Champion olympique de halfpipe à Nagano, Gian Simmen, ride encore régulièrement mais laisse aux jeunes le soin de faire les tricks les plus impressionnants. De son côté, il prend encore passablement de plaisir sur sa planche mais également derrière le micro. Le Grison de 40 ans est en effet consultant pour la télévision alémanique lors des épreuves de snowboard.

Qui voyez-vous comme favoris pour les Jeux olympiques?

Shaun (White), Ayumu (Hirano) et Ben (Ferguson).

Pas Scotty James?

Si, bien sûr, mais je pense que s’il est dans un bon jour, Ben peut gagner. Il est un petit peu comme Pat (Burgener). Il est créatif, il ride différemment des autres. Pour moi, ça lui donne plus de chances que Scotty, à qui il manque cette part d’originalité qui peut faire la petite différence.

Et Pat Burgener?

Il a de bonnes chances de réussir quelque chose, oui. Sa force, c’est sa créativité, il ne fait pas comme tout le monde.

Va-t-on assister au plus beau concours de halfpipe de l’histoire?

Oui, c’est bien possible. Les Jeux olympiques, c’est toujours l’épreuve la plus importante. Cependant, les pipes n’étaient pas très bons à Vancouver et à Sotchi mais en Corée, il est formidable. Le freestyle est très important en Asie. Tout est prêt pour une bonne finale. Je pense que ça va être un grand moment des Jeux olympiques. Le niveau sera très élevé.

Si vous refaisiez aujourd’hui votre run de 1998, qu’est ce que ça donnerait?

Ce serait nul! Switzerland: 0 point (rires).

Comment analysez-vous l’évolution du halfpipe depuis votre titre il y a 20 ans à Nagano?

On était au début à ce moment. A l’époque, on comptait 10 pieds pour une halfpipe, désormais on en est à 22. C’est devenu la norme. Le pipe étant plus grand, on a plus de temps pour faire les figures.

Les athlètes ont-ils également changé?

Oui, ils sont bien meilleurs physiquement. Ils font beaucoup de trampoline, utilisent des airbags, effectuent beaucoup de gymnastique, d’acrobaties. Il faut également être prêt dans la tête et avoir le meilleur service pour le matériel. C’est des choses sur lesquelles tu dois insister pour être le meilleur. Iouri (ndlr: Podladtchikov), Pat (Burgener) et Shaun (White) sont tous très bons dans ces domaines. C’est primordial par exemple d’être en quelque sorte gymnaste pour réussir le double cork 1440. En 1998, si t’avais le talent c’était suffisant pour être performant. On préparait nous même nos planches. Aujourd’hui, sans entourage, ça ne marche pas.

La discipline peut-elle encore beaucoup changer dans les prochaines années ou a-t-on atteint les limites?

On avait déjà dit qu’on a atteint le maximum de ce qui était possible, mais je crois que ce n’est jamais le cas. Une fois, quelqu’un va faire un nouveau trick sans style et le suivant le refera mieux, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le style soit très bon.

Et avoir des pipes plus grands?

Le problème, c’est que si t’as des pipes plus grands, il faut ensuite aller plus vite et je ne suis pas sûr que c’est la solution pour réussir des meilleures figures.

Il y a quelques années, faire la fête avant les compétitions était quelque chose qui existait. Est-ce devenu plus compliqué désormais?

On peut la faire après la compétition, mais pas avant, ça ne marche pas. Le niveau est devenu fou. On doit être prêt à pouvoir faire des figures incroyables. Ça n’arrête pas de s’améliorer.

Laurent Morel