Loïc Meillard est arrivé mercredi en fin de journée à Beaver Creek après avoir profité d’excellentes conditions d’entraînement à Arolla en début de semaine encore. Contrairement aux années précédentes, le skieur d’Hérémence, qui dispute ce dimanche le super-G, a volontairement choisi de se rendre tardivement sur le continent nord-américain, pour un séjour de cinq jours, dans le but de limiter au maximum les effets du décalage horaire. Interview.
Loïc Meillard, expliquez-nous pourquoi vous avez fait le choix d’arriver sur le tard aux États-Unis?
Il est vrai que ces dernières années, on passait passablement de temps en Amérique. On s’y entraînait durant deux semaines. Et ce printemps est venue la discussion pour savoir comment faire face au décalage horaire, comment je me sens en course et ce qui fait sens. En fin de compte, pour la course à Beaver Creek, cela ne me changeait pas grand-chose d’arriver plus tôt, mais c’est souvent difficile la semaine qui suit, à Val d’Isère. En rentrant le lundi à la maison, j’avais souvent de la peine à me remettre dans le rythme. J’ai donc essayé cette année d’arriver plus tard, de ne pas laisser au corps de s’habituer au jetlag en Amérique et d’avoir plus de facilité la semaine prochaine en rentrant des États-Unis.
Vous vivez donc, même ici, sur le fuseau horaire d’Europe centrale?
Non non, quand même pas, car cela signifierait que je dois déjà aller au lit en début d’après-midi pour me lever vers minuit. Ce n’est pas optimal non plus. Mais je vais tôt dormir le soir. À 20h, je suis couché et je mets le réveil entre 4 et 5 heures. De cette manière, le corps n’a pas le temps de rattraper les 8 heures de décalage horaire en quatre jours. J’ai un entre-deux avec l’espoir que le retour en Europe soit plus facile.
Cette décision vous a également permis de vous entraîner en slalom la semaine dernière, contrairement aux athlètes déjà présents sur place qui se sont concentrés sur la vitesse. C’était un choix aussi tactique dans votre préparation?
Tactique, je ne sais pas. Mais en faisant ainsi, on savait que l’aurait une préparation différente. Cela fait du bien de changer des choses pour ne pas tomber dans la routine, de se remettre en questions. Cela m’a permis de faire du géant à Gurgl après la course, du super-G à Cervinia les jours où on a pu skier et du slalom à Arolla. C’est une chance d’avoir pu faire plusieurs disciplines dans la neige en Europe.
Vous vous êtes tout de même entraîné un peu en super-G. Comment vous sentez-vous avant la course de dimanche?
Je me réjouis. C’est vrai que depuis Ushuaïa, je n’ai eu qu’un seul jour de vitesse, la semaine dernière. Je dirais que je n’ai pas beaucoup de kilomètres, mais je me sens bien. Et je sais qu’il faut trouver la clé du parcours, de la neige. C’est le challenge par rapport aux autres années, car je n’ai pas d’entraînement sur la neige américaine et il faudra trouver directement les solutions pour faire une bonne manche.
Pour ceux qui ne connaisse pas la différence entre la neige européenne et nord-américaine, pouvez-vous la vulgariser?
C’est souvent plus agressif en Amérique du Nord. On dit souvent que c’est une neige de champion du monde, car chacun qui la skie a l’impression de skier parfaitement. On se fait plaisir, mais ça n’avance pas. C’est cela qui est difficile ici, il faut trouver le juste milieu entre ne pas en faire assez et trop en faire, et ainsi freiner.
Votre programme s’annonce copieux ces prochaines semaines. Vous allez encore disputer le géant et le slalom de Val d’Isère la semaine prochaine. Puis ce sera la tournée italienne. Restez-vous sur votre programme initial qui est de sauter le super-G de Val Gardena pour vous concentrer sur les géants d’Alta Badia?
Oui, Val Gardena, c’est une piste que j’ai skiée une fois. C’est un beau super-G, mais il est compliqué d’y être performant sans faire d’entraînement de descente avant. La piste est spéciale, il faut avoir l’occasion de faire des kilomètres dessus. Mais avec les deux géants d’Alta Badia dans l’enchaînement, Madonna di Campiglio qui suit en slalom, il y a déjà pas mal au programme et je préfère me concentrer sur les courses où j’ai l’occasion de faire de bons résultats.
Entre les voyages et l’enchaînement des courses, c’est également une manière de préserver votre corps?
C’est clair qu’il ne faut pas négliger un aller-retour aux USA, puis être directement au départ à Val d’Isère. Si on avait qu’une course en France, ce serait plus facile, mais il y a un géant et un slalom, et cela prend beaucoup d’énergie.
Johan Tachet, Beaver Creek