Double championne olympique, double championne du monde et quatre fois médaillée d’or aux X-Games, Anna Gasser a depuis longtemps conquis les sommets en snowboard. Mais la faim de gagner, d’explorer de nouvelles voies et de développer de nouveaux tricks est toujours là.

À quelques jours du début de la saison au Big Air de Coire, la Tyrolienne de 32 ans s’est confiée sur ses objectifs, son changement d’entraîneur, sa forte volonté et le statut du snowboard en Autriche, ainsi que l’importance d’avoir des gens de confiance dans son entourage, y compris son ami et coéquipier Clemens Millauer. Rencontre.

Le départ de Patrick Cinca, qui a été votre entraîneur pendant quatre ans et qui reprendra maintenant l’équipe de Suisse en halfpipe, a été annoncé juste 10 jours avant le début de la saison de Coupe du monde. Une surprise?

Oui, une énorme surprise! Nous ne nous y attendions pas du tout. Nous sommes bons amis avec notre entraîneur, nous nous sommes toujours très bien entendus, et je crois que c’était une décision financière. Le snowboard a un statut plus élevé en Suisse, c’est juste plus valorisé, plus apprécié. Je crois que c’était une bonne décision pour lui.

C’est le Tchèque Dusan Kriz qui le remplace. Le connaissiez-vous déjà?

Je le connaissais un peu mais nous n’avons jamais été à la montagne ensemble. Ça va être intéressant! Pat sera avec nous encore les deux premières semaines et nous nous entraînerons avec les deux (ndlr: histoire de faciliter la transition, les deux entraîneurs seront aussi à Coire). C’est très excitant, tout est neuf. Nous avons aussi une nouvelle co-entraîneure et un nouveau chef du freestyle. Il y a beaucoup de changements!

Vous donnez l’impression d’être très indépendante, vous travaillez énormément de votre côté avec votre ami Clemens Millauer. Ce genre de bouleversement, même aussi près du début de la saison, doit peu vous toucher.

Oui, je viens d’une certaine génération: j’ai commencé sans entraîneur, je me suis développée indépendamment, sans fédération, sans que quelqu’un me dise ce que je devais faire. D’un côté, c’est bien parce qu’on devient autonome et je pense que du coup, j’arrive plus facilement à gérer un changement d’entraîneur. D’un autre côté, ce n’est pas facile pour un entraîneur quand ses athlètes prennent leurs propres décisions. Certains n’aiment pas ça, ils veulent qu’on les écoute à 100%. Et j’ai toujours eu ma propre volonté. Donc c’est bon et mauvais. Mais c’est vrai que parce que j’ai beaucoup fait toute seule, ça m’inquiète moins de changer d’entraîneur que quelqu’un qui aurait toujours été dans un système.

Patrick Cinca était à vos côtés lorsque vous avez remporté votre deuxième médaille d’or olympique à Pékin en 2022, ainsi que votre deuxième titre de championne du monde en février à Bakuriani (GEO). Quel rôle joue donc l’entraîneur pour vous?

C’est une personne de confiance et c’est important d’avoir ça au départ, quelqu’un qu’on peut consulter et si la confiance est là, on peut lui demander conseil – ‘Comment devrais-je faire ça?’ – sans que cela devienne: ‘Fais ça maintenant!’ C’est important d’avoir une bonne équipe: des gens qui te soutiennent quand tu n’es pas en forme, avec lesquels tu peux être toi-même et en qui tu as entièrement confiance. On fait un sport individuel mais c’est vraiment un effort d’équipe lorsqu’on fait de bonnes performances.

Comment établir ce lien de confiance avec un nouvel entraîneur?

Ça prendra du temps, c’est certain, ça ne va pas se faire du jour au lendemain. Nous étions avec Pat pendant quatre ans et nous le connaissions déjà avant qu’il devienne notre entraîneur, c’est un ami. Mais heureusement, le reste de l’équipe – Clemens, et les physios – ne change pas. Si Clemens arrêtait aujourd’hui, alors là, ça deviendrait difficile pour moi (rires)! Mais pour l’instant il reste et il est toujours présent aux compétitions, alors j’ai déjà cette personne en qui j’ai 100% confiance, même si je ne connais pas encore le nouvel entraîneur et que je ne sais pas comment ça va être de travailler ensemble. Mais ça va aller, on va y arriver!

Cette année, pas de Jeux olympiques ni de Championnats du monde. Quels sont donc vos buts pour la saison? Y a-t-il encore un grand objectif que vous voulez atteindre?

Je veux continuer à me développer, avec de nouveaux tricks, expérimenter un peu à gauche et à droite, essayer de nouveaux runs. Quand il n’y a pas de grand évènement, c’est une chance de faire les choses différemment. Là où ça n’a pas si bien fonctionné pour moi ces dernières années, c’était aux X-Games. Je ne sais pas pourquoi, c’était comme une malédiction: le mauvais temps puis l’année dernière, une commotion cérébrale. Alors ce sera certainement un point fort pour moi cette saison. Ce serait génial si je pouvais de nouveau ramener une médaille!

Sim Sim Wissgott, de retour de Salzbourg