Les attentes de son entourage n’étaient pas forcément très élevées, les siennes beaucoup plus. Avant le slalom de Val d’Isère, Daniel Yule cristallisait une bonne partie de l’attention du public suisse. Car s’il est probablement le meilleur spécialiste helvétique de ces dernières années, le skieur de La Fouly peinait à se distinguer à l’entraînement. Régulièrement, Loïc Meillard, son nouveau collègue d’entraînement, le reléguait à plusieurs dixièmes, voire secondes à l’entraînement. Aligné en course FIS le 26 novembre dernier à Levi (FIN), Daniel Yule était certes monté sur le podium, mais avait été repoussé à 1″44 par le vainqueur norvégien Aleksander Steen Olsen, suivi d’un souffle par son compatriote Timon Haugan.

De quoi s’inquiéter? Que nenni! “J’espère une nouvelle fois pouvoir me transcender le jour de la course, rigolait le Valaisan, paisiblement assis au coin du feu à deux jours de son entrée en lice en Coupe du monde. Avec un dossard sur le dos, c’est bien différent de l’entraînement.” Son souhait a une nouvelle fois été exaucé. Si Daniel Yule a échoué au 7e rang, il termine à moins de 4 dixièmes du podium. “Ça fait effectivement plaisir de réussir une telle course après avoir pris des claques tout l’été, confirme-t-il. Ça redonne un coup d’adrénaline.”

Boosté par Loïc Meillard

Ces claques, c’est donc surtout Loïc Meillard qui les lui a mises tout l’été. “Ça fait toujours du bien de pouvoir confirmer en course”, s’est contenté de dire le 3e du premier slalom de l’hiver, dont la régularité lors de la préparation est impressionnante. “Avec lui, à l’entraînement, on a une vraie référence, confirme Daniel Yule. Je pense d’ailleurs qu’il n’y a pas une journée lors de laquelle j’ai été plus rapide que lui cet été. Mais c’est cool, on ne peut pas se reposer. Au contraire, ça nous pousse à trouver des solutions.” Et justement, le Valaisan semble en avoir trouvées sur la Face du Bellevarde.”

Ce résultat devrait permettre à l’homme au bonnet vert de faire le plein de confiance avant la prochaine épreuve à Madonna di Campiglio, sur une piste et dans une ambiance qui lui conviennent parfaitement, puisqu’il s’y est déjà imposé à deux reprises (en 2018 et 2020). “C’est sûr que c’est un soulagement de voir que ça fonctionne encore pour moi, se réjouit le champion olympique par équipes en 2018. Pour nous en slalom, l’intersaison est vraiment longue (ndlr: beaucoup d’athlètes s’en plaignent). Pouvoir prouver que je suis là en course est vraiment rassurant.” En fait, Daniel Yule est une bête de course, c’est assez simple finalement.

Laurent Morel, de retour de Val d’Isère