Durant sa carrière, Johan Clarey a passablement galéré. Entre blessures – il a été opéré une dizaine fois des deux genoux -, places d’honneur et surtout le décès de son coéquipier et ami David Poisson l’an dernier, la vie du Français sur le Cirque blanc n’a jamais été un long fleuve tranquille. Mais le skieur de Tignes s’est accroché et sa persévérance a fini par payer. A 38 ans, il remporte la médaille d’argent du super-G des Mondiaux de Are et devient le plus vieux médaillé dans un Championnat du monde.

Johan Clarey, vous voici vice-champion du monde de super-G, quand avez-vous réalisé?

Ca a mis du temps à se mettre en place, je l’avoue. Surtout qu’entre les dossards 20 et 30, le soleil s’est levé et il y avait encore des bons skieurs. Même maintenant, j’ai de la peine à réaliser. Mais s’il y avait bien une année où je pouvais faire quelque chose c’était celle-ci. Et quand je repense qu’au début de saison je m’élançais avec des dossards proches du 60 en super-G, tout a été très vite.

Vous attendiez-vous à remporter cette médaille?

Non, on s’y attend jamais véritablement. Mais j’avais des espoirs, davantage en super-G qu’en descente. Je figurais parmi les outsiders, cependant je n’avais fait qu’un podium dans cette discipline jusqu’ici (ndlr: il y a dix jours à Kitzbühel). Je suis surtout content d’être parvenu à sortir mon ski le jour-J car je suis souvent passé au travers des grands rendez-vous par le passé.

Cette performance récompense votre carrière et votre longévité.

C’est superbe, car je n’ai pas eu une carrière facile. Je me suis beaucoup blessé, on m’a annulé une course à val Gardena que j’avais gagnée. J’ai une collection de places d’honneur en Coupe du monde (ndlr: 18 top 5 pour seulement 5 podiums). Cela prouve qu’il faut s’accrocher. Et si je ne skie pas uniquement pour les médailles, je me dis que j’ai pas fait tout cela pour rien.

Et vous êtes devenu le plus vieux médaillé…

Dans ma tête, je n’ai pas 38 ans, mais 25. Je suis tout frais (rires). Après, cela ne change pas grand-chose, on m’appelle déjà “papy” tous les jours. Mais en tout cas, cela me motive à continuer. Je fonctionne ainsi depuis trois ou quatre ans: je fais le bilan en fin d’hiver et je regarde si j’ai toujours l’envie. C’est vrai que j’ai pensé arrêter dans le passé avec les blessures et les moments de lassitude. Mais après, je vis de ma passion et tant que j’aime ce que je fais, je continuerai.

On imagine que vous avez eu une pensée aujourd’hui pour David Poisson et sa famille.

J’ai pensé à David et sa maman Jeanette immédiatement. Elle était venue me voir à Kitzbühel, on la voit régulièrement d’ailleurs. J’espère que cette médaille mettra un peu de baume au coeur de toute la famille. Vous savez, David, je l’ai toujours considéré comme mon frère. C’est presque irréel, mais j’ai parfois le sentiment de ne pas skier tout seul. Il y a quelque chose de mystique.

Johan Tachet, Are