Quand on s’appelle Cuche, et que l’on est un espoir du ski suisse, il n’est souvent pas évident de se faire un prénom. Mais c’est le pari qu’est en passe de réussir Rémi. À 22 ans, après des saisons de galères, le Neuchâtelois sort de son meilleur hiver sur le front de la Coupe d’Europe, comme en témoignent ses trois top 15 réalisés en super-G, avec en point d’orgue une 5e place à Garmisch-Partenkirchen. “J’ai fait une superbe saison. J’ai réussi à faire de bonnes performances qui me permettent de faire un pas de plus en avant.”, savoure le skieur vaudruzien.

“Ce n’était pas gagné après deux hivers lors desquels je me suis battu pour revenir.” Mars 2019, il se blesse une première fois aux Championnats de Suisse à Stoos. Verdict: rupture du ligament croisé antérieur du genou droit. Tout juste remis de ce premier coup d’arrêt, c’est le ligament croisé antérieur du genou gauche qui le lâche à l’entraînement à Zermatt à l’automne 2020. “Si la première fois, la blessure avait été plus facile à gérer, la deuxième a été un gros coup dur”, explique Rémi Cuche qui a mis du temps à retrouver la motivation pour repartir de l’avant.

Faire de ses coups durs une force

Mais il s’est accroché, mû par la volonté de poursuivre sa passion. “Au bout d’un moment, le ski manque et ça revient tout seul. Mais après, quand il faut engager à nouveau, dans la tête ce n’est pas si facile.” Il a alors notamment pu compter sur le soutien de son entraîneur en NLZ Cyprien Richard. “Rémi, il a une histoire, un parcours qui me touchent, car j’ai connu pareil au début de ma carrière”, souligne le vice-champion du monde de géant en 2011. “Quand on passe six mois à l’hôpital, à cet âge-là, ça marque. Il faut du temps pour mentalement s’en remettre. Mais du moment que cela tourne à nouveau, tout devient plus solide, car ton histoire devient une force.”

Cette force, Rémi la puise également au contact de son frère Robin, hémiplégique, mais qui a surmonté son handicap pour glaner trois médailles d’argent mondiales cet hiver et deux Globes de cristal. “On se croise rarement durant l’hiver. Mais lorsque l’on se retrouve, on échange beaucoup. C’est super de pouvoir partager notre passion ensemble”, reprend Rémi pour qui le nom de Cuche ne pèse pas trop lourd sur ses spatules. “Je le vis bien”, assure-t-il. “On me faisait surtout des allusions quand j’étais petit. Les parents disaient que c’était normal si je battais leurs enfants car j’étais un Cuche.” De son oncle Didier, il a hérité de la dorsale, mais surtout du goût du risque pour s’élancer en descente et en super-G, ses disciplines de prédilection.

Objectif podium

À la sortie du meilleur hiver de sa carrière, même s’il s’est terminé sur une chute sans trop de gravité – quelques hématomes lors de la descente des finales à Narvik la semaine dernière -, le skieur du Val-de-Ruz veut poursuivre sa progression. “Le podium en Coupe d’Europe sera un objectif pour la saison prochaine.” Pour ce faire, Rémi Cuche sait qu’il doit apprendre “à laisser davantage filer les skis.” Cyprien Richard est convaincu que son protégé peut encore réaliser de grands pas en avant. “Personne n’a de limite. Et je suis content de voir Rémi intégrer les cadres de Swiss-Ski ce printemps, en étant solide, autonome, capable de se coacher soi-même, en étant son propre entraîneur. Et cela, c’est une grande chance.”

Johan Tachet/LMO/AD, de retour de Crans-Montana