Soulier de ski droit dans les bras, c’est avec le grand sourire qui la caractérise que Charlotte Chable (25 ans) débarque dans le lobby de l’hôtel Koros au centre de Levi. « Je me balade partout avec, c’est mon nouveau porte-bonheur », rigole la Vaudoise. Détendue et confiante, la skieuse de Villars, qui a souvent galéré avec les pépins physiques par le passé, avoue avoir totalement changé son approche de la compétition. Une mentalité positive qui doit lui permettre de se rapprocher des meilleures slalomeuses du monde.
Charlotte Chable, vous nous confiiez récemment avoir retrouvé la confiance. Qu’en est-il à quelques heures de votre premier départ de la saison sur le slalom de Levi?
Franchement, je me réjouis. Il y a toujours des petits moments où on se demande si on est prête. Mais je me suis bien entraînée. Si je réalise sur la piste ce que je sais faire, il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas. Je pars dans l’esprit que tout va bien se dérouler.
Cette mentalité positive est une nouvelle façon pour vous d’aborder la compétition?
Oui. J’ai été très négative depuis ma dernière blessure et cela m’a un peu entraîné dans un cercle vicieux. J’avais des douleurs, je ne savais pas trop de quoi j’étais capable. Et désormais, je doute beaucoup moins.
Votre préparation mentale a changé votre approche?
Oui cela m’a aidé. Même certaines de mes copines me trouvent différentes (rires). J’ai pris conscience de certaines choses et j’ai surtout appris à avoir confiance en moi.
Vous doutiez réellement de vos capacités par le passé?
Oui, beaucoup. Je me demandais ce que je faisais faux, pourquoi je me blessais, pourquoi cela retombait encore sur moi. Alors que je me savais capable d’y arriver. Dès que j’arrivais à bien faire quelque chose, on m’assommait derrière et il fallait repartir de zéro. On cherche alors des réponses à des questions auxquelles on ne peut répondre. C’est dur. Et depuis, J’ai arrêté de chercher ces réponses.
« Avant, j’avais souvent peur. A la fin des entraînements, j’étais soulagée de ne pas être tombée, de ne pas m’être fait mal. J’avais la boule au ventre. Désormais, je n’ai plus ce sentiment. Au contraire, j’ai envie de skier. »
Charlotte Chable, skieuse
Quel a été le déclic?
D’accepter ce qu’il s’est passé, de regarder devant, d’arrêter de se lamenter sur son sort. Tout ce que j’ai vécu fait partie de ma carrière, mais je dois avancer et passer par-dessus.
Sur la neige, vous avez ressenti ce changement?
Oui, je me sens libérée. Avant, j’avais souvent peur. A la fin des entraînements, j’étais soulagée de ne pas être tombée, de ne pas m’être fait mal. J’avais la boule au ventre. Désormais, je n’ai plus ce sentiment. Au contraire, j’ai envie de skier. J’avais oublié comment c’était (rires).
De plus, vos résultats en Coupe d’Europe (6 top 10 dont un podium) la saison dernière vous ont également rassurée sur vos capacités?
Bien sûr, même si la saison en Coupe du monde ne s’est pas déroulée comme souhaitée (ndlr: aucun classement et une seule qualification en seconde manche). J’avais des attentes. Heureusement qu’il y avait la Coupe d’Europe pour avoir des résultats positifs. Je remarque que cela fait deux ans que je progresse, que je retrouve mon meilleur niveau et je sais que ça va aller cette saison.
Nous faisons donc face à une toute nouvelle Charlotte Chable.
Oui, j’ai envie d’être au départ avec le sourire et libérée. Bien évidemment, il y a toujours un objectif de résultat derrière, mais je n’ai pas skié libérée depuis des années en course. A l’entraînement cet été, j’ai retrouvé ce sentiment. Il faut que j’y parvienne également en course. Du coup, j’essaie de ne pas penser au résultat pour éviter que cela me bloque, mais plutôt de me demander comment je vais skier. On a tout fait en préparation pour que tout se déroule bien en course, alors il faut simplement que j’en profite.
« Dans ma tête, j’aimerais atteindre le top 15 au mois de mars. C’est un gros objectif, mais c’est réalisable. »
Charlotte Chable, skieuse
Mais il existe tout de même des attentes chiffrées?
Bien sûr. Je veux être en deuxième manche. Je ne veux pas seulement accrocher les trente, mais aussi profiter de la seconde pour grimper et pourquoi pas accrocher un top 20 ce samedi.
Et sur l’ensemble de la saison?
D’y aller pas à pas. Déjà de revenir dans les trente, être classée, constante et skier à chaque course à un bon niveau. Dans ma tête, j’aimerais atteindre le top 15 au mois de mars. C’est un gros objectif, mais c’est réalisable. En slalom, cela peut aller vite devant. Je vais tout faire pour en tout cas.
Johan Tachet, Levi