Dans l’aire d’arrivée du stade d’Oberstdorf, Nathalie von Siebenthal, emmitouflée dans sa veste rouge estampillée Swiss Ski, fait comme souvent des petits mouvements pour se maintenir au chaud. La Bernoise vient de terminer sa mass start de 10 km, mais au moment où les micros sont tendus pour recueillir ses réactions, il lui est surtout interdit de rester inactive à mi-parcours d’une épreuve qui compte encore trois jours de compétitions. “Ma priorité après la course est de ne jamais avoir froid”, lance-t-elle. D’ailleurs, les formalités médiatiques sont rapidement remplies pour regagner au plus vite l’hôtel.

Avec sept départs en l’espace de neuf jours, un Tour de Ski est énergivore. En plus des compétitions, les athlètes qui termineront la manifestation auront passé plus de onze heures sur les routes d’Italie, de Suisse, d’Allemagne et à nouveau d’Italie, pour 888 kilomètres parcourus le plus souvent sur des bouts d’asphalte enneigés en pleine montagne. Dès lors, les plages de récupération sont primordiales afin de pouvoir performer au mieux. Ici, aucun détail n’est négligé et les fondeurs font extrêmement attention à toutes les composantes: nourriture, massages, heures de sommeil, entre autres. 

Cinq repas par jour

“Chaque athlète se responsabilise comme il l’entend. Mais comme dans tous sports, certains arrivent plus facilement à se relaxer que d’autres”, explique le médecin en chef de l’équipe de Suisse de fond Patrick Noack qui veille toutefois scrupuleusement à ce que chacun se nourrisse correctement et suffisamment. “Les coureurs doivent manger plus qu’à l’accoutumée”, poursuit le “Doc”. “Ils brûlent davantage de calories qu’en temps normal avec l’enchaînement des courses intensives.” Au programme des fondeurs suisses: cinq repas par jour! Le plus important? Celui qui suit immédiatement la course pour “remplir les réservoirs vides”, comme image Peter von Allmen, l’un des entraîneurs de l’équipe helvétique.

Les Suissesses mangent jusqu’à cinq repas par jour durant les compétition.
(Swiss Cross Country Team/Facebook)

Mais pour les athlètes, la composante centrale de la récupération reste le sommeil. Une notion que les fondeurs n’appréhendent pas tous de la même manière. “Personnellement, je vais tôt au lit et je dors un maximum”, assure  Nathalie von Siebenthal qui ne peine pas à tomber dans les bras de Morphée. Cela est parfois plus difficile pour Dario Cologna: “Ce n’est jamais facile de s’endormir. Et le pire est de ne pas y parvenir même lorsque l’on est très fatigué.”

Le stress, ce bouffeur d’énergie

Un élément explique facilement que les athlètes, malgré l’enchaînement des efforts, ne parviennent pas à dormir immédiatement: le stress. Pour le staff technique de l’équipe de Suisse, il est ainsi important de gérer au mieux le planning de leurs protégés. “On essaie de trouver des solutions individuelles pour que chacun puisse se sentir au mieux durant le Tour”, assure Peter von Allmen qui complète son rôle de coach par celui de responsable logistique. “Nous faisons en sorte qu’il y ait toujours un physio qui puisse partir à l’hôtel avec les premiers athlètes qui ont terminé leur course afin d’assurer des massages immmédiats et une bonne récupération active. Sans oublier que nous veillons à ce que les voyages soient les moins longs possibles entre chaque étape.” 

Un ou deux jours de complète récupération suivront ce Tour de Ski qui s’achèvera dimanche avec la terrible ascension finale de l’Alpe Cermis à Val du Fiemme. Puis, le cycle de performance reprendra rapidement. “Après deux jours de pause, on relance les entraînements intensifs avant les courses qui s’en suivront. Ce sera ainsi, jusqu’aux Championnats du monde à Seefeld (fin février), jusqu’à la fin de saison, jusqu’aux Jeux olympiques de Pékin en 2022”, sourit Peter von Allmen.

S’économiser pour rester au top?

Sur le circuit, on ne récupère jamais véritablement. Mais chacun travaille au mieux pour être le plus performant possible. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Therese Johaug, grande dominatrice du début de saison, a choisi de ne pas participer au Tour de Ski ou si Emil Iversen a préféré abandonner le Tour mercredi malgré une 3e place provisoire au général. Les deux Norvégiens ambitionnent de briller aux Mondiaux. 

Ici chacun sa tactique. Mais on rappellera toutefois que remporter le Tour de Ski n’avait pas empêché Dario Cologna de devenir champion olympique un mois plus tard à PyeongChang l’année dernière. 

Johan Tachet, Oberstdorf