Marco Odermatt et Vincent Kriechmayr se regardent presque incrédules. Le Nidwaldien et l’Autrichien se demandent très certainement au moment où Alexis Monney franchit la ligne d’arrivée: mais comment se fait-il que le Fribourgeois soit autant en feu sur la Stelvio? Au lendemain de sa fabuleuse victoire en descente, le skieur de Châtel-Saint-Denis a réussi l’exploit de monter également sur le podium à Bormio en super-G, une discipline où sa meilleure performance restait une 17e place il y a trois semaines à Beaver Creek. « Je ne sais pas quoi dire. C’était un week-end complètement fou », concède le skieur de 24 ans qui vient d’exploser aux yeux du monde.

« C’est un grand pas en avant », assure le héros de cette fin de semaine. « Le début de la saison était déjà bon, mais je faisais toujours des erreurs et je perdais beaucoup de temps, mais hier et aujourd’hui, c’était vraiment bien. » Là où Alexis Monney a bluffé son monde, c’est en réussissant une grosse performance, seulement 24 heures après une course folle. Il a fallu se remobiliser après les émotions de la veille. « Je ne sais pas comment c’est possible. J’ai dû faire un effort pour me concentrer au départ », expliquait-il aux télévisions nationales.

Une nouvelle démonstration technique

Sur le haut, il a d’ailleurs commis une petite faute sur l’intérieur qui l’a déstabilisé. En conséquence, il ne possédait que le 25e temps sur la partie sommitale de la Stelvio, accusant plus d’une demi-seconde de retard sur les meilleurs athlètes. Mais le Fribourgeois a une nouvelle fois fait parler son toucher de neige exceptionnel dans la partie technique pour grignoter son retard. « La faute sur le haut m’a un peu déconcentré, mais je suis parvenu à laisser aller les skis et sur le bas, c’était vraiment bon. »

Une performance, comme celle du lauréat norvégien Fredrik Møller, qui a impressionné Vincent Kriechmayr, 2e de l’épreuve avec seulement quatre centièmes d’avance sur Alexis Monney. « C’est incroyable, j’ai 33 ans et les jeunes me poussent encore davantage », lance l’expérimenté autrichien. « Ils sont toujours à la limite. Désormais, il faut être à 100% du début à la fin. Et si l’on ne cherche pas la limite, on n’est pas capable de les battre. »

Une fin d’année en apothéose avec un coup de pouce du destin

Parfois, un exploit, une performance, une saison, une carrière ne se joue pas à grand-chose. Tout peut aller très très vite. Il y a trois semaines Alexis Monney ne devait sa place au départ du super-G de Beaver Creek qu’à la chute et la blessure de son pote de chambre Arnaud Boisset la veille. Le Fribourgeois en profitait alors pour signer les 17e et 21e rangs aux USA et à Val Gardena, ce qui lui a permis d’intégrer le top 30 mondial en super-G et de s’assurer une place fixe. Aujourd’hui, le voici sur son premier podium dans la discipline.

« Je crois que je n’ai pas encore vraiment réalisé ce qui s’est passé, je ne sais pas quoi dire. Cette année n’aurait pas pu mieux se terminer, c’est fou. » Alexis Monney termine 2024 au 4e rang du classement de la descente et au 6e du super-G. Des classements à la hauteur de son talent qui ne demande qu’à se dévoiler encore davantage lors des classiques sur le Lauberhorn et la Streif au mois de janvier. Le rendez-vous est déjà pris.

Johan Tachet/LMO