantaine, sachant que je ne peux pas changer les règles. »
Aucune précision sur les modalités de quarantaine à un mois des Jeux
Le timing est serré pour la snowboardeuse de la vallée de Conches, puisque l’épreuve de snowboard alpin est agendée au mardi 8 février, soit la première semaine des Jeux. Si le comité d’organisation et le CIO ne changent pas leur règlement, édicté dans un « Playbook » et transmis à tous les participants, Patrizia Kummer devrait être mise en quarantaine dans un établissement choisi par les organisateurs pendant trois semaines avant de pouvoir entrer dans la bulle. Ce qui signifie qu’elle devrait poser pied sur le sol de Pékin au plus tard le dimanche 16 janvier prochain, dans une dix jours.
Reste que les conditions de quarantaine ne sont vraiment pas claires, aucune mention précise n’est écrite dans le fameux Playbook et les hôtels n’ont pas encore été formellement désignés alors que les Jeux approchent. A l’heure actuelle, Swiss-Ski et Swiss Olympic s’affairent, mais n’ont reçu aucune autre réponse que le fait qu’il s’agira d’un établissement « de type 3 ou 4 étoiles » si ce n’est « on revient vers vous au plus vite ». La question est également de savoir si Patrizia Kummer serait en mesure de sortir de sa chambre et donc de s’entraîner dans une salle de sport de l’hôtel en question ou plus probablement totalement mise à l’isolement, ce qui perturberait fortement sa préparation. Encore une fois, personne n’a de réponse.
Interdite de départ en Coupe du monde en Italie
« Je ne préfère pas y penser, reprend la Valaisanne de 34 ans. Tout ce que je peux influencer, c’est comment je snowboarde. » D’autant plus que l’athlète aux 15 succès en Coupe du monde doit encore valider son ticket pour aller aux Jeux. Avec une 8e place lors du géant de Bannoye (RUS) en début de saison, elle avait rempli les exigences minimales B, à savoir un top 8. Une place dans le top 16 du classement général du géant lui assurerait son ticket. Or, Patrizia Kummer est actuellement 21e, et il ne lui reste plus que le géant de Scuol samedi pour prendre de précieux points puisqu’en cas de voyage en Chine, elle devrait très certainement manquer le géant de Simonhöhe (AUT) la semaine prochaine.
Si la triple lauréate du grand Globe de cristal de parallèle est si mal classée, c’est notamment parce qu’elle a été interdite de prendre le départ des géants de Carezza et de Cortina d’Ampezzo (ITA) en décembre dernier, car non-vaccinée. « Ce sont les premières courses en 14 ans de carrière que j’ai manquées, explique-t-elle. Je savais que sans être vaccinée, la saison s’annonçait compliquée, mais je ne m’imaginais pas que certaines courses en Coupe du monde allaient exiger la 2G. »
Des tests tous les deux jours
Pas question toutefois de changer de décision, Patrizia Kummer s’y tient depuis le début, elle n’allait pas se faire vacciner. « Je ne suis pas contre le vaccin et je respecte totalement les gens qui le font. Mais de mon côté, j’ai estimé que c’était le mieux pour mon corps de ne pas le faire. » Pour le coup, la rideuse de Fiesch est extrêmement vigilante. « Je suis très stricte, non seulement pour moi, mais également pour les autres. Et je me fais tester tous les deux jours. »
Ne pas participer aux Jeux serait bien sûr un crève-coeur pour la seule athlète suisse qui envisage d’effectuer cette fameuse quarantaine, selon nos informations. « Je me sens en très bonne forme et je sais que je peux réaliser quelque chose. » Mais à 34 ans, la Haut-Valaisanne ne dit pas que cela pourrait être son dernier rendez-vous olympique. « On ne sait jamais », glisse-t-elle malicieusement avant de parfaire ses préparatifs pour l’étape à domicile de Scuol (GR) samedi.
Johan Tachet/LMO