La médaille d’or inattendue de Stephanie Venier en super-G jeudi aux Mondiaux de Saalbach a suscité de vives émotions dans une équipe en crise depuis plusieurs saisons. Une confirmation pour les entraîneurs qui insistent depuis longtemps que leurs skieurs peuvent encore gagner.
L’émotion était grande dans le stade d’arrivée de Saalbach, et probablement dans une grande partie de l’Autriche, jeudi après la médaille d’or de Stephanie Venier en super-G. Alors que les Championnats du monde à domicile promettaient toujours d’être une grande fête, la crainte – non exprimée mais néanmoins très présente – était que l’Autriche pourrait bien en repartir avec peu, ou pire, zéro médaille. Le manque de forme et de podiums cette saison, surtout comparé à une équipe de Suisse superlative, ne donnait pas lieu d’espérer beaucoup plus.
Personne n’a donc prévu une médaille d’or dès la première grande épreuve de ces Mondiaux. Le soulagement et les larmes n’en étaient que décuplés. Une libération pour une nation accro du ski.
« La plus belle chose qui pouvait arriver »
« Le soulagement est grand car la tension était là, c’est sûr. Ça m’a donné la chair de poule, j’ai pleuré des larmes de joie », s’est réjouie la présidente de Ski Austria, Roswitha Stadlober. Pour la fédération, en tant qu’organisatrice du grand rendez-vous de la saison, « ouvrir le bal avec une médaille d’or, c’est la plus belle chose qui pouvait arriver ».
Pareil émoi chez l’entraîneur en chef des dames, Roland Assinger, qui est venu parler aux journalistes, reniflant encore d’émotion et les yeux cachés derrière des lunettes de soleil. « Devenir champion du monde, ça se fait sur des années, pas juste des petits moments. Pour pouvoir faire un tel résultat, il faut de la persévérance, de l’endurance. Il faut surmonter des échecs, puis on a de nouveau des moments forts. Des moments comme aujourd’hui sont une récompense pour tout le travail qu’on a fait. »
Ce résumé s’appliquait autant à la nouvelle championne du monde qu’à l’équipe au complet. Depuis plusieurs saisons, on parle d’une crise dans le ski autrichien. Aux Mondiaux de Courchevel-Méribel en 2023, les skieurs aux couleurs rouge-blanc-rouge avaient décroché sept médailles, mais pas une seule en or. Celle de Stephanie Venier est donc la première en quatre ans.
Un deuxième médaille, 8 ans plus tard
Pour la Tyrolienne, c’était un retour émotionnel sur le podium en Championnats du monde huit ans après avoir décroché une médaille d’argent en descente à Saint-Moritz. Entre-temps, elle a connu bien des hauts et des bas. C’était donc avec les larmes aux yeux qu’elle a écouté jouer l’hymne national autrichien depuis la plus haute marche du podium à Saalbach.
« Tant de choses m’ont traversé l’esprit: tous les moments durs, tous les combats, toutes les fois où j’étais au fond du gouffre et que je me suis battue pour revenir », a résumé la skieuse de 31 ans, qui a aussi connu un début de saison difficile à Beaver Creek où « rien ne fonctionnait et j’ai failli rentrer à la maison ». Après une 2e place en super-G à Sankt Anton, elle a chuté à l’entraînement à Cortina d’Ampezzo et a pris du temps pour s’en remettre. Avant sa course jeudi, elle a encore très mal dormi. « J’ai rarement été aussi nerveuse dans ma carrière: j’avais tellement de pression, même si en grande partie c’est moi qui me la suis mise. Je voulais performer, ma famille et mes amis sont là, je ne voulais pas décevoir les fans. »
Le déclic pour l’Autriche?
Stephanie Venier a néanmoins prouvé ce que les entraîneurs autrichiens disent depuis des mois: que leurs skieurs sont capables de faire des podiums, qu’ils sont rapides à l’entraînement, qu’il leur faut peut-être juste un déclic pour commencer à aligner les bons résultats.
Reste à savoir si cette première médaille d’or peut libérer toute l’équipe et la permettre de retrouver les sommets comme il y a quatre ans à Cortina d’Ampezzo. « (Cette médaille d’or) fait du bien à toute l’équipe, c’est clair. On a vu comment ça peut aller vite », a assuré le chef du ski alpin Herbert Mandl.
Une note de tristessse
Comme pour tempérer la joie des Autrichiens, la victoire de Stephanie Venier a vite été suivie de la mauvaise nouvelle que sa collègue Ricarda Haaser s’était blessée gravement au genou en chutant lors du super-G et que les Mondiaux et sa saison sont terminés. « Ça fait mal », a avoué Roswitha Stadlober, alors même qu’elle se réjouissait de cette première médaille d’or autrichienne. Roland Assinger a lui aussi eu une pensée pour ses blessées, dont la vice-championne du monde de descente Nina Ortlieb, accidentée juste avant les Mondiaux.
Même à son heure de gloire, l’Autriche ne semble pas échapper aux épreuves.
Sim Sim Wissgott, Saalbach-Hinterglemm