Lorsqu’il a lancé son ski de rage derrière l’aire d’arrivée du slopestyle de Secret Garden, Andri Ragettli avait encore son résultat en travers de la gorge. Il faut dire que le skieur de Flims, véritable bête de compétition, avait fixé l’objectif d’une médaille olympique tout en haut de sa liste. Sa grave blessure au genou gauche en mars dernier l’avait obligé à une course contre la montre pour retrouver son niveau d’ici aux Jeux olympiques. Encore trop court en Big Air, lors duquel il a manqué la qualification pour la finale, le Grison misait tout sur le slopestyle. Las pour lui, après avoir remporté les qualifications, il a échoué au pied du podium en finale. Après sa déception de PyeongChang, son histoire avec les Jeux connaît une nouvelle page sombre.
Mais Andri Ragettli, resté prostré de très longues minutes sur une barrière aux côtés de son frère Gian, a finalement relevé la tête et a tenté tant bien que mal de faire bonne figure devant les médias. « Evidemment, c’est normal d’être déçu de terminer à la 4e place, ça fait mal, relève-t-il. Ce ne serait pas normal d’avoir un autre sentiment. Malgré tout, je suis content de ma performance. Il faut se rappeler d’où je viens. Avoir eu la possibilité de se battre tout en haut après ma blessure, c’est déjà extraordinaire. Je ne pensais pas pouvoir être à mon meilleur niveau cette saison. En résumé, je suis déçu mais très fier à la fois. »
Une erreur qui coûte cher
Pour lui, difficile de dire si son deuxième run, le meilleur qu’il a réussi ce mercredi, valait le podium. « Je ne veux pas trop m’avancer car ça se joue sur des détails, avance-t-il. Mais je me pose encore quelques questions. Il y a eu quelques toutes petites fautes lors de mon deuxième run mais je dois encore analyser tout ça. » Un grab quelque peu manqué lors de son deuxième saut, un double cork 1620, lui aura coûté très cher au final puisque les déductions lui ont fait perdre le podium.
Le rider de 23 ans, qui compte six médailles aux X Games dont trois en or, ne veut pas s’arrêter sur ce revers. « Ma prestation aujourd’hui me donne de la motivation pour les quatre ou les huit prochaines années, de continuer à travailler », précise-t-il. Reste que la route est longue.
Fabian Bösch, l’originalité à nouveau guère récompensée
Pour Fabian Bösch, 6e après avoir pourtant réussi un très bon premier run, le chemin pour convaincre les juges de récompenser sa créativité est tout aussi abrupt. « C’est sûr que c’est un petit peu décevant qu’avec une telle performance, je n’obtienne qu’un score de 78 points. Le but dans le ski freestyle ne doit pas être que tout le monde fasse les mêmes figures simplement à cause des points. On doit avoir plus de libertés. C’est ce que j’essaie de montrer, notamment avec mon backflip sur le deuxième rail. Les gens l’aiment et moi aussi mais il n’a pas été récompensé. C’est dommage. »

Mais le Bernois veut retenir le positif. « Je suis fier de ma performance, de la manière dont j’ai skié. J’ai réussi à faire ce que je voulais dès mon premier passage. J’ai ensuite tout tenté lors de mes deuxièmes et troisièmes runs mais ça n’a pas marché. »
Laurent Morel, Zhangjiakou