On l’avait quittée samedi dans un état ne laissant présager rien de bon. Percluse de douleurs au dos et au bassin, Lara Gut-Behrami s’était présentée très affaiblie devant les journalistes après sa deuxième place. Au point que sa participation au super-G dominical, dernière épreuve de ce week-end de compétitions de Crans-Montana, ne coulait pas de source.  Et pourtant, la Tessinoise était là et bien là. Intouchable dans sa discipline de prédilection, elle a survolé la course, reléguant sa dauphine autrichienne Tamara Tippler à près d’une seconde. “J’ai l’impression d’être raide comme un vieux balai, mais contrairement à hier, je n’ai pas eu de douleurs sur les skis donc c’était gérable”, a-t-elle réagi dans l’aire d’arrivée.

“Nous avons fait un super travail avec les physios hier après-midi, poursuit la gagnante du jour. Ce qui était inquiétant hier, c’était l’incertitude. Ne pas savoir d’où ces douleurs venaient et si elles allaient partir.” Très stable sur les skis et plus précise dans ses trajectoires que bon nombre de ses concurrentes, la skieuse de Comano s’est approchée de la perfection aujourd’hui. Même si elle-même ne partage pas cet avis. “C’était une manche compliquée à interpréter parce qu’on avait encore en tête les sensations de la descente de samedi où la neige était plus rapide, analyse-t-elle. Au final, la manche était beaucoup plus simple à skier que ce que l’on pensait et j’aurais donc pu tendre davantage mes trajectoires sur certains passages, notamment dans le mur final.”

Reine du super-G

Cette victoire, sa deuxième de suite en super-G après celle de St. Ankton, lui permet d’accroitre son avance au classement de la discipline. Une discipline dans laquelle elle exploite pleinement ses capacités, ce qu’elle n’arrive pas encore à réaliser en géant et en descente cette saison. “Je suis en train de travailler pour réussir à le faire, confie-t-elle. Mais c’est sûr que c’est en super-G que j’arrive à me relâcher le plus. C’est une discipline qui fonctionne à l’instinct et c’est celle qui me convient le mieux depuis toujours.”

Des propos confirmés par l’Italienne Federica Brignone, brillante troisième aujourd’hui:  “Dans ces conditions, Lara est la meilleure skieuse en super-G, elle interprète vraiment bien toutes les difficultés de la piste et parvient à lâcher ses skis, là où d’autres n’osent pas tendre leurs lignes. C’est quelque chose de naturel chez elle.” Grâce à ce podium Federica Brignone a, quant à elle, prouvé une fois de plus l’incroyable histoire d’amour qui la lie à Crans-Montana.

Brignone comme à la maison

L’italienne avait, en effet, remporté quatre courses sur le Haut-Plateau lors des quatre dernières saisons. “C’est une piste que j’adore, notamment en super-G où il faut être très attentive à la reconnaissance puis parfaite tactiquement, explique-t-elle. J’aurais évidemment voulu gagner une année supplémentaire pour faire la passe de cinq mais je reste très contente avec cette troisième place.”

Entre Lara Gut-Behrami et Federica Birgnone, on retrouve l’autrichienne Tamara Tippler, qui signe son sixième podium dans la discipline sans avoir jamais goûté à la victoire. “C’était une manche difficile, en particulier le premier saut où beaucoup de filles se sont faites piéger, explique la skieuse de 29 ans. J’étais satisfaite de ma manche et j’aurais été contente peu importe le résultat donc finir sur le podium c’est incroyable.”

Robin Torrent & Johan Tachet, Crans-Montana