“J’ai eu une entrée aux Jeux sur la retenue”, concède Camille Rast. La Valaisanne a été contrôlée positive à son arrivée à l’aéroport de Pékin mardi dernier. “C’est une situation à laquelle je m’attendais compte tenu que j’avais été déjà positive au début de l’année. Heureusement, j’ai rapidement pu faire deux tests négatifs et sortir d’isolement.” La skieuse de Vétroz a bénéficié de deux jours d’entraînements ensuite pour s’acclimater à la neige chinoise si spéciale. Elle entrera en lice lundi pour le géant, avant le slalom mercredi. Et Camille Rast se place en outsiders des deux compétitions.

Camille Rast, lorsque l’on vous dit Jeux olympiques, à quoi pensez-vous?

La victoire de Dom (Gisin) et de Tina (Maze) lors de la descente des Jeux de Sotchi me revient immédiatement en tête. C’est la beauté du sport avec des skieuses qui peuvent gagner. Pour le reste, c’est le rêve de tout athlète d’aller aux Jeux.

Etre aux Jeux à 22 ans est une forme d’accomplissement?

Je ne me dis pas que j’ai réalisé mon objectif. Je pense qu’il faut le voir comme une opportunité de skier vite un jour de plus. C’est une course avec les même routine que d’habitude. Je ne dois pas me monter la tête et me mettre la pression de bien faire ou de me dire: c’est bon, je suis aux JO, je n’ai plus rien à prouver. Je sais que si je skie pour le plaisir je peux être bien.

La saison dernière, vous étiez déjà contente d’être présente aux Mondiaux de Cortina d’Ampezzo, mais à vous entendre, vous êtes en Chine avec des objectifs?

En début de saison, je disais à mes parents que je serais déjà heureuse d’aller aux Jeux en slalom et que ce serait plus compliqué en géant. Finalement, ma qualification je ne l’ai pas volée dans les deux disciplines. Mes résultats ont prouvé ma forme ces dernières semaines. Du coup, les objectifs ont changé avec. Attention de ne pas trop en vouloir car on est toujours très gourmand. Comme on dit: tête froide, jambes chaudes (rires).

Toujours est-il que l’on vous sent capable de réaliser un grand coup…

Il n’est jamais interdit de rêver. J’ai prouvé que j’étais capable de bien skier cet hiver. Après les conditions en Chine sont spéciales et inconnues de tous jusqu’à maintenant. Des filles performantes pourraient ne pas s’y sentir à l’aise et, au contraire, permettre à d’autres skieuses de se révéler alors qu’elles étaient à la peine cette saison. Les Jeux conviennent bien aux outsiders, la hiérarchie est bousculée. Mais il faut être réaliste, de nombreuses athlètes peuvent jouer les médailles. Je serais déjà contente avec un top 15, voire un top 10.

Vous êtes-vous bien acclimatée aux conditions de neige particulières?

C’est très spécial, car il fait très froid. Au niveau du matériel, il y a un petit temps d’adaptation. C’est une neige 100% canon, et nos pistes en Europe ne sont pas conçues ainsi. Il y a des petits détails à régler et on s’y attendait. Sur de la neige agressive, il faut des set-up très fins et il n’est pas facile de trouver les bons réglages. Je m’appuie sur l’expérience de mon serviceman. Il a vu des millions de fois ces conditions et je lui fais pleinement confiance

N’avoir disputé que deux courses durant le mois de janvier, à cause notamment de votre contrôle positif au Covid, était-ce une avantage ou un inconvénient dans votre préparation olympique?

Si je n’avais pas attrapé le Covid, ça aurait été un avantage pour se préparer pleinement. La situation est telle qu’elle a été. J’ai été affaiblie. Je suis revenue. Je vais faire avec les cartes que j’ai en mains. J’ai fait attention à régler tous les détails pour pouvoir être aussi performante en Asie qu’en Europe, que ce soit au niveau du matériel, de la nourriture ou du travail mental.

D’ailleurs, vous avez énormément travaillé mentalement avec votre coach physique Florian Lorimier.

Oui, depuis le géant d’ouverture de Sölden (ndlr: Camille Rast n’avait pas passé l’écueil de la première manche), car c’était une grosse déception. On a alors décidé de travailler sur cet aspect, car c’est la personne qui me connaît le mieux. Tu poses un pied dans la salle, il sait si tu es de bonne humeur ou non. Pour moi, c’était une bonne opportunité de combiner mental et physique. La confiance et la complicité que l’on a créées m’aident à skier comme je le fais actuellement. Grâce à cela, je me sens bien au départ et je sais que j’en ai encore sous le pied.

Johan Tachet, Grimentz/Yanqing