C’est presque sans le vouloir que Janine Schmitt a remporté le classement général de la Coupe d’Europe l’an dernier. Cet hiver, la sympathique Saint-Galloise a l’occasion de rivaliser avec l’élite du ski alpin sur le Cirque blanc. Rencontre.
Dès sa deuxième course en Coupe du monde il y a deux ans, elle a marqué des points. La saison dernière, elle a aligné de solides résultats en Coupe d’Europe, surtout en super-G où elle n’a jamais terminé en dehors du top 10, pour finalement remporter le classement général et celui de la discipline. Cet hiver, Janine Schmitt a donc droit à tous les départs qu’elle désire sur parmi l’élite. Et pourtant, ce n’est pas quelque chose qu’elle a cherché à obtenir à tout prix.
« Je suis tombée dans le ski un peu par hasard, » avoue en rigolant la native de Wangs. « Je n’ai jamais voulu devenir skieuse quand j’étais petite. C’est juste ce qui est arrivé. » C’est à deux pas de chez elle sur le Pizol, entre Saint-Gall et les Grisons, qu’elle a fait ses premiers virages à l’âge de trois ans. Ses parents occupaient un appartement dans la station et elle y a rejoint le ski club local. Mais c’est surtout l’ambiance et l’accueil chaleureux qu’elle a apprécié. « Je suis la seule à encore faire de la compétition, ce qui est assez drôle parce que d’autres le voulaient certainement plus que moi. Mais je suis toujours allée à l’entraînement parce que l’environnement était vraiment cool. »
Un résultat surprise
Aux côtés notamment de Malorie Blanc, Delphine Darbellay, Delia Durrer ou Stefanie Grob, Janine Schmitt fait maintenant partie d’une solide équipe de jeunes Suissesses. Mais la skieuse de 24 ans, qui a fréquenté le gymnase sportif de Davos et passé quatre ans au centre national de performance avant d’intégrer la structure nationale, insiste: « Je n’ai jamais été une grande championne. » Elle a juste suivi son petit bonhomme de chemin, un pas après l’autre.
Même son succès l’hiver dernier n’était pas vraiment prévu, ni même envisagé. « Mon but était de terminer dans le top 3 dans une discipline de vitesse pour me garantir un ticket en Coupe du monde. Je ne pensais pas que cela finirait comme ça! »
Janine Schmitt a les pieds fermement sur terre. À Sölden pour l’ouverture de la saison, elle a sereinement géré le tourbillon qui entoure le Cirque blanc, un environnement bien différent de la Coupe d’Europe où peu de spectateurs assistent aux courses. Mais en fait, s’élancer parmi l’élite représente-t-il une pression ou une motivation supplémentaire? « On peut voir ça des deux façons, mais si on voit cela comme une motivation, ça apporte certainement plus », a-t-elle lancé en rigolant.
Un nouveau chapitre et des nouveaux skis
Passer de la Coupe d’Europe à la Coupe du monde n’est jamais évident. Mais Janine Schmitt s’est pourtant alourdie la tâche en changeant d’équipementier à la fin de la saison dernière. Après de nombreuses années avec Stöckli, elle a rejoint la marque autrichienne Kästle, où elle a retrouvé notamment Jasmine Flury et Priska Ming-Nufer. Un pari risqué alors qu’elle devait déjà gérer tant d’autres changements cet hiver, pourrait-on croire. Mais pas selon elle.
« On a juste eu cette idée d’essayer quelque chose de neuf. J’ai testé les skis Kästle en avril et je me suis tout de suite sentie très à l’aise. » Cette spécialiste de vitesse ne se pose pas trop de questions et prend les choses comme elles viennent, mais elle sait aussi exactement ce qu’il lui faut. « C’est un challenge d’essayer quelque chose de neuf, mais c’est à l’entraînement qu’on pose nos bases », a-t-elle assuré. « Après, ça ne fait pas de différence si on prend le départ en Coupe du monde avec d’autres skis ou pas. »
Une autre nouveauté cette année a été le stage d’entraînement à Ushuaïa en août avec l’équipe helvétique. Un changement de décor bienvenu pour la Saint-Galloise qui s’est régalée à s’essayer sur des pistes plus variées et plus difficiles que les glaciers suisses qu’elle connaît trop bien.
Déjà sur le podium dans trois disciplines
Tant de changements, et pourtant tout reste pareil. Avec ses nouveaux skis aux pieds, Janine Schmitt assure déjà en ce début de saison. À Sölden, le jour de son 24e anniversaire, elle n’a pu se qualifier pour la deuxième manche du géant. Mais elle a immédiatement rebondi en Coupe d’Europe. Avec quatre podiums dans trois disciplines, elle est de nouveau confortablement installée en tête du classement général de l’antichambre de la Coupe du monde. Et sa prochaine chance de se mesurer aux meilleures skieuses de la planète se profile ce week-end à Saint-Moritz.

En Coupe d’Europe tout comme au niveau supérieur, la skieuse polyvalente compte s’aligner cet hiver en descente, en super-G et en géant comme les deux dernières saisons. « Je vais essayer de disputer trois disciplines au départ et ensuite on verra », dit-elle.
Ayant déjà signé une 26e place en descente à Cortina d’Ampezzo en janvier 2023, l’objectif cette saison est évidemment un nouveau top 30 sur le Cirque blanc. Mais « le plus important c’est que je continue à avoir du plaisir avec mon ski, parce que c’est ça qui m’a amené là où je suis. » Une stratégie toute simple pour sa première vraie saison en Coupe du monde. « Cela a bien marché jusqu’à présent, alors je vais essayer de continuer sur cette voie. »
Sim Sim Wissgott/LMO, de retour de Sölden