Avec des athlètes tels que Daniel Yule, trois fois victorieux cette saison en Coupe du monde, Ramon Zenhäusern, Loïc Meillard, Tanguy Nef, ou encore Sandro Simonet, Marc Rochat et Luca Aerni, la Suisse possède l’une des équipes de slalom les plus performantes du circuit. Derrière la progression des skieurs, le travail des coachs Matteo Joris, Thierry Meynet et Julien Vuignier est remarqué. Mais le staff helvétique en est certain, cette équipe a encore une belle marge de progression. Entretien avec son entraîneur en chef Matteo Joris à la veille du slalom de Chamonix.

Matteo Joris, l’équipe de Suisse de slalom s’est entraînée cette semaine à Bardonecchia. Pourquoi avoir choisi la station italienne?

C’était le seul endroit skiable cette semaine, car il y a eu beaucoup de neige et passablement de vent un peu partout. C’est là où il neigeait le moins. Au final, ce fut une très bonne décision car la piste était en très bon état et nous avons pu profiter de trois excellentes journées. Nous avons aussi pu skier avec les Français dont Clément Noël. En cette période, il est important de garder la tension à un niveau élevé. Et c’est en mettant les meilleurs ensemble à l’entraînement que l’on entretient la motivation des athlètes.

Il est difficile de trouver des pistes d’entraînement?

Ce n’est pas facile, il faut des contacts, faire des téléphone. Toutefois, les choses sont plus aisées cette saison que lors de la précédente. Désormais, ce sont les stations qui nous invitent, alors que l’an passé, c’est nous qui devions demander. On va notamment en Italie, car on ne paie pas les abonnements de ski ou les pistes, et les hôtels nous invitent. De plus, ils nous mettent à disposition toute l’organisation et c’est plus facile pour s’entraîner dans ces conditions.

Ce n’est pas le cas en Suisse?

Malheureusement non. Je le dis toujours, en Valais, nous aurions besoin d’un centre d’entraînement fixe. Cela nous permettrait de dépenser moins d’énergie, notamment pour les coachs. Typiquement, la semaine dernière en Italie, si les athlètes ne sont arrivés que mardi, nous, le staff, étions sur place déjà le dimanche pour travailler la piste. Il nous manque vraiment une piste arrosée en Suisse.

Pour en revenir aussi au choix de Bardonecchia, la station italienne offrait égalemement une piste plate, similaire à ce que l’on trouvera ce samedi à Chamonix.

Effectivement. Après le mois de janvier où nous avons concouru sur des tracés difficiles, nous avions besoin de nous entraîner sur des pistes plus faciles, car on avait vite oublié de pousser sur les plats. Ces entraînements ont été bénéfiques pour préparer Chamonix et Naeba au Japon.

Dans quelle forme se trouvent les skieurs suisses?

Ils sont tous bien. Actuellement, nous ne faisons pas non plus beaucoup d’entraînement. Le but est de gérer la condition physique et mentale des athlètes. Mais ils sont motivés à mettre les gaz.

Certains skieurs, à l’image de Luca Aerni, ont davantage de peine actuellement. Comment gérez-vous la situation?

On sait pertinemment où se situent les problèmes et nous travaillons là-dessus. Il y a des problématiques que nous ne pouvons pas changer, mais nous bossons sur les choses qui peuvent être améliorées. Certains de nos athlètes ont besoin de plus de temps que les autres pour arriver au top, mais je suis certain qu’ils vont y parvenir.

Avec une équipe aussi performante, existe-il encore une marge de progression?

Je répète souvent: nous ne sommes pas encore forts sur toutes les pistes et sur tous les types de neige. On peut encore beaucoup s’améliorer. Il y a des secteurs, des sections, qui ne sont pas parfaits et nous devons travailler afin de devenir encore plus complets.

Si aucun Suisse ne monte sur un podium de slalom, considérez-vous la course comme manquée?

Non, car je trouve toujours quelque chose de positif pour attaquer la course suivante. Mais il est vrai que je peux m’énerver si un des gars termine 2e alors qu’il pouvait gagner (rires). Ce n’est pas le résultat qui me préoccupe, mais plutôt la situation sur les skis. Je ne serais pas content si un athlète n’arrive pas à mettre en place en course une chose travaillée longuement à l’entraînement et qui fonctionnait.

Aujourd’hui, peut-on affirmer que Daniel Yule est le meilleur slalomeur suisse de l’histoire?

Je pense que l’on est en train de construire une machine en slalom (rires). Mais il manque encore quelques pièces pour que la machine soit totalement prête.

Johan Tachet, Chamonix