Depuis ses débuts en Coupe du monde en 2006, Beat Feuz entretient une coutume particulière: cacher son jeu lors des entraînements. Rares ont été les occasions où le skieur bernois osait mettre les gaz lors des essais chronométrés de descente. Non pas pour cacher son jeu, car tout le Cirque blanc reconnaît unanimement le talent de “Kugelblitz” (la boule de feu) dont le “toucher de neige” n’a que peu d’égal, mais davantage pour ménager son corps meurtri par le passé. L’homme a connu onze opérations du genou gauche dont la dernière, pour soigner une contusion osseuse, avait failli lui coûter sa carrière.

Comme Berhnard Russi?

Alors, lorsque le solide gaillard met plus d’une seconde dans la vue de ses contradicteurs lors du second entraînement de la descente de Lake Louise, on imagine que Beat Feuz se trouve en toute grande forme. Car cette saison s’annonce comme celle de tous les défis pour le descendeur de 31 ans puisqu’il y défendra son premier globe de cristal remporté l’année dernière et son titre mondial de 2015, tous les deux glanés en descente. “Il est trop tôt pour parler de globe de cristal”, expliquait le double médaillé olympique avant de s’envoler pour la tournée américaine. 

Sur le circuit, il rêve d’épingler enfin Kitzbühel à son palmarès. La Streif se refuse toujours à lui après trois deuxièmes places. “Mais le plus gros objectif sera de conserver mon titre de champion du monde, car les Mondiaux représentent toujours quelque chose de très spécial.” D’autant plus que personne depuis Bernhard Russi (1970, 1972) n’est parvenu à décrocher deux titres mondiaux consécutifs dans l’épreuve reine. Une autre époque lors de laquelle les Jeux olympiques officiaient également comme Championnats du monde.

 

 
 
 
 
 
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Des douleurs persistantes au genou

Toutefois, les futurs succès de Beat Feuz seront totalement dépendants de sa forme physique. Voici déjà cinq saisons que le Bernois suit un programme spécialisé et individualisé afin de se ménager durant l’été. A l’image de Roger Federer, le descendeur est à l’écoute de son corps. “Je préfère la qualité à la quantité. Et ce modèle fonctionne plutôt bien pour moi”, mentionne l’homme qui n’hésite pas à prendre plusieurs jours de repos lorsque des douleurs se font davantage ressentir. “J’en ai sans cesse”, déplore-t-il. “Parfois, j’ai le genou enflé et je ne peux même pas faire du vélo. Je ne sais pas comment et pourquoi cela se produit. Du coup, lorsque je ne suis pas sur les skis, l’essentiel de mon travail est musculaire”, explique le skieur qui ne dépasse généralement guère la trentaine de jours d’entraînement durant l’été.

A 31 ans, on pourrait légitiment penser que Beat Feuz a encore de belles saisons devant lui lorsque l’on songe à Didier Défago et à Didier Défago qui ont parcouru le Cirque blanc jusqu’à leurs 36 et 37 ans. Toujours est-il que le Bernois, qui est devenu papa l’été dernier, ne peut se projeter aussi loin. “Si je suis épargné par les blessures et parviens à rester en bonne santé, j’ai encore deux ou trois saisons devant moi.” Et l’Emmentalois de rester précautionneux. “Il suffit d’une blessure pour que tout ça s’arrête.”

Mais une chose est certaine: lorsque le chronomètre s’enclenche, l’homme se lâche complètement sur ses skis avec lesquels il ne fait plus qu’un, oubliant les douleurs qui le parasitent. Et sur la piste, le “Kugelblitz” promet une nouvelle fois cet hiver d’illuminer la Coupe du monde.

Nos pronostics pour la descente hommes de Lake Louise

Descente, samedi, selon Johan Tachet
1. Beat Feuz
2. Matthias Mayer
3. Kjetil Jansrud
★ Johannes Kröll

Descente, samedi, selon Laurent Morel
1. Beat Feuz
2. Matthias Mayer
3. Aleksander Aamodt Kilde
★ Adrien Théaux

Johan Tachet