Cinquième et 12e en descente, puis 6e en super-G. Le bilan des trois courses de Kvitfjell est bon pour Alexis Monney, même si le skieur de Châtel-Saint-Denis n’a pas réussi à monter sur un sixième podium de Coupe du monde en Norvège. « Je suis hyper content de mon week-end », lâchait toutefois le Fribourgeois dimanche. L’Olympiabakken n’est pas forcément une piste sur laquelle ses qualités techniques font merveille. Pourtant, il a prouvé s’il le fallait encore qu’il est désormais capable d’aller très vite partout.
« Pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué »
« Après Crans-Montana, je savais que je pouvais trouver les clés sur ce genre de piste », a-t-il avoué. « Je ne sais pas trop comment expliquer ce déclic, mais j’en profite pour me faire monstre plaisir et profiter à fond. » Pourtant, le champion tient à garder les pieds sur terre, comme il l’a toujours fait. « On n’est jamais sûrs de rien pour autant. Je suis content de comment je skie actuellement et comment j’arrive à aborder les courses. Avec la confiance, tout est un petit peu plus facile. Mais si j’arrive un petit peu plus crispé l’année prochaine, ça n’ira peut-être pas aussi bien. Je ne dois pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué et il faudra travailler dur pour être rapide dès le début de saison. »
D’ailleurs, le skieur de 25 ans estime que c’est le cas pour l’ensemble de l’équipe de Suisse, qui a réussi samedi un nouveau triplé historique en descente, au lendemain d’une première épreuve avec quatre représentants helvétiques parmi les cinq premiers. « Si les gens pensent que c’est normal, c’est qu’il y a un problème. Il faut se rendre compte de ce qui se passe! Il y a bien un jour où ça ira moins bien et il faudra aussi se rappeler de ces moments. » L’actuel 7e du classement général de la Coupe du monde met en garde son équipe pour le futur: « Le plus dur va être de travailler pour rester au sommet. On a tout à perdre, on est les têtes à abattre. » Il rassure toutefois en rappelle qu’à l’entraînement, les Suisses sont les plus rapides et que l’émulation ne peut qu’aider.
D’ailleurs, les Suisses occupent toujours les trois premières places de la Coupe du monde de descente, et alors que le Globe se jouera entre Marco Odermatt et Franjo von Allmen, Alexis Monney espère lui conserver sa place sur la boîte. « Après, un top 5, c’est de toute façon incroyable! Jamais je n’aurais imaginé finir là où j’en suis aujourd’hui! En ce moment, la saison est déjà plus que réussie. Je profite simplement de chaque course et je parviens à me détacher des résultats pour uniquement chercher à me faire plaisir. Ça fonctionne chez moi alors tant mieux. » Sur le plan personnel encore, le médaillé de bronze de la descente des derniers Championnats du monde tient à ne pas banaliser ses exploits à répétition. « Lorsque je termine 5e samedi, je n’ai reçu aucun message alors que je pense qu’un an plus tôt, j’en aurais eu une centaine », rigole-t-il. « Moi, ça me va bien, j’aime la tranquillité, mais c’est assez fou malgré tout! »
En géant à Sun Valley
Alors qu’il vit largement la saison la plus aboutie de sa carrière, le Fribourgeois admet avoir eu un petit coup de mou après ses premiers exploits à Bormio (victoire en descente et 3e place en super-G). « Ce n’était pas simple à gérer car je ne voulais pas qu’il ne s’agisse que d’un ‘one-shot’. À Wengen, avec toutes les sollicitations et toute l’attente autour de moi, c’était compliqué… Mais depuis Kitzbühel, tout roule parfaitement. Je ne me pose plus de question. C’est dur à expliquer, mais ça marche! »
Grâce à ses performances cet hiver, le vice-champion du monde de combiné par équipes a atteint la barre des 500 points en Coupe du monde. Un total qui lui permettrait de s’élancer dans toutes les disciplines lors des finales de Coupe du monde dans quelques jours à Sun Valley (USA). Il n’exclut ainsi pas de prendre le départ du géant dans l’Idaho. « Ce serait bien pour voir où j’en suis, surtout que je serais quasiment sûr de pouvoir disputer deux manches là-bas (ndlr: seuls les 25 meilleurs de l’hiver sont qualifiés). » De quoi s’imaginer un futur dans une nouvelle discipline? « Il faudrait vraiment que ça se passe très bien… Le problème, c’est qu’ajouter une troisième discipline, ça risque de faire un peu trop alors que c’est déjà dur d’être au top dans deux. Mais ce serait déjà cool de pouvoir dire que j’ai participé à un géant de Coupe du monde! » Le rendez-vous outre-Atlantique est pris.
Laurent Morel, Kvitfjell