Il faut remonter à 2006. Le 29 décembre de cette année-là, c’est la dernière fois que trois skieurs romands se sont élancés lors de la même descente sur la Stelvio. Il s’agissait alors de Didier Cuche, Didier Défago et Olivier Brand. Dix-sept ans plus tard, on retrouve le même contingent suisse francophone au départ à Bormio. Et Justin Murisier, Alexis Monney et Arnaud Boisset ne défieront pas la fameuse piste italienne pour y faire de la figuration ce jeudi.
Justin Murisier pour refaire le coup de l’an passé
Si Marco Odermatt, qui a effectué passablement de tests de matériel lors des entraînements, semble dans la forme de sa vie pour enfin remporter une première descente en Coupe du monde après 10 podiums sans victoire, la Stelvio convient également parfaitement aux qualités des trois Romands au départ. Ce n’est pas un hasard si Justin Murisier y avait réussi son meilleur résultat dans la discipline (de loin) il y a un an en terminant à une incroyable 7e place.
En retrait lors du premier entraînement, le Bagnard s’est rassuré lors du second test mercredi. « J’étais malade après Alta Badia, alors j’ai surtout cherché à retrouver mes sensations, a décrit le fan de Valentino Rossi. Je n’ai pas voulu me griller lors du premier entraînement mais je suis assez content car je vais bien, j’ai de bonnes sensations. » Le Valaisan se réjouit des conditions de neige excellentes sur la Stelvio, plus rapide que jamais (la vitesse moyenne du second entraînement aurait dépassé les 115 km/h!). « J’aime quand ça va vite, rappelle celui qui a prévu de skier sur le même matériel que l’an passé. Ça s’annonce bien et ce qui est très positif, c’est que j’ai les jambes pour aller au bout. Je suis optimiste. » Une fois encore, Justin Murisier pourra également compter sur les conseils de son grand pote Marco Odermatt, avec qui il effectue constamment les reconnaissances.
Alexis Monney confiant malgré un coude douloureux
Si Justin Murisier sera attendu, Alexis Monney aura lui aussi un rôle à jouer sur la Stelvio. Il y a douze mois, le prodige de Châtel-Saint-Denis avait pris une solide 21e place, qui représentait alors son 2e meilleur résultat en Coupe du monde, avant de confirmer le lendemain en super-G (23e). Avec l’expérience accumulée au fil des derniers mois, le Fribourgeois peut rêver de mieux cette année. Il a d’ailleurs réussi le 8e temps du second entraînement, sans forcer.
« Ma manche était bonne mais pas forcément mes sensations, a-t-il expliqué. Je ne m’attendais pas à un tel temps. Du coup, c’est plutôt rassurant. » Rassurant car il existe encore une vraie marge de progression pour celui qui va lui aussi réutiliser le réglage de matériel de l’an passé. Pour Alexis Monney, il est important de respecter la Stelvio, sans en avoir peur. « Si je lui montre qu’elle m’impressionne, je vais me faire bouffer, sourit-il. Oui, c’est une piste difficile, et je la sens sur la fin, mais c’est le cas de quasiment toutes les manches de descente. »
Le champion du monde juniors de descente en 2020 se réjouit également de ne pas avoir à trop pousser au départ, après s’être blessé à un coude à Val Gardena. « C’était en glissant sur la glace après un entraînement, je suis tombé sur l’os, rappelle-t-il. Je vais mieux même si ça me gêne encore quelque peu pour pousser. Heureusement, ici, on n’a pas trop besoin de le faire. » Le Fribourgeois se veut donc optimiste, même sil ne sait pas s’il a souffert d’une fracture avec ce pépin.
Arnaud Boisset: « C’est un combat mais on peut prendre du plaisir au combat »
Avec Justin Murisier, un autre Valaisan sera au départ en la personne d’Arnaud Boisset. Le Martignerain a obtenu son ticket lors des qualifications internes mercredi, même s’il a été arrêté en cours de manche après la chute dans les derniers hectomètres de Lars Rösti. Mais, alors qu’il progresse à grande vitesse de manche en manche, le skieur de 25 ans a prouvé sur le haut du tracé qu’il a bien sa place au sein de l’équipe de Suisse.
« Je n’ai pas réussi la manche parfaite mais je crois que personne n’y parvient ici, a-t-il précisé. C’est un combat mais on peut prendre du plaisir au combat. » Pour son deuxième départ dans la discipline après Val Gardena, Arnaud Boisset cherchera à inscrire ses premiers points en descente.
Christophe Torrent se console dans la cabine de la RTS
La qualification des uns fait le malheur des autres. C’est ainsi que Christophe Torrent n’a logiquement pas reçu les faveurs des entraîneurs et devra encore patienter avant de faire ses débuts en Coupe du monde. « Je suis un peu déçu mais je retiens surtout le positif, a-t-il avoué. Je suis content car même si j’ai fait une grosse faute de ligne, j’ai osé prendre des risques. Je suis fier. J’ai pu rivaliser malgré mon manque d’expérience. »
Le Valaisan a prouvé que ses qualités pouvaient s’exprimer en Coupe du monde. « Je suis de loin pas ridicule alors ça donne envie de revenir… » En attendant d’avoir une nouvelle chance, Christophe Torrent s’est entraîné avec Loïc Meillard en super-G à Santa Caterina jeudi matin, avant de rejoindre John Nicolet dans la cabine de la RTS pour assouvir un autre de ses rêves, celui de commenter une course.
Laurent Morel, Bormio