A l’arrière plan ses huit grands Globes de cristal. Lui est assis tranquillement sur sa chaise, vêtu d’un t-shirt blanc sans l’ombre d’un sponsor et le sourire aux lèvres. Marcel Hirscher n’a pas laissé planer le suspense longtemps pour prononcer la phrase que beaucoup attendaient et redoutaient: “Je le fait court et sans douleur: ce jour est celui où je mets un terme à ma carrière.” C’était ce mercredi soir lors d’une conférence de presse dans sa ville de Salzbourg, en prime time et en direct sur la télévision nationale autrichienne dans un show à la hauteur de la carrière qu’il a menée. “Je suis soulagé car toutes ces années ont été très éprouvantes. Petit à petit, toute la tension accumulée est en train de s’apaiser.”

L’Autrichien a confié que sa décision a été prise il y a deux semaines. “Avant cela, j’ai au moins changé 10’000 fois d’avis. Le ski, c’était toute ma vie.” Le champion réfléchissait depuis plusieurs saisons à ranger les skis. “Mais cet été, je me suis rendu compte que je n’étais plus prêt à payer le prix de tous les efforts et les sacrifices à consentir. J’étais incapable de recharger mes batteries”, a poursuivi Marcel Hirscher qui souhaitait prendre sa retraite au sommet de sa carrière. “J’ai toujours voulu stopper tant que je gagnais encore. En 2013 déjà je songeais à m’arrêter car je ne pensais pas que j’étais encore capable de m’améliorer.”

“J’aurais pu davantage célébrer mes succès”

Bien lui en a pris, puisque aujourd’hui, à tout juste 30 ans, Marcel Hirscher peut se targuer d’être le meilleur skieur de l’histoire. Certes, avec ses 67 succès sur le Cirque blanc, il n’ira jamais chercher le record de 86 victoires d’Ingemar Stenmark, qu’il aurait pu obtenir en prolongeant “le plaisir” pour deux saisons. Toujours est-il que le palmarès du skieur de Salzbourg parle pour lui: 20 Globes de cristal, dont huit gros glanés lors des huit dernières saisons – un record -, 3 médailles d’or olympiques et 5 titres mondiaux, parmi tant d’autres distinctions. “Je peux le dire: je suis fier de ce que j’ai accompli. Si je devais refaire les choses, je le ferais de la même manière. Peut-être que j’aurais davantage dû célébrer mes succès, mais si cela avait été le cas, je n’aurais pas été aussi rapide durant toutes ces années”, a poursuivi Marcel Hirscher qui garde notamment en mémoire sa première médaille mondiale en 2013 à Schladming devant son public. “Un immense moment d’émotion.”

A l’image de Roger Federer, Marcel Hirscher a suscité énormément d’attentes auprès du public au fur et à mesure que s’enchaînaient les victoires: “Mais je ne peux blâmer personne. Moi-même, je me mettais beaucoup de pression. Lorsque je terminais 2e ou 3e, j’avais le sentiment d’avoir perdu.” Le jeune papa se réjouit désormais de pouvoir choisir ses jours de ski. “Et aussi de faire du football avec mon fils et de pratiquer le motocross.” Pour le reste, son avenir immédiat est toujours flou.

Qu’importe, le champion autrichien mérite de souffler. Et d’enfin savourer tous ses titres.

Johan Tachet