Quelle image! En tête du concours et resté plusieurs minutes aux côtés du trophée représentant un rapace doré qui récompense le vainqueur de la Tournée des 4 Tremplins, Killian Peier a reçu les chaudes félicitations de Simon Ammann. Le quadruple champions olympique s’est fait un plaisir de fêter son compatriote qui lui a pour une fois volé la vedette sur le Bergiselschanze d’Innsbruck. Le symbole est beau pour une discipline qu’on disait en perte de vitesse depuis plusieurs années en Suisse. Encore ému et avec le sourire jusqu’au oreilles, Killian Peier s’est confié après son exploit, qui l’a finalement conduit au 7e rang.

Killian Peier, espériez-vous un tel résultat ici?

Ce top 10, c’est que du bonus. Ça prouve que j’ai le niveau, que je peux le faire. Ça fait beaucoup de bien au moral et je vais essayer d’enregistrer toutes ces bonnes émotions pour la suite.

Ce moment où Simon Ammann, votre idole, viens vous féliciter, c’est spécial?

C’est sûr. Ça fait très plaisir de voir que quelqu’un d’autre que moi peut se réjouir de mes sauts. En plus, savoir que c’est Simon, ça me touche particulièrement.

Parfois, on a l’impression que vous n’êtes pas encore au maximum de vos capacités, qu’une marge de progression existe encore.

(Il hésite). Je ne sais pas vraiment. Je pense que mes sauts aujourd’hui étaient vraiment de très bonne qualité. Je suis vraiment très content d’avoir pu garder ce niveau du premier saut d’essai jusqu’au dernier saut ici, et ce malgré les conditions changeantes.

Ce résultat, vous l’obtenez à Innsbruck, lors de la Tournée des 4 Tremplins et sur un sautoir qui sera celui des Mondiaux dans moins de deux mois. C’est que du positif?

Oui, vraiment. Quand le “bassin” est plein ici, c’est de la folie. Ce sont des émotions indescriptibles, ça fait chaud au coeur. C’est également bon à prendre pour les Championnats du monde, c’est sûr.

Qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui, ça a encore mieux fonctionné que les dernières compétitions?

Durant la journée de pause (le 2 janvier), j’ai essayé d’analyser les sauts que j’ai fait à Oberstdorf et à Garmisch et j’ai pu remarquer que j’étais un petit peu trop agressif. Il fallait que je sois plus “rond”. Je savais que je devais être un petit peu plus patient et sauter un petit peu plus verticalement pour être mieux en l’air. C’était un point clé. Ça a plutôt bien marché, malgré des conditions parfois défavorables.

J’ai essayé de bien m’imaginer comment ça allait se passer ici à Innsbruck. On était venus en été pour se préparer donc j’ai pu m’appuyer sur les sensations que j’ai connu.

Après votre passage, le départ a été remonté de deux plateformes. Qu’en pensez-vous?

C’était normal au vu des conditions qu’il y avait à ce moment. Et au final, c’est plutôt pénalisant pour ceux qui ont plus d’élan car on leur enlève pas mal de points. Ça m’a plutôt aidé aujourd’hui.

Vous entrez dans le top 15 de la Tournée également.

(Petit sourire) Je suis juste derrière Simon (ndlr: Ammann), mais le classement de la Tournée n’est pas mon but. J’ai trop de retard pour espérer quelques chose. Je veux surtout me faire plaisir comme aujourd’hui.

Vous aviez prévu un pic de forme à ce moment de la saison?

Pas forcément, mais j’ai pu bien me reposer à Noël, ce qui m’a fait beaucoup de bien. Le tout en gardant mon poids de concours, ce qui n’est pas toujours facile à cette période (rires).

Simon Ammann s’entraîne désormais plutôt en solitaire. L’entraîneur helvétique Ronny Hornschuh se consacre donc quasiment entièrement à vous et votre jeune équipe. Ça participe à ce bon résultat?

Oui, bien sûr qu’il m’aide. On s’entend bien de base et on a bien travaillé cet été. Ronny a plus de temps avec les jeunes et c’est positif. J’en profite. Cependant, ce résultat, c’est l’oeuvre de toute l’équipe.

Vous avez aussi un rôle de leader dans cette jeune équipe.

Oui, involontairement. Mais je prends très volontiers ce rôle. Si ça peut continuer ainsi, je suis très content.

Place désormais à la dernière étape à Bischofshofen, où vous partez ce soir. C’est un tremplin que vous appréciez?

Oui, j’ai de bons souvenirs là-bas. Le tremplin est complètement différent de celui d’Innsbruck. Je vais essayer de m’adapter le plus vite possible.

La réaction de Simon Ammann

«C’était important de réussir un résultat comme Killian. Voir le numéro 1 sur l’écran géant après son saut, ça donne beaucoup d’énergie, beaucoup de confiance. Pour lui, c’était la préparation parfaite pour les Mondiaux ici. Il a pu prouver qu’il prouve qu’il était capable d’entrer dans les 10. Malheureusement, je suis le seul collègue qui a pu célébrer avec lui en bas. Mais c’était super pour lui de se retrouver dans le leaderbox. Je crois que c’était un jour parfait. Il est comme une fleur qui s’ouvre. Ce sont toujours des moments très beaux à voir et ça m’a touché.»

Laurent Morel, Innsbruck