Arnaud Boisset est de retour aux affaires. Six semaines après sa terrible cabriole lors de la descente de Beaver Creek qui lui avait causé une grosse commotion cérébrale et plusieurs contusions, le skieur de Martigny a rechaussé les skis en Coupe du monde à Wengen. Le Valaisan a profité des deux premiers entraînements de la descente sur le Lauberhorn pour prendre ses marques. À la veille du super-G, il fait le point sur sa convalescence et ses sensations sur la piste. Interview.
Tout d’abord, Arnaud, comment allez-vous? Êtes-vous en mesure de skier à nouveau à 100%?
Je peux skier à 100% dans le sens où je n’ai pas de symptôme à la tête, ni de problème avec mon corps. Tout va bien. Mais naturellement, il me manque un peu de confiance. Quand je skie et quand je me vois skier, ce n’est pas la même personne. J’ai l’impression de prendre des risques, mais quand je me regarde c’est très timoré. Il me manque des kilomètres, des passages à haute vitesse, des sauts. Les deux entraînements m’ont beaucoup apporté. Toutefois, je ne suis malheureusement pas au niveau de l’an passé. J’apprends tous les jours et j’espère retrouver ce niveau au plus vite.
Comment avez-vous vécu cette pause forcée? Y avait-il de la frustration?
C’est jamais cool de devoir regarder les courses de son canapé lorsque tu est un sportif d’élite. Mais il faut mettre un peu de perspective. Je peux être heureux de m’en tirer avec uniquement une commotion modérée, sachant que je n’avais rien d’autre de cassé. Six semaines après, je retrouve une course de Coupe du monde. Cela aurait pu être pire et j’ai essayé de relativiser au maximum.
Les commotions cérébrales étant des blessures délicates, quels ajustements avez-vous mis en place pour minimiser les risques lors de votre retour?
Effectivement, c’est très délicat. J’ai simplement suivi le protocole. Mais entre skier entre des piquets à l’entraînement en géant et skier sur une piste de Coupe du monde en descente, il y a un gros écart. Je ne suis pas sûr que l’on a compris toutes les choses pour optimiser un rapide retour. Pour minimiser les risques, je me suis donné assez de temps pour revenir, j’ai tout pris étape par étape, avec de la condition physique, puis du géant, du super-G et enfin de la descente.
Pendant les entraînements à Wengen, avez-vous ressenti une certaine appréhension?
Il y avait de l’appréhension, mais après pas directement. Je n’ai pas peur lorsque je me retrouve au départ, cependant lorsque je regarde mes vidéos, ce n’est pas le Arnaud de l’an dernier qui pouvait prendre 200% de risque.
Pouvez-vous vous fixer des objectifs pour les prochaines courses ou préférez-vous avancer pas à pas?
J’ai dû revoir mes attentes. Il reste deux courses avant les Mondiaux, et n’étant pas à mon meilleur niveau, c’est presque mission impossible de me qualifier. C’est déjà du bonus de pouvoir déjà skier cette saison. Je vais prendre ces courses pour préparer la fin de l’hiver et le prochain. Je ne veux pas brusquer, mais prendre les choses dans l’ordre. Ce ne sera bien évidemment pas les résultats espérés. Mais dans ma situation actuelle, je dois prendre chaque course pour remonter mon niveau de confiance.
Johan Tachet