La victoire ou la défaite. La gloire ou le déception. Il suffit parfois d’un rien pour écrire l’histoire du sport. Un souffle, à peine représenté parfois par un centième ou un demi-point. Derrière les performances qui couronnent les athlètes se cachent les gardiens du temps, des points, et donc des classements. On les appelle les chronométreurs. Une tâche dévolue lors des JOJ de Lausanne à Omega, partenaire olympique officiel depuis 1932. “Notre devoir est de fournir les résultats aux athlètes et nous devons assurer la gestion de toutes les informations et données de timing et de score”, explique Alain Zombrist, CEO chez Omega Timing.
Que ce soit sur les écrans géants des différents sites, sur vos téléviseurs ou sur les sites internet concernés, toutes les données chiffrées sont donc fournies et gérées par le chronométreur officiel de ces Jeux. “Nous bénéficions bien évidemment d’une forte exposition, mais il s’agit d’une grosse responsabilité. Nous n’avons pas le droit à l’erreur.”
Trois systèmes de back-up
Pour le compte de ces JOJ, ce sont 60 tonnes de matériel qui ont été disposés sur les sites de compétitions avec la présence de 150 personnes gérant l’ensemble du système chronométrique, totalement développé en Suisse. L’évolution technologique a permis l’informatisation d’un processus qui a longtemps été manuel. Et pour éviter tout problème en cas de pépin technique, le système principal possède naturellement plusieurs sources de secours. “Par exemple, en ski alpin, nous avons deux cellules chronométriques sur la ligne d’arrivée. La première et celle de remplacement, si la première venait à ne pas fonctionner. Il y a encore une caméra sur la ligne comme troisième back-up. Et si vraiment, il y a toujours un chronométrage manuel”, poursuit Alain Zombrist.
Fonctionnement par températures extrêmes
Si le CIO utilise les JOJ pour faire des expérimentations, notamment de nouveaux sports et de nouvelles disciplines pour le futur des vrais JO, les chronométreurs sont arrivés à Lausanne avec du matériel déjà testé depuis de nombreux mois dans diverses compétitions. “Nous développons constamment nos systèmes grâce aux retours des chronométreurs, des ingénieurs, mais également des athlètes et des fédérations elles-mêmes. On se doit d’être au top.” A titre d’exemple, les équipements doivent pouvoir fonctionner par des températures extrêmes. “Entre – 50° et 80°”, souffle Alain Zombrist. “On a connu le cas lors d’un entraînement de la descente à PyeongChang où il a fait -40° au départ un matin et il n’y a pas eu de problème.”
Bien évidemment le système doit s’adapter à chaque sport selon les règles de chacun, avec, à chaque fois, l’approbation de la Fédération concernée. Ainsi, on ne chronomètre pas de la même manière une course de ski qu’une de biathlon. “Grâce à la caméra posée sur la ligne d’arrivée, qui recueille 10’000 images par secondes, nous pouvons mesurer le temps au millième de seconde”, mentionne Alain Zombrist en prenant l’exemple du short-track. Ce sont de choses que nous ne pouvons voir à l’œil à nu.”
L’écart infime qui peut donc séparer le triomphe et le prestige avec le revers et l’anonymat.
Johan Tachet, Lausanne