Marco Odermatt aborde ses quatrièmes Championnats du monde avec un poids en moins. Contrairement à lorsqu’il avait débarqué à Courchevel, le patron de la Coupe du monde va évoluer à Saalbach sans pression. Il y a deux ans, le Nidwaldien était attendu au tournant après être passé à côté de ses Mondiaux à Cortina d’Ampezzo. Deux médailles d’or plus tard, l’une en descente et l’autre en géant, l’ont encore propulsé davantage dans la légende du ski.
Mais ce n’est pas parce qu’il s’est déjà paré du plus beau des métaux que « Odi » entend laisser la concurrence lui ravir ses couronnes. Sur la piste Schneekristall, le skieur d’Hergiswil se veut ambitieux et pourrait même, s’il participe au combiné par équipes, remporter quatre médailles. Entretien.
Marco Odermatt, on voit beaucoup de fans crier votre nom, vous demander des autographes. Vous êtes une véritable star, même ici en Autriche, dans le pays rival.
Effectivement, les gens m’aiment bien ici. Mais ce n’est pas unique à l’Autriche. Lors de chaque course de Coupe du monde, j’ai la chance de pouvoir rencontrer plein de fans et c’est un super sentiment.
Mais peu d’athlètes suisses ont connu une telle cote de popularité en Autriche par le passé?
Cela dépend peut-être aussi du caractère de chacun. Mais, on reste des sportifs internationaux. Autrefois, il y avait eu Hermann Maier ou Marcel Hirscher qui avaient des fans par tout dans le monde et même en Suisse.
Parlons sport. Dans quel état d’esprit abordez-vous ces Championnats du monde?
Totalement différemment qu’il y a deux ans à Courchevel. J’étais considéré comme le grand favori lors des compétitions, mais je n’avais pas encore remporté de médaille mondiale. J’avais beaucoup de pression, car rien n’avait joué deux ans plus tôt à Cortina d’Ampezzo (ndlr: élimination en géant, 11e en super-G et 4e en descente). Maintenant, j’ai déjà deux médailles d’or à la maison, c’est déjà beau, peut-être qu’il y en aura d’autres. C’est une belle saison jusqu’ici, je me sens en forme après mes victoires à Adelboden, à Wengen et à Kitzbühel.
S’il n’y en a qu’une à gagner ici à Saalbach lors de ce premier week-end de vitesse, ce serait laquelle?
Je ne sais pas (rires). Mais je n’ai encore jamais gagné un super-G mondial et la descente… ça reste la descente.
Est-il possible que l’on vous retrouve au départ du combiné par équipes la semaine prochaine?
Ça sera une nouveauté très intéressante à suivre. Mais je n’ai pas décidé si j’allais prendre part. Je vais voir jour après jour comment je me sentirai et comment cela fonctionne à la vitesse. Mais je peux prendre du plaisir dans cette épreuve avec un coéquipier.
Avec quel skieur voudriez-vous faire équipe?
Je ne connais pas les modalités de la compétition. Mais en tout cas, ce n’est pas moi qui choisis.
Comment vivez-vous le fait que vos principaux adversaires cette saison se trouvent au sein même de votre propre équipe avec Franjo von Allmen, Justin Murisier, Alexis Monney, Stefan Rogentin en vitesse, Loïc Meillard en géant?
En tant qu’athlète, lorsque l’on se retrouve au départ, c’est pour battre tous les autres concurrents. Il y a eu Aleksander Aamodt Kilde, Cyprien Sarrazin, les Autrichiens, les Italiens, par le passé, et c’est vrai que cette année, je retrouve plus facilement mes coéquipiers devant. Pour l’équipe et les fans, c’est mieux d’avoir deux ou trois Suisses qui jouent la victoire, c’est sûr, mais après on veut tous gagner.
On vous voit beaucoup discuter avec les autres athlètes suisses, échanger sur les lignes. Parvenez-vous à garder quelques petites astuces pour vous, pour performer le jour de course?
Non, c’est dans mon caractère, j’ai toujours voulu aider. Par le passé, j’ai beaucoup profité de Beat Feuz, je profite aussi aujourd’hui de Justin Murisier. Je parle avec tout le monde et franchement, je n’ai pas de secret pour les jeunes. Cela fait deux ans que j’ai un nouveau rôle, je prends un peu la pression pour tout le monde et cela en enlève aussi au reste de l’équipe. Et je suis content de voir que l’on arrive tous en pleine forme à ces Championnats du monde.
On sent une véritable dynamique de groupe dans cette équipe de Suisse.
L’équipe a totalement changé depuis que j’ai débarqué en descente pour ma première course en 2018. Je prends beaucoup de plaisir, on rigole, on se pousse les uns les autres. Et les succès aident l’équipe, ils nous poussent en avant.
Johan Tachet / SWW / LMO / GBO, Hinterglemm