Toute la famille, du petit frère aux grands-parents de Joséphine Pagnier se réunissent autour de la Française de 17 ans pour la féliciter. L’image est belle ce dimanche au bas du flambant neuf tremplin des Tuffes, à la frontière franco-suisse et ce, même si la star du jour a manqué la médaille d’or après un deuxième saut pas aussi bien maîtrisé que le premier lors du concours individuel des Jeux olympiques de la Jeunesse. “Je reste très heureuse de mon résultat”, se réjouit-elle tout de même, absolument pas déçue de passer à côté de l’or, finalement gagné par la Russe Anna Shpyneva. Le meilleur résultat suisse du jour a été réussi par Lean Niederberger, 12e chez les garçons.

Dans un stade Jason Lamy Chappuis à nouveau plein comme un oeuf (quelque 6000 spectateurs ont fait le déplacement malgré les températures négatives), les sauteuses et sauteurs ont dû jouer avec des conditions compliquées. Le vent, qui a parfois soufflé avec passablement de violence, a forcé les organisateurs à interrompre à plusieurs reprises les concours, sans que cela n’empêche ceux-ci d’aller au bout. Et donc le public de fêter la médaille de “José”, qui après le biathlon, vient encore récompenser les athlètes locaux dans le premier site olympique transfrontalier de l’histoire. “Ce qui se passe ici est exceptionnel”, se félicite Joël Pagnier, père de la championne et responsable du tremplin des Tuffes.

Une histoire de famille

L’histoire est belle pour Joséphine Pagnier, qui avait marqué son premier point de Coupe du monde il y a un an sur ce même tremplin, pour sa première participation à une compétition parmi l’élite. “Voir tout ce public s’enflammer, c’est énorme, s’est-elle exclamée après avoir reçu sa mascotte en peluche lors de la “Venue Ceremony”. Je ne m’attendais pas du tout à ça.” Parmi le public, venu en nombre notamment de Chaux-Neuve, sa famille a donc fait du bruit pour la soutenir. Il faut dire que le saut à ski, Joséphine Pagnier l’a dans le sang.

“C’est une affaire de famille, on a mis les pieds dedans depuis tout petit, confirme son frère Clovis (15 ans), qui officiait comme ouvreur ce dimanche. Nous avons aussi un grand frère de 20 ans, qui a dû arrêter à la suite d’une blessure à une épaule consécutive à une chute il y a 5 ans. Mais cela ne nous a absolument pas découragé.” Souvent exilée à Courchevel, où elle s’entraîne majoritairement, Joséphine Pagnier a donc fait vibré ses proches ce dimanche. “Ma fille, je l’ai eu 5-6 ans à l’entraînement pour lui faire faire ses premier sauts”, se rappelle Joël Pagnier, qui a versé quelques larmes sous le coup de l’émotion en se rappelant ces moments.

Avoir des Jeux olympiques à domicile, le rêve pour Joséphine Pagnier. (Maeva Pellet/SkiActu)

“Les Jeux, c’est fait pour s’amuser”

“J’étais là surtout pour emmagasiner de l’expérience, a expliqué la très souriante championne de Chaux-Neuve, à quelques dizaine de kilomètres du tremplin des Tuffes. J’ai vécu beaucoup de situations différentes pendant et avant mes deux sauts et c’est que du bénéfice pour la suite.” La Jurassienne a dû largement patienter avant de pouvoir s’élancer à chacune de ses tentatives à cause des conditions changeantes: “Ce n’est pas simple, mais on s’y attend toujours, ça fait partie de notre sport et on y est préparé. En plus, il ne faut pas oublier qu’on est aux Jeux et que les Jeux, c’est fait pour s’amuser.” Simplement.

“Ça donne envie de voir les vrais Jeux olympiques un jour, oui”, avoue encpre Joséphine Pagnier, qui a désormais tout pour briller au plus haut niveau. On prend le pari qu’elle sera l’une des athlètes à surveiller dans deux ans, aux Jeux olympiques de Pékin.

Laurent Morel, Les Tuffes