Le décor est le même qu’il y a douze mois. Sur les hauteurs du Colorado, la neige a progressivement saupoudré les pépins des Rocheuses. Toutefois, la météo est différente, le soleil a remplacé la tempête qui avait contraint à l’annulation des courses de Beaver Creek il y a un an, mais surtout Arnaud Boisset n’est plus un jeune novice sur le front de la Coupe du monde et aborde son second hiver parmi l’élite avec un nouveau statut.

Le Valaisan de 26 ans est désormais un athlète confirmé sur le Cirque blanc après « une première année de rêve », comme il la décrit, progressant lors de chacune de ses sorties. «J’ai découvert la Coupe du monde, les bonnes performances. Il y a eu le top 10 à Kitzbühel (9e) en descente, puis ce podium à Saalbach en super-G. Il y avait beaucoup d’enthousiasme et, à chaque fois, un niveau émotionnel plus élevé.»

Une blessure oubliée et d’excellentes sensations

Le rookie avait notamment terminé l’hiver au 12e rang du classement du super-G. «L’idée est de confirmer pour montrer que ce n’était pas uniquement la chance du débutant, mais que j’appartiens bien au top 15 mondial», clame ambitieux Arnaud Boisset qui assure que l’on n’a pas encore vue sa meilleure version. «J’ai travaillé cet été pour fignoler les détails. Ma course à Saalbach était exceptionnelle, mais pas parfaite. J’étais une fois sur le podium, mais je ne vais pas m’habituer à m’y trouver à chaque course. Je me nourris de cette performance car il y a encore moyen de progresser dans certains domaines.»

Le Martignerain se dit en forme, malgré un léger contre-temps qui l’a immobilisé un mois après avoir été touché au genou droit au mois d’août. «Il y a eu des hauts et des bas durant ma préparation, mais depuis ma blessure, tout a été entrepris pour arriver en forme pour ce début d’hiver. Je n’ai plus de pépin physique, j’ai pu faire les derniers réglages et, au niveau de mon ski, cela va vraiment bien.»

Voilà deux semaines déjà qu’Arnaud Boisset et ses coéquipiers de l’équipe de Suisse se trouve dans le Colordo. Quinze jours durant, ils ont profité d’excellentes conditions d’entraînements pour s’habituer à la neige si spéciale d’Amérique du Nord, mais aussi au changement d’heure. «Ce camp nous a permis de passer la vitesse supérieur», poursuit le Valaisan. «C’était cool de se tester sur de vrais sauts, des passages plus difficiles et surtout sur des pistes plus longues.»

Intégrer rapidement le top 30 en descente

Son excellent sentiment sur les skis s’est traduit à l’entraînement, puisque le skieur de Martigny a réussi son premier défi en se qualifiant pour la descente de vendredi après son 8e rang lors du premier essai chronométré mardi sur la Birds of Prey. « C’est encourageant de voir que je suis dans le coup, mais il faut prendre avec des pincettes, car des athlètes ont loupé des portes et d’autres ne skient pas à fond sur toute la piste », analyse-t-il. « Ça aide à construire la confiance de voir que l’on est concurrentiel sur une piste exigeante. »

Car Arnaud Boisset veut également passer la vitesse supérieure en descente. Aux portes du top 30, il se doit désormais de marquer des points pour intégrer ce groupe et être ainsi assuré de prendre le départ des compétitions sans passer par la case des qualifications internes. «Cela me donnera la possibilité de construire au fil des jours de la semaine. Quand on passe par les qualifications, c’est toujours la course avant la course, on ne peut tester le matériel que l’on veut et c’est délicat également au niveau de la récupération.»

Une place parmi les vingt, voire les vingt-cinq, vendredi pourrait déjà lui permettre d’intégrer ce fameux groupe des 30 de la WCSL – il est actuellement 34e -, avant de se plonger samedi dans sa discipline de prédilection, le super-G. «Commencer avec une place dans les quinze serait déjà idéal pour lancer l’hiver.» Pour se faire une place sous le soleil du Colorado.

Fort de ses expériences passées et de sa maturité, Arnaud Boisset possède toutes les cartes pour asseoir définitivement son statut parmi l’élite du ski mondial.

Johan Tachet, Beaver Creek