Le cri de Fanny Smith résonne encore dans toute l’Engadine. Au moment de franchir la ligne d’arrivée de la finale du skicross mondiale en tête, la Vaudoise extériorise toutes les émotions qu’elle avait gardées pour elle. Ce titre mondial, le second après celui de 2013 à Voss-Myrkdalen (NOR), est la récompense de l’abnégation d’une championne qui continue d’évoluer au plus haut niveau de son sport depuis tant d’années. « À l’époque, j’avais cette insouciance, mais aujourd’hui c’est une réelle fierté d’aller chercher une nouvelle médaille pour mes huitièmes Championnats du monde », savoure la skieuse de Villars qui a largement pu compter sur le soutien de son fans club et de sa maman qui ont donné de la voix au bas de la piste Corviglia.

Un soutien bienvenu pour Fanny Smith qui avoue avoir vécu « une journée très difficile », avec toute la pression qui entourait la compétition. « Je l’ai beaucoup ressentie, uniquement par le fait que la compétition se déroule en Suisse. Je n’ai vraiment pas bien dormi la nuit dernière, c’était difficile à gérer. Je ne me sentais vraiment pas dans une grande forme ce matin. » Pourtant sur la piste, la Villardoue n’a montré aucun état d’âme, ni de signe de faiblesse. Dominante en qualifications, puis lors de son quart de finale, elle n’a tremblé qu’un instant en demi-finale, lorsqu’elle a failli s’accrocher avec la Française Marie Berger Sabbatel. « Je savais à quoi m’attendre sur une telle piste, où on ne peut tout contrôler, mais j’étais consciente de mes capacités. »

Toujours au top à 32 ans

Le malheur des unes, fait le bonheur des autres. La chute de la Canadienne India Sherret lors de la petite finale a conduit à une longue interruption avant la grande finale. Un mal pour un bien pour Fanny Smith. « Ce retard m’a permis de sortir toute la pression que j’avais, me reconcentrer et me mettre à nouveau dans ma bulle. » La leader de la Coupe du monde a ensuite géré la finale en patronne, faisant la course en tête de bout en bout. « Ma stratégie était simplement de faire un bon départ, d’éviter les erreurs et de mettre toute mon énergie qui restait. À la fin, j’ai fait ce que j’avais à faire. »

Arrosée de champagne sur le podium, Fanny Smith savoure un nouvel exploit à 32 ans. « Ce titre est d’autant plus spécial parce qu’il est conquis en Suisse et que j’ai traversé beaucoup d’épreuves ces dernières années. C’est incroyable de voir que je suis toujours là », sourit la Vaudoise qui ramène à la maison une septième médaille mondiale. « Je fais toujours la blague en disant que je dois aller chercher une nouvelle médaille car il y a mon nom dessus. Et là, cela ne pouvait pas mieux se passer. »

Un Globe avant l’or olympique?

Fanny Smith peut encore viser haut. Il reste deux courses de Coupe du monde la semaine prochaine à Idre Fjäll pour conclure la saison. Très bien placée pour remporter un quatrième Globe de cristal, la Vaudoise pourrait coiffer une nouvelle couronne avant de se tourner vers un ultime rêve : l’or olympique dans un an, aux Jeux de Milan-Cortina 2026. Le seul titre qui manque encore à son incroyable palmarès.

Johan Tachet