Le Norvégien a créé la sensation dimanche en décrochant sa première victoire en Coupe du monde lors du super-G de Bormio. À 24 ans, il est déjà une des stars d’une excellente jeune équipe norvégienne. Rencontre.

« Je commence lentement à trouver mes repères en Coupe du monde ». Ainsi s’exprimait Fredrik Møller il y a encore une semaine à Alta Badia, ayant déjà enflammé le Cirque blanc avec des tours de force en super-G à Beaver Creek et Val Gardena. De l’humour norvégien? À Bormio dimanche, le skieur de 24 ans a bluffé tout le monde en grimpant sur la plus haute marche du podium, laissant bon nombre de champions derrière lui.

La confirmation pour le natif d’Oppdal après avoir bataillé pendant des années pour égaler le niveau élevé de ses collègues dans l’équipe des Vikings. Cet hiver, la forme est là. La preuve: une 4e place à Beaver Creek et de nouveau à Val Gardena dans sa deuxième saison de Coupe du monde.

« J’ai fait des excellents entraînements cet hiver, ce qui a aidé avec la confiance », nous explique-t-il. « Je savais que j’étais à un bon niveau quand je suis arrivé aux États-Unis et j’ai pu juste skier comme je sais le faire. C’était plus que suffisant. » L’effacement vient tout naturellement au Norvégien: très peu pour lui, les grandes déclarations sur ses ambitions.

Une première saison difficile

Ce n’est pas comme si le jeune skieur a réalisé une piètre première saison parmi l’élite. Dès ses premières courses l’an dernier, il marque des points. « Mais c’est vraiment difficile de répéter ce genre de performance encore et encore parce qu’il faut vraiment skier du mieux qu’on peut, et les pistes et les conditions sont difficiles. Donc cela a été un challenge, c’est sûr. »

Après un début prometteur, ses résultats baissent en seconde moitié de saison et il ne dépasse jamais la 21e place. Mais il rebondit cet hiver en mettant plus l’accent sur la vitesse, avec le succès qu’on sait. « C’est déjà la meilleure saison de ma carrière », se réjouit-il avant même de décrocher sa première victoire.

Sa plus grande faiblesse

Auto-critique, Fredrik Møller insiste que « la vitesse pure et brute dans les virages me manque encore. Et le côté mental est probablement ma plus grande faiblesse: de vraiment m’engager et aller à fond, peu importe les sensations. »

Son parcours idéal? « Quand je peux juste y aller au feeling, alors je suis vraiment bon. Quand je peux être propre et juste glisser en bas de la piste alors c’est super facile pour moi. » Il l’a démontré sur la Stelvio dimanche avec une performance tout en fluidité, super solide, propre, sans fautes.

L’avantage norvégien

Faire partie d’une équipe norvégienne très jeune et très performante a certainement été un atout. « Je skie avec eux depuis toute ma vie, franchement c’est emmerdant! », lâche-t-il en riant, avant de reprendre son sérieux. « Quand j’ai commencé dans les courses FIS, j’étais tellement loin derrière. Et tu te dis ‘merde, c’est impossible d’être aussi bon qu’eux!’ Et puis tu continues à t’entraîner et lentement tu t’améliores, encore et encore. Et soudain, tu te retrouves parmi eux, à skier aussi vite qu’eux. »

« Maintenant, je commence à réaliser que je peux aussi finir tout devant, ce qui est cool. Si tu es le plus rapide à l’entraînement, tu sais que tu as beaucoup de vitesse et c’est très positif de savoir ça. »

Rien n’est gratuit

À l’entraînement, chaque skieur de l’équipe doit déjà se mesurer avec des collègues capables de finir sur le podium. « Aucun entraînement, aucun chrono n’est gratuit, il y a toujours quelqu’un pour te pousser. C’est dur, mais ça nous rend meilleurs, parce que tu sais que tu dois vraiment donner ton meilleur à l’entraînement pour faire partie du groupe », affirme Fredrik Møller.

Le niveau élevé chez les Attacking Vikings ne crée pas juste une grosse compétition entre les skieurs: elle aide aussi à ôter la pression les jours de courses. « Si quelqu’un a un mauvais jour, quelqu’un d’autre va avoir un bon. Chaque course est une chance pour chacun d’entre nous », raconte-t-il. « On partage tout, on n’a pas de secrets… du moins en ce qui concerne le ski », ajoute-t-il en riant.

Le départ dans trois disciplines

Jusqu’à présent, Fredrik Møller s’est distingué en super-G, tout en signant aussi son meilleur résultat en descente avec une 20e place à Bormio. Mais pas question d’abandonner le géant, même s’il ne compte que deux 2es manches en 13 courses sur le Cirque blanc. « Je crois que j’ai encore des choses à montrer que je montre déjà à l’entraînement », assure le skieur, dont les seuls podiums en Coupe d’Europe (deux victoires et une 3e place) étaient d’ailleurs entre les portes serrées. « Je peux me trouver en difficulté soudain en vitesse et alors ce sera bon d’avoir une autre discipline. »

À Alta Badia, un podium en Coupe du monde était encore un rêve lointain. « Je continuerai de faire de mon mieux et on verra ce que je peux accomplir », s’est contenté de dire le Norvégien. Une semaine plus tard, on a la réponse. Fredrik Møller peut carrément finir tout devant.

Sim Sim Wissgott, de retour de La Villa