Il n’est pas passé loin de se qualifier pour une première demi-finale en Coupe du monde. Quatrième de sa série ultra relevée en quarts, Erwan Käser manque le coche pour moins de deux secondes. Mais le fondeur de Bex se contente volontiers de sa 20e place lors du sprint classique des Rousses. Ce n’est que la cinquième fois de sa carrière que le Chablaisien réussit pareille performance en Coupe du monde. Un résultat qui lui permet également d’assurer son visa pour les Championnats du monde de Planica fin février. Interview.
Erwan Käser, vous prenez une belle 20e place lors de ce sprint. Un résultat qui doit pleinement vous satisfaire?
Oui, c’était un gros objectif aujourd’hui, c’était la dernière classique avant les Mondiaux. Il fallait cartonner, être présent. On n’a pas connu une semaine facile, on a eu des soucis de fartage. C’est une neige très bizarre, car dessous on a de la neige à canon et il a neigé dessus. Mais avec la bise, elle a été soufflée. Du coup, les appuis étaient fuyants et c’était difficile à skier.
Pourtant, vous êtes passé à la raclette en prenant la 30e et dernière place des qualifications.
Apparemment, c’est un peu mon niveau en classique en ce moment. A Beitostølen, je finis 30e également. Mais on voit que chez les hommes, c’est très serré. Chaque poussée compte, ça se joue à tellement rien. Je suis 30e à 7 secondes de la première place, je ne suis qu’à une seconde de la 15e. il faut le voir positivement. Il faut se battre jusqu’à la ligne d’arrivée et je pense que c’est ce qui me manquait en début de saison, de me faire vraiment mal. Après plusieurs courses, j’ai pris à nouveau le goût à serrer les dents.
Vous avez eu l’occasion de skier dans une série des plus relevées en quarts avec notamment le patron Johannes Hosfløt Klaebo. C’est l’opportunité également de progresser et de vous situer face aux références de votre discipline.
C’est sûr, ça fait plaisir. Mais cela reste notre objectif de pouvoir battre les meilleurs athlètes. Ce qui est un peu frustrant en sprint, on passe à une ou deux secondes des meilleurs en série, à une ou deux secondes de franchir un tour. Mais c’est aussi la beauté de se dire qu’il faut crocher jusqu’au bout.
Vous disputez une Coupe du monde pour la première fois aux Rousses, à côté de la Suisse. C’est spécial?
Oui, j’y habite à une heure et quart. Quand je vais à Davos, c’est trois heures de route. Du coup, est-ce que je suis plus à la maison ici qu’à Davos? Je ne le pense quand même pas. Notre coach (ndlr: François Faivre) habite ici à Prémanon et ça lui tenait à cœur que l’on fasse un résultat aujourd’hui. On vient souvent s’entraîner en tant que privé ici lorsque l’on peut aller sur la piste de ski à roulettes. C’est pratique, il n’y a pas de voiture, pas de gamin qui sort derrière une voiture. C’est vraiment la classe.
Vous qui disputez des courses tous les week-ends, l’ambiance ici semble bien meilleure que sur les autres étapes de la Coupe du monde?
Là franchement, c’est trop cool d’avoir autant de monde au bord de la piste. C’est la première fois cette saison que l’on a autant de gens, même lorsque l’on va en Norvège. A Lillehammer, il n’y avait que 50 pellets au bord de la piste. La FIS devrait s’inspirer de ce genre d’événements, car ne pas venir tout le temps aux mêmes endroits chaque année, les gens se disent: «Allons voir la course».
A mi-saison, quel bilan tirez-vous de votre hiver?
Je suis mitigé, même si je suis plutôt satisfait. En six sprints, je me classe trois fois dans le top 30, c’est bien stable. Mais passer à côté des étapes de Davos et Val Müstair, à la maison, cela m’a fait un peu mal. Je me suis posé pas mal de questions après Nouvel An. Ce n’était pas une période facile. Il a fallu s’entraîner à nouveau, passer par la Coupe d’Europe, et ça n’allait pas non plus. Mais après, j’étais content d’aller à Livigno, dans une station que j’aime particulièrement, et cela m’a fait du bien au moral.
Vous avez obtenu votre qualification pour les Mondiaux de Planica qui débuteront fin février. Quel sera votre programme d’ici là?
La sélection sera dévoilée la semaine prochaine normalement. Si tout va bien, j’y serai (ndlr: Erwan Käser devait faire deux top 25 dont un en classique, critère qu’il a rempli). On ira la semaine prochaine pour un sprint à Toblach (ITA) en skating et après ce sera une préparation en altitude à Lavazè, c’est un petit col au-dessus de Val di Fiemme. Cela nous imprègne également pour la préparation des JO 2026 où on aura notre camp de base pour les prochaines saisons.
C’est la première saison où vous skiez sans votre cousin Jovian Hediger qui a pris sa retraite. Comment cela se passe?
Je disais à ma femme juste après Val Müstair lorsque j’étais dans un «bad mood» qu’il me manquait. Justement, dans ce genre de situations, on arrivait les deux à prendre le truc un peu plus tranquille. On se remontait le moral. Il me manquait pour cela. Mais un bon coup de téléphone, ça passe. Heureusement qu’il a un dossard de journaliste maintenant et on le croise toujours sur les pistes.
Johan Tachet/LMO, Les Rousses