Plus rien ne semble pouvoir arrêter Daniel Yule. Quatre jours après son succès à Madonna di Campiglio, le skieur de la Fouly a doublé la mise à Adelboden. “Gagner ici à la maison, ce sont des émotions incroyables. C’est une journée que je ne pourrai jamais oublier”, explique-t-il.

Daniel Yule a su résister à la pression pour aller chercher la plus belle victoire de sa carrière. En tête après la première manche, il a eu le redoutable honneur de fermer le portillon, dans une ambiance délirante. “C’est une situation qui me plaît, raconte-t-il. Je me suis dit qu’il fallait attaquer en deuxième manche pour repartir, quoiqu’il arrive, la tête haute à la maison.” Le fait d’avoir été dans la même position à Madonna di Campiglio il y a quelques jours l’a forcément aidé: “Ça m’a donné confiance de savoir que j’étais capable de le faire. Aujourd’hui, j’étais vraiment détendu entre les deux manches.”

Une frayeur avant le mur final

Parti sur les chapeaux de roue en deuxième manche, le succès a pourtant failli lui filer sous le nez à la suite d’une faute juste avant d’entrer dans le mur final. “Je pensais avoir laissé échapper la victoire”, avoue-t-il. La désillusion aurait été terrible pour le public local, puisqu’aucun des trois autres Suisses classés dans les cinq premiers de la première manche n’avait réussi à prendre la tête avant le passage de Daniel Yule. “Pour finir j’ai réussi à pousser jusqu’à la fin. Le bruit dans l’aire d’arrivée au moment où j’ai franchi la ligne était juste fou. J’ai vraiment savouré ce moment.”

Pour la première fois depuis 2008 et la victoire de Marc Berthod en géant, l’hymne national suisse pouvait ainsi retentir dans la raquette d’arrivée du Chuenisbärgli. “L’hymne était également un moment riche en émotion avec tous ces drapeaux suisses. C’est un plaisir immense pour tous les skieurs de courir devant un tel public.”

Objectif Globe de cristal?

Premier skieur suisse à remporter trois slaloms en Coupe du monde, le Valaisan entre dans l’histoire grâce à ce succès. “C’est sûr que ça fait plaisir mais aujourd’hui ce qui m’importe c’est l’émotion procurée par cette victoire. Je veux en profiter un maximum et on regardera à la fin de ma carrière ce qui restera dans l’histoire.” Ces deux victoires consécutives le placent au deuxième rang du général de la discipline. De quoi faire du Globe de cristal son grand objectif? “Non, dans l’immédiat je vise une bonne course à Wengen. Si je continue à skier ainsi, à en gagner d’autres, je serai satisfait. Qu’il y ait le Globe au bout ou pas.”

Une équipe au top

Au delà de son triomphe personnel, Daniel Yule se réjouissait de la superbe prestation d’ensemble de l’équipe de Suisse. “C’est dommage pour Tanguy (Nef) qui sort et pour Loïc (Meillard) et Ramon (Zenhäusern), à qui il manque peu pour monter sur le podium. Mais le bilan reste excellent et on a montré qu’il faudra compter avec nous pour les prochaines courses.”

Cette émulation dans l’équipe l’aide également à repousser ses propres limites. “Après la première manche, je me suis dit que je n’allais quand même pas me laisser battre par les autres, rigole-t-il. C’est évidemment quelque chose qui me motive que ce soit en course ou à l’entraînement. En tout cas, j’espère que le slalom suisse a un bel avenir devant lui.” Après ce samedi historique, la réponse ne fait pas l’ombre d’un doute.

Robin Torrent, Adelboden