Il est l’homme à battre! Depuis trois hivers, Marco Odermatt donne l’impression de marcher sur l’eau lorsqu’il chausse ses skis. Le patron du ski mondial ne laisse que des miettes à ses adversaires, picorées lorsque celui-ci part à la faute comme lors des géants de Saalbach-Hinterglemm, le dernier de la saison passée, ou lors de celui d’ouverture de Sölden. L’hiver dernier, le Nidwaldien a fait main basse sur quatre des cinq Globes de cristal, seul lui a échappé celui du slalom, une discipline qu’il ne pratique quasiment plus. Au moment où démarre la saison de vitesse, personne n’ose imaginer Marco Odermatt céder du terrain à la concurrence.

Mais qui peut le battre? La question est sur toutes les lèvres à la veille des compétitions de Beaver Creek. Le prodige de 27 ans ne se cache pas et il assume pleinement son statut d’homme fort. « Je crois que quand on gagne quatre Globes, on a le droit de dire qu’on est actuellement le meilleur skieur du monde. Du moins, je l’ai prouvé lors des trois dernières saisons », sourit l’homme aux 37 victoires en Coupe du monde, prêt à encore étoffer son palmarès.

Cyprien Sarrazin prêt à contester le trône en descente

Le skieur de Hergiswil se présente une nouvelle fois en grand favori à sa propre succession en super-G, discipline dans laquelle il a été impérial les deux dernières saisons, à peine un peu bousculé par l’Autrichien Vincent Kriechmayr l’hiver passé. Mais c’est peut-être en descente que ses rivaux peuvent entrevoir une ouverture. « Marco n’est pas imbattable. On l’a vu la saison passée », rigole Cyprien Sarrazin, qui a laissé une très bonne impression lors des entraînements à Beaver Creek. Le Français, auteur d’un exploit retentissant à Kitzbühel l’hiver passé avec un doublé inédit, semble être le principal adversaire du champion du monde de descente. « Nous devrions avoir à nouveau de beaux duels. J’ai fait un pas en avant l’hiver dernier en descente, surtout en ce qui concerne le matériel », reprend Marco Odermatt qui s’avance serein et confiant après une bonne préparation estivale.

« Je suis prêt pour le vrai début de saison », clame le Nidwaldien, qui semble avoir digéré son élimination lors du géant d’ouverture de Sölden. « La sortie est presque oubliée. Plusieurs semaines se sont écoulées depuis et je me suis bien entraîné », assure-t-il même si de son propre aveu ses temps n’étaient pas brillants à Copper Mountain, sur une neige froide qui ne lui convenait pas vraiment. « Ici, à Beaver Creek, c’est un autre monde. C’est une vraie piste de Coupe du monde. Les sensations sont bonnes et heureusement d’ailleurs. » Preuve en est, il a signé le meilleur chrono, si on omet le Slovène Miha Hrobat, qui a manqué une porte, lors du premier entraînement mardi avant de prendre la 2e place ce jeudi du second essai derrière l’Autrichien Vincent Kriechmayr. « J’étais surpris par mon temps à l’entraînement. Cela démontre que la vitesse est là alors que j’avais seulement l’impression d’avoir skié proprement et en décontraction. »

Un triplé pour imiter Carlo Janka

Toutes les pièces semblent bien s’imbriquer. Et avec une descente, un super-G et un géant, il est possible de voir déjà Marco Odermatt lever à trois reprises les bras ce week-end sur une piste de la Birds of Prey taillée pour lui. Un triplé ne serait toutefois pas inédit puisqu’il a déjà été réalisé par Carlo Janka en 2009 – attention toutefois, il y avait cette année-là au programme une descente, un géant et un combiné -, mais il permettrait de mettre déjà au pas toute concurrence.

Malgré tout, Marco Odermatt est conscient qu’il possède une cible dans le dos. Logiquement, les autres athlètes entendent détrôner le champion en titre. « Tout le monde s’entraîne pour devenir meilleur et moi également. C’est nécessaire car le sport se développe en terme de condition physique, de technique, mais aussi de matériel. Les autres veulent me battre, mais moi je veux aussi rester devant. » Face à la concurrence et à la petite incertitude qui règnent avant ces premières épreuves de vitesse, le natif de Buochs assure « ressentir un peu de pression ». « Mais j’aime ça. Cela fait quatre saisons que je me bats devant et ce n’est pas un sentiment nouveau. Je sais ce qu’il faut pour gagner des courses et des Globes.» Cependant, il reste pragmatique: « Tout doit fonctionner. Il faut aussi un peu de chance pour gagner des Globes. C’est pourquoi je suis très relax. »

Et il n’y a pas plus fort qu’un Marco Odermatt, relâché et sûr de fait. La concurrence est prévenue.

Johan Tachet, Beaver Creek