Mercredi, Swiss Olympic a présenté son étude de faisabilité pour l’organisation de Jeux olympiques d’hiver en 2030, voire 2034 ou 2038. Un projet national réparti sur les quatre régions linguistiques, se voulant naturellement durable en utilisant des sites déjà existants pour un budget évalué à 1,5 millard de francs, qui soit être totalement compensé par les recettes de ces Jeux. Tous les signaux sont au vert pour la Suisse qui sera toutefois opposée à deux redoutables adversaires devant la commission du futur hôte des Jeux du CIO.

Si 2034 semble promis aux États-Unis et à Salt Lake City (“ce dont je ne suis par ailleurs pas du tout certain”, a confié Urs Lehmann, membre du comité suisse de pilotage), pour 2030 la Suède et la France proposent de sérieux arguments. “Je ne sais pas qui va gagner, mais ce sont trois bonnes candidatures”, a lancé l’Américain Max Cobb, vice-président de la fédération internationale de biathlon (IBU) et membre reconnu du CIO, au quotidien L’Équipe.

Une première pour la Suède, soutenue par sa population?

La Suède a été la première à sortir du bois au début de l’été, non sans avoir évoqué le projet depuis plusieurs années, étant d’ailleurs battue de peu par l’Italie pour 2026. La pays scandinave, après 8 tentatives avortées, espère organiser pour la première fois les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver sur son sol. Après 4 mois d’études de faisabilité, le comité olympique suédois a présenté les contours d’un projet qui veut mettre sur pied les Jeux les plus durables de l’histoire. “Nous souhaitons établir une nouvelle norme pour l’avenir en termes d’écologie, d’aspects sociaux et d’économie”, a expliqué Thomas Johansson, conseiller principal au ministère suédois de la santé et des affaires sociales, selon le site spécialisé Insidethegames. Le projet suédois, comme le suisse, a l’avantage de s’appuyer sur le soutien populaire puisque 70% des Suédois, sondés dans une enquête, sont favorables à ces Jeux, pour autant qu’ils soient durables, démocratiques et rentables.

Comme pour la Suisse, la Suède proposerait plusieurs sites de compétitions. Les sports de glace devraient avoir lieu à Stockholm, les épreuves nordiques à Falun et celles de glisse entre Åre et Östersund. Certains estiment que les longues distances séparant la capitale aux stations du centre de la Suède pourraient être une épine dans le soulier de ski de la candidature. Toujours est-il qu’Östersund est accessible en cinq heures de train depuis Stockholm. À titre de comparaison, comptez plus de 7 heures de train pour relier Milan et Cortina, les hôtes des Jeux de 2026, et 5 heures en voiture au minimum.

Il resterait encore à définir où se dérouleraient les compétitions de bobsleigh, de luge et de skeleton qui devraient être délocalisées de l’autre côté de la Mer baltique, à Sigulda, en Lettonie. Pour le moment, aucun budget n’a été avancé. Celui-ci devrait être dévoilé dans les prochains jours à l’issue de la conclusion d’une seconde étude approfondie.

Les politiques derrière la candidature française

La candidature française repose sur deux régions: Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. À l’instar des deux autres candidats aux JO 2030, c’est évidemment l’écologie qui est au centre des préoccupations. “Nous voulons des Jeux respectueux des équilibres, des Jeux qui favorisent les transitions dans le monde de la montagne, des Jeux économes et des Jeux populaires”, a clamé le président du comité national olympique et sportif français David Lappartient au moment d’officialiser la candidature.

Une candidature qui possède le soutien des pouvoirs publics des régions en question par l’intermédiaire de leur président Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, mais également à la tête de l’État, puisque le gouvernement et son président Emmanuel Macron ont assuré être derrière celle-ci. Ce soutien sans faille et la garantie financière des plus hautes sphères de l’État est peut-être le point fort du projet, ont d’ailleurs concédé les dirigeants de Swiss Olympic, qui doivent eux prendre leur mal en patience au niveau politique. La France entend également surfer sur la vague des Jeux d’été de Paris 2024 et profiter de l’expérience engrangée.

Les sites seraient partagés entre le Sud du pays, qui accueilleraient les sports de glaces, alors que les compétitions de neige auraient comme objectif d’utiliser les infrastructures existantes qui ont notamment déjà servies pour les Jeux olympiques d’Alberville en 1992. Là aussi se pose la problématique du patinage de vitesse. Le CNOSF a déjà lancé des discussions avec ses homologues néerlandais et allemands.

Premières décisions du CIO attendues fin novembre

Les trois projets ont désormais jusqu’au 7 novembre pour déposer un dossier actualisé auprès du CIO. La commission en charge de l’attribution va ensuite ensuite se renseigner d’ici la fin de ce même mois de novembre, puis décider de poursuivre le dialogue avec un ou plusieurs candidats. À noter que cette commission en charge du futur hôte présentera ses conclusions à la commission exécutive du CIO avant d’entamer une phase de dialogue ciblée.

Alors que les trois candidatures semblent sur un pied d’égalité en ce moment, avec leurs avantages et leur défauts, elles devraient sauf retournement de situation être les seules à être examinées. Selon des indiscrétions, Salt Lake City se concentre sur 2034 (2030 étant trop proche de Los Angeles 2028), tandis que Sapporo devrait renoncer après les critiques émises à l’encontre de Tokyo 2020. Un temps envisagées, des candidatures canadiennes, hispano-andorannes ou kazakhstanaises ne devraient pas voir le jour.

La validation de l’hôte pour 2030 et 2034 doit intervenir l’été prochain lors de l’une des prochaines sessions du CIO. Reste à définir si celle-ci aura lieu à Paris, avant les Jeux olympiques d’été ou non, puisque le choix ne peut avoir lieu dans un pays candidat.

Johan Tachet/LMO