Adelboden ne se montre pas aussi généreuse avec ses slalomeurs suisses qu’avec ses géantistes. Encore une fois, le slalom de la station oberlandaise n’a pas souri aux skieurs helvétiques. En 22 éditions de la compétition, seuls Marc Berthod et Daniel Yule, vainqueurs en 2007 et 2020, ont réussi à monter sur le podium. La Chuenisbärgli est-elle le plus souvent maudite pour nos slalomeurs? « Ça se joue souvent à rien, à des petits détails », remarque Loïc Meillard, qui avait notamment manqué la boîte pour un tout petit centième l’hiver dernier.

Ce brin de réussite fuit les troupes de Matteo Joris. Ce dimanche, elles ont réalisé un énorme résultat d’ensemble avec cinq athlètes dans le top 15. Mais il manque 0″21 à Marc Rochat, 5e et meilleur slalomeur en ce jour, pour briguer une place sur le podium. Il n’y a toutefois rien à reprocher à ces athlètes qui ont tout essayé. Le Vaudois avait « vu l’ouverture » pour s’engouffrer dans la brèche. Il a attaqué et se contente volontiers de réaliser son deuxième meilleur résultat en Coupe du monde. « Il n’a pas manqué grand-chose pour le podium mais je ne vais pas me plaindre. J’ai fait une grosse course dans des conditions difficiles. »

Un début de saison « en-deça des attentes » pour Daniel Yule et Ramon Zenhäusern

Derrière, son pote Luca Aerni se classe 8e après avoir commis une grosse erreur à l’entrée du mur en première manche. « Je suis confiant quand je prends les départs. Je me sens bien quand je m’élance », savourait le skieur de Crans-Montana qui retrouve une seconde jeunesse et cela se ressent sur les skis. « Je dois réussir maintenant deux manches complètes pour être tout devant. »

Changement de paradigme à Adelboden, puisque les trois leaders habituels, Daniel Yule (10e), Ramon Zenhäusern (12e) et Loïc Meillard (14e) sont légèrement en retrait par rapport à leurs coéquipiers qu’ils avaient l’habitude de regarder d’en haut ces derniers hivers. « Cela fait des années que l’on sait que Marc (Rochat) et Luca (Aerni), qui a déjà un podium en Coupe du monde et un titre mondial en combiné, savent skier. Ce n’est pas nouveau. Mais cela prouve surtout que l’on a une équipe dense et performante en slalom », assure Daniel Yule. Toutefois, le skieur du val Ferret l’avoue, il n’a « pas encore obtenu » les résultats qu’il espérait en ce début de saison malgré sa 5e place à Gurgl.

Même discours pour Ramon Zenhäusern, qui avait terminé sur le podium final de la discipline l’hiver dernier. « Ce début de saison est en-dessous de mes attentes, j’attendais mieux au niveau des résultats », reconnaît le longiligne skieur haut-valaisan qui a signé sa meilleure performance de l’hiver à Adelboden. « Mais je ne m’inquiète pas. Aujourd’hui, sans une grosse faute je suis dans le coup. Mais je préfère risquer que d’arriver en bas sans avoir tout essayé. »

Pas d’inquiétude dans le clan suisse en attendant Wengen

Au moment où les Autrichiens régalent dans la discipline depuis le début de la saison (3 victoires pour 6 podiums en trois courses), les slalomeurs suisses, qui étaient montés à 8 reprises sur le podium l’hiver passé et 31 fois ces six dernières saisons, sont toujours sevrés de top 3. Faut-il s’inquiéter après trois courses? « Non », assure Daniel Yule. « Henrik Kristoffersen, non plus, n’y est pas parvenu encore. Tout se joue sur des détails », explique-t-il en faisant référence aux cinquante podiums en Coupe du monde de slalom du Norvégien, ainsi qu’aux 0″05 qui lui ont manqué à Gurgl et aux 0″08 de débours de Loïc Meillard à Madonna di Campiglio. « Les résultats et le ski sont là, il ne manque que le dernier brin de chance. »

Pour Ramon Zenhäusern, il existe toutefois désormais « un peu d’impatience ». « C’est vrai que l’on avait l’habitude de monter sur les podiums. Cela démontre le niveau de la compétition. Mais nous n’avons pas pour autant de la pression pour les prochaines courses. » Leur entraîneur Matteo Joris reste totalement confiant. « Franchement, les gars skient très très bien, même mieux que lors de la saison dernière. »

Il y a deux hivers, les spécialistes des virages courts helvétiques avaient dû attendre le slalom de Wengen, et la 2e place de Daniel Yule, pour goûter une première fois aux joies du podium. Ça tombe bien, le prochain slalom c’est dans une semaine dans la station au pied de la Jungfrau.

Johan Tachet, Adelboden