Les slaloms de grands rendez-vous se suivent et se ressemblent pour l’équipe de Suisse. Si on excepte l’argent des Jeux de PyeongChang de Ramon Zenhäusern, les slalomeurs helvétiques, toujours cités parmi les candidats aux médailles, ont toujours manqué le coche aux Mondiaux ou aux Jeux. Mais si Loïc Meillard et Daniel Yule étaient à un rien d’accrocher un métal à Pékin il y a un an, ils en sont restés loin ce dimanche aux Championnats du monde de Courchevel dont le slalom a été remporté par le Norvégien Henrik Kristofferen.

Sur la piste de l’Éclipse, l’Hérensard a été éliminé en première manche, alors que le skieur du val Ferret doit se contenter du 24e rang, bien loin de ses standards de l’hiver. “Aujourd’hui, j’étais totalement à l’envers”, reconnaît l’actuel 2e du classement de la Coupe du monde de slalom. “L’an dernier, j’étais à 18 centième du bronze olympique, mais cette fois je prends un wagon. Je crois que c’est le seul point positif du jour: c’est que c’était tellement mauvais, que je peux même pas dire qu’il manquait un petit détail ici ou là.”

“On ne peut se permettre le moindre écart”

Plus que dans les autres disciplines, le slalom offre un plateau de choix où au moins une trentaine d’athlètes sont capables d’aller chercher une médaille. “La densité est telle en slalom qu’il suffit d’être un tout petit peu en dessous et on prend vite des grandes reculées”, poursuit Daniel Yule, suivi dans sa réflexion par Ramon Zenhäusern. “Regardez le podium du jour, on retrouve les dossards 24 et 17 sur le podium. Tout peut arriver”, analyse-t-il en faisant référence aux médaillés d’argent, le Grec AJ Ginnis, et de bronze, l’Italien Alex Vinatzer. “Pour être dans les trente, il faut skier sous les deux secondes en première manche. C’est très serré. On ne peut pas se permettre le moindre écart.”

Pour Ramon Zenhäusern, le slalom est “une discipline de psychopathe”. Mais le longiligne skieur de Bürchen ne se cherchait pas d’excuse après sa 9e place. “J’ai notamment été trop timide dans le mur en première manche. C’est dommage de n’être pas parvenu à montrer ce que je sais faire”, explique le meilleur suisse du jour qui n’oublie pas d’où il vient, lui qui s’élançait avec le dossard 25 en début de saison. “Je ne vais pas baisser la tête maintenant parce que je n’ai pas gagné une médaille. Il faut aussi rester calme et remercier chaque instant que j’ai déjà pu vivre cette année.”

Une première réussie malgré un brin de frustration pour Marc Rochat

Pour son baptême dans un grand événement mondial, Marc Rochat possède un petit goût de frustration après sa 14e place. “Il y a un petit peu d’amertume car je ne suis qu’à quatre dixième du podium. Et Kristoffersen qui était juste derrière moi après la première manche (ndlr: Rochat était classé 15e et Kristoffersen 16e), remporte le titre de champion du monde.” Le skieur de Crans-Montana avoue s’être trompé de rythme sur le haut du tracé, le mur, celui censé mieux lui convenir. Il regrette également le tracé de la première manche qui “ressemblait à un parcours de course OJ”. “On n’a jamais vu autant de portes ouvertes de notre vie en Coupe du monde. C’était très spécial.”

Au final, le Vaudois de 30 ans ressort de cette première expérience avec le sourire. “C’était super cool de participer à cet événement. Je me bats à nouveau contre les meilleurs de la planète, je démontre une fois de plus que j’en suis capable et rien que ça c’est chouette.” Et Marc Rochat compte bien surfer sur la vague de ses récentes performances pour poursuivre sa progression. “Si mon corps le permet, je veux revenir dans deux et quatre ans aux Championnats du monde.”

Vol pour les États-Unis mardi

Avec l’envie d’accrocher enfin cette médaille que la Suisse attend en slalom depuis deux décennies et l’argent de Silvan Zurbriggen à Saint-Moritz. En attendant, les slalomeurs vont traverser l’Atlantique. Ils voyageront mardi en direction de la Californie pour y disputer dimanche prochain un slalom à Palisades Tahoe et retrouver le chemin de la Coupe du monde et celui des podiums.

Johan Tachet, Courchevel