Juste avant les Jeux olympiques de PyeongChang, Marco Odermatt avait éclaté aux yeux du grand public en décrochant cinq médailles d’or lors des Mondiaux juniors de Davos. La Suisse tient son prodige. « C’est notre grand espoir », confirme d’ailleurs Beat Feuz. Reste toutefois désormais à confirmer, pour ne pas terminer dans la case des talents gâchés.
Brillant lors des finales de Coupe du monde à Are, le skieur d’Hergiswil espère désormais s’établir régulièrement parmi les as du géant. « Pour l’heure, la priorité est dans cette discipline, affirme l’athlète de 21 ans. Mais je ne veux pas brûler les étapes, je suis encore très loin du podium. Le premier objectif est d’intégrer le top 30 afin de bénéficier de meilleurs dossards. » Il aura une première occasion de montrer ses progrès dimanches à Beaver Creek.
« Je suis toujours le même »
« Il me manque encore un peu de tout, répète-t-il modestement. Du physique, de la technique, de la tactique, du mental. » La force du prodige, c’est aussi qu’il garde la tête sur les épaules. « Je suis toujours le même, je ne crois pas avoir changé malgré mon nouveau statut, assure-t-il. Je m’entraîne toujours très dur. Je dois apprendre à faire avec de nouvelles sollicitations, mais je suis prêt. »
En parallèle, Marco Odermatt fait ses premières armes dans les discipline de vitesse. « Je sais qu’il me faut engranger beaucoup d’expérience, ne cache-t-il pas. On verra donc si c’est mieux pour moi de rester en Coupe du monde ou de faire des courses de Coupe d’Europe. » Ce qui est certain, c’est que le Nidwaldien a déjà tiré un trait sur le slalom et le parallèle. « C’est trop proche du slalom et on a déjà suffisamment de bons athlètes en Suisse », sourit-il.
Afin de progresser en vitesse, le champion pourrait un jour profiter des conseil de son idole Didier Cuche. « Je n’ai pas encore travaillé avec lui, mais j’ai déjà pu le rencontrer, raconte-t-il. J’ai gagné un prix qui m’a permis de skier avec lui. On se croise parfois et on discute un peu, mais rien de plus. Peut-être dans le futur, qui sait. »
Beat Feuz: « Il a le potentiel pour aller très loin »
D’ici là, Marco Odermatt peut profiter des conseils de Beat Feuz. « Il est jeune et très fort, se réjouit le Bernois. Cependant, ça ne sera pas facile pour lui. Il est encore jeune et va subir la pression. » Le vainqueur du dernier Globe de cristal de la descente ne lésine pourtant pas sur les louanges: « Il a le potentiel pour aller très loin. En plus, c’est une bonne personne. Je pense que d’ici un an ou deux, il pourra jouer tout devant. » Beat Feuz apprécie également l’état d’esprit de son compatriote: « Il ne se prend pas la tête et skie toujours avec plaisir. C’est très important car sans plaisir, c’est impossible de réussir. »
Ce qui est certain, c’est que Marco Odermatt est déjà très bien intégré en équipe de Suisse, notamment aux côtés d’Elia Zurbriggen, avec qui il partage une chambre sur le Cirque blanc. « On s’entend très bien », rigole le Nidwaldien. « On s’entraîne ensemble et je l’aime bien, confirme le Valaisan, de 7 ans son aîné. Il est plein d’énergie et de talent. Je suis curieux de voir ce qu’il va nous montrer. » Le géantiste se réjouit de pouvoir compter sur lui en équipe de Suisse et n’oublie pas non plus Loïc Meillard. « Je crois qu’on a deux prodiges dans l’équipe, souligne-t-il. Ils sont exceptionnels et peuvent aller très loin. S’ils restent en bonne santé, tout est possible pour eux. »
Laurent Morel