Au moment où Marco Odermatt frôle l’élimination et doit poser un gros coup de carre sur le début de la seconde manche, tout le monde du ski retient son souffle. À cet instant, on pense que l’incroyable série du patron suisse va s’interrompre, ici à Aspen, sur la neige du Colorado. Maisalors qu’on le croyait battu, “Odi” a rappelé qui était le patron au prix d’une fin de seconde manche totalement hallucinante pour s’imposer, encore une fois, devant son compatriote Loïc Meillard pour 0″34. “Je ne sais plus quoi dire, c’est fou.”

Le skieur de Hergiswil était le premier étonné dans l’aire d’arrivée de se retrouver sur la plus haute marche du podium, pour la douzième fois de suite en géant. “J’ai fait encore une erreur dans le plat, plus loin sur le parcours. Je ne m’attendais alors plus que cela suffise pour gagner. Je ne sais comment expliquer pourquoi cela fonctionne à chaque fois.”

Entre nervosité et chasse aux records

Au bout du rouleau, fatigué par l’enchaînement des courses, des sollicitations, Marco Odermatt parvient à chaque fois à se surpasser. Face à ses adversaires d’abord, et face à lui-même ensuite. Car au fond de lui, il rêve de ce record des 14 victoires consécutives réalisées en géant par Ingemar Stenmark entre 1978 et 1980. “Je me sens nerveux ces jours-ci et au départ parce que je sais qu’il faut vraiment gagner pour ce record, pas seulement faire du bon ski, il faut vraiment gagner.”

Si le Nidwaldien remporte les deux derniers géants à Kranjska Gora, puis à Saalbach lors des finales, il égalera la légende suédoise. Mais chaque course devient toujours plus difficile. “Si vous êtes si près du but, c’est sûr que vous voulez l’obtenir. Alors, j’essaie de profiter tant que je peux continuer à viser ce record.”

Loïc Meillard: “Odermatt est sur une autre planète”

Dans le sillage de Marco Odermatt, Loïc Meillard, comme la veille, se contentera volontiers de la deuxième place, conscient que devant lui se trouve un extraterrestre. “En ce moment, il (Odermatt) est sur une autre planète. Il peut faire des erreurs, il peut faire tout ce qu’il veut, mais il va toujours vite et c’est ça qui est fou”, félicite le skieur d’Hérémence. “Les gens ne comprennent pas vraiment ce qu’il fait. On travaille tous très dur toute l’année, mais il est juste sur une autre planète.”

Toujours est-il que le Valaisan finit la saison en trombe. Il monte sur son 18e podium en carrière, le quatrième cet hiver, tous réalisés lors de ses huit dernières sorties. À l’aise sur la neige du Colorado, il peut légitimement prétendre signer la passe de trois à Aspen lors du slalom dimanche. “Avec déjà deux podiums, c’est un bon début.”

JT