Une légende suisse honore une autre: alors que Beat Feuz se préparait à ranger ses skis de compétition pour de bon samedi, Didier Cuche n’a pas hésité à le déclarer le numéro un de ce sport et a avoué être ému par ce départ. 

“Ça m’a tiré les larmes de le voir simplement arriver là (dans le finish). C’était très émotionnel”, le roi de la Streif a confié après la descente de vendredi, l’avant dernière course dans la carrière de Beat Feuz. Pour celui qui a cinq fois gagné la descente de Kitzbühel, la décision de mettre fin à sa carrière dans la station autrichienne, où “Kugelblitz” a célébré ses trois derniers grands triomphes, était logique. Même si cela se passe en plein milieu de la saison, que l’annonce est venue soudainement et que les Championnats du monde, où Beat Feuz avait certainement des nouvelles chances de médailles, se profilent à l’horizon.

“J’étais surpris qu’il s’arrête tout de suite après Kitzbühel. Mais en réfléchissant, c’est vrai qu’aller aux Mondiaux, ça ne va pas changer quelque chose: il est déjà champion du monde. En plus il a rempli toutes les lignes: les Jeux Olympiques, les Championnats du monde, les classements généraux et trois victoires chaque à Wengen et Kitzbühel. Tu ne peux pas mieux fermer la boucle qu’ici.”

Mettre les gaz ou non?

Un professionnel jusqu’au bout, Beat Feuz a insisté qu’il ne se lâcherait pas dans ses dernières courses, mais donnerait tout jusqu’à avoir franchi la ligne d’arrivée pour la dernière fois. Un sacré défi, selon Didier Cuche. 

“Ça doit être super difficile intérieurement: qu’est ce que je fais, je mets les gaz, je mets la manette à fond, je vais essayer de chercher un trophée? Il est au départ, il sait qu’il n’a plus que deux minutes à skier à fond, et après il a terminé. Pour moi c’était le cas après la finale, mais même quand j’ai annoncé ici que j’arrêtais, je savais que je restais dans le truc jusqu’à la fin de la saison. Donc je pense que ca doit être très émotionnel.”

Un sacré palmarès

À 35 ans, le Bernois quitte le Circuit blanc avec quatre globes de cristal en descente, trois médailles olympiques dont l’or à Pékin, et trois médailles aux Mondiaux. À cela s’ajoutent 16 victoires et 59 podiums en 216 départs en Coupe du monde. Samedi sera sa 217e. 

“On peut sans autre le mettre numéro un,” juge Didier Cuche, qui s’est retiré de la compétition en 2012. Ce succès est d’autant plus spectaculaire que Beat Feuz a dû surmonter des blessures graves à de nombreuses reprises. “Je l’avais vu une année après ma retraite quand il avait ses problèmes d’infection au genou. Je vous le dis honnêtement, je pensais qu’il n’arriverait jamais à rester en Coupe du monde et surtout pas au niveau où il est. Il m’a épaté toutes ces années quand j’ai vu qu’il était capable de gagner de nouveau.”

À son arrivée déjà sur le Circuit blanc, “on savait qu’il était tres talentueux mais on savait qu’il était aussi beaucoup embêté avec des blessures. Il nous a montré de quoi il était capable.” Beat Feuz est un combattant jusqu’au bout.

Sim Sim Wissgott, Kitzbühel