À Sankt Anton, Lauren Macuga promène sa dégaine, qui comprend un bob et une salopette aux couleurs du drapeau de l’Oncle Sam, et son large sourire, tout en enchaînant les accolades. L’exubérante Américaine de 22 ans vient de réaliser son premier gros coup en s’imposant lors du super-G disputé dans la station autrichienne. Au moment de franchir la ligne, elle en était la première surprise. « Je ne pouvais pas le croire. C’est un grand rêve qui devient réalité. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé », lance hilare la skieuse de l’Utah dont la biographie Instagram la présente par une citation du film Ricky Bobby: « Si tu n’es pas première, tu as perdu ». Dimanche, elle a donc enfin gagné, même si les mauvaises langues diront qu’elle a bénéficié de meilleures conditions de visibilité que les favorites. Mais pas que…
Mais les on-dit, elle s’en moque, tout comme ses accoutrements bigarrés. Étonnant de sa part, elle n’avait pas préparé un costume pour fêter son premier succès en Coupe du monde. « Je n’avais pas pensé aussi loin. Je vais devoir faire des retouches et rajouter peut-être quelques étoiles. » Lauren Macuga – à prononcer « Massouga » – cultive son excentricité. « Si quelqu’un cherche une fille folle, je suis cette fille », se marre la skieuse qui est toujours en quête d’un sponsor principal.
Trois soeurs Macuga en Coupe du monde
C’est que l’athlète de Park City est aussi déjantée hors de la piste que casse-cou lorsqu’elle chausse les lattes. Et pas uniquement les skis alpins. Plus jeune, elle s’est essayée au ski freestyle et au saut à ski. Logique, lorsque l’on songe que les deux soeurs de Lauren, Ali (21 ans) et Sam (23 ans) pratiquent respectivement le ski de bosses et le saut à ski sur le front de la Coupe du monde. « J’ai choisi le ski alpin, car ce que j’aime avant tout, c’est la vitesse », rigole la médaillée de bronze de descente des Mondiaux juniors en 2022.
Aux trois sœurs Macuga, qui devraient toutes participer aux Jeux olympiques l’hiver prochain, se rajoute encore le petit dernier Daniel (19 ans) qui s’est également entiché du ski alpin. « Mon frère et mes soeurs sont la raison pour laquelle j’ai atteint ce niveau », confie la deuxième de la fratrie. « Nous sommes plutôt compétitifs dans la famille. On se pousse les uns les autres, tout en s’entraidant et c’est cela qui nous permet d’être tous performants. »
Le soutien de Lindsey Vonn
Et Lauren peut également compter sur une autre soeur, de coeur celle-ci, en la personne de Lindsey Vonn. « C’est totalement fou de la voir skier à ce niveau », lance la jeune Américaine, des étoiles dans les yeux, lorsqu’elle doit parler de son idole, de deux décennies plus âgée. « En plus, Lindsey est toujours là pour nous aider que ce soit lors des reconnaissances ou hors de la piste. Elle est toujours disponible pour répondre à mes questions. »
Dans les pas de la championne aux 82 succès en Coupe du monde, Lauren Macuga fait sa trace. La saison dernière, elle avait terminé à trois reprises dans le top 10 en super-G. Cet hiver, elle a mis des claques à toutes les skieuses, dont Federica Brignone, lors de courses FIS à Copper Mountain avant de confirmer avec une 4e place lors de la descente de Beaver Creek, suivie d’une 7e en super-G à Saint-Moritz. « Je savais que j’avais le potentiel pour monter sur le podium, mais je ne pensais pas le faire ici à Sankt Anton. »
Avec une certaine Malorie Blanc, dont elle n’est séparée que de dix-huit mois, Lauren Macuga représente la nouvelle génération qui s’est révélée ce week-end en Autriche et incarne les futures stars de la vitesse totalement décomplexées.
Johan Tachet, Sankt Anton