Le sauteur d’Einsiedeln a impressionné lors de la Tournée des Quatre Tremplins. Petit nouveau dans l’équipe de Suisse, il a discuté de ses performances, de ses illustres coéquipiers, et de sa fructueuse collaboration avec Van Deer. Rencontre.
Dans une équipe de Suisse qui compte de nouveau des bons résultats, Remo Imhof a été une révélation. Le jeune Schwytzois vit seulement sa deuxième saison en Coupe du monde. Mais lors de la Tournée des Quatre Tremplins, il a doublé ses collègues pour finir meilleur Suisse, à la 21e place, lors de la qualification à Oberstdorf. À Garmisch-Partenkirchen, il a fait encore mieux en terminant 11e du saut la veille du concours.
“Je suis super content, ça commence à aller de mieux en mieux. Il s’agit maintenant de garder cet état d’esprit pour les prochaines compétitions”, a-t-il confié. Dans une équipe de vétérans – Killian Peier a 131 départs en Coupe du monde, Gregor Deschwanden 238, Simon Ammann 496 (!) – Remo Imhof est le petit nouveau. Mais les ambitions du sauteur de 20 ans sont claires. “Ce serait peut-être un peu trop demander de devenir un deuxième Simon Ammann, mais l’objectif c’est de suivre ses traces. Je vais continuer sur mon chemin mais si les autres flanchent, il y aura toujours quelqu’un là pour maintenir l’équipe”.
Voler plus loin
Remo Imhof n’a pas la grosse tête. Mais il se permet de dire que son arrivée l’hiver dernier a peut-être donné à l’équipe de Suisse un élan neuf. Un nouvel entraîneur, Rune Velta, embauché au printemps pour remplacer l’Allemand Ronny Hornschuh, coach des Suisses pendant huit ans, a aussi contribué à un renouveau certain. “Nous avons une bonne ambiance dans l’équipe. Gregor (Deschwanden) nous tire tous vers le haut avec ses super performances, mais chacun y met aussi du sien pour qu’on progresse tous plus loin”, assure Remo Imhof.
Rune Velta a insufflé une approche différente aux sauteurs suisses. Tandis que son prédécesseur a peaufiné la technique du saut, le Norvégien se concentre sur la phase de vol. Un développement idéal, en ce qui concerne le sauteur d’Einsiedeln. “Nous avons reçu de nouvelles impulsions. Il s’agit maintenant de s’y accrocher, de s’améliorer et de continuer à s’entraîner. Si on fait ça, le saut à ski suisse pourra de nouveau rêver de belles choses.”
Les conseils d’un champion
Outre la médaille de bronze mondiale de Killian Peier à Innsbruck en 2019, la dernière fois que la Suisse a vraiment rêvé en saut à ski était à l’époque où Simon Ammann a récolté ses quatre médailles d’or olympiques. Détail extraordinaire: Remo Imhof n’était pas encore né lorsque son coéquipier est monté sur la boîte pour la première fois à Salt Lake City en 2002.
“C’est clair que ça motive. Il a une telle expérience et le fait qu’il la partage avec les jeunes athlètes, ça fait vraiment plaisir. Il est tellement loin au-dessus de nous qu’on ne peut que le regarder avec admiration, et on va toujours le regarder avec admiration. D’avoir une telle personnalité dans l’équipe est un vrai privilège”, note le benjamin de l’équipe.
Développer avec Van Deer
En plus d’un coéquipier illustre et d’un entraîneur aux nouvelles idées, Remo Imhof possède une autre corde importante à son arc: des skis Van Deer. La marque, lancée il y a deux ans par le champion autrichien Marcel Hirscher, a déjà fait ses preuves en ski alpin mais est encore très peu présente en saut à ski. Les deux sauteurs principaux dans l’étable de Van Deer: l’Allemand Andreas Wellinger et Remo Imhof. Comme par hasard, ils étaient aussi les deux plus rapides en qualification sur le tremplin de Garmisch.
Pour le Schwytzois, savoir que les lattes qu’il a aux pieds peuvent voler haut et loin est déjà un bond en avant. Mais il savoure aussi tout le travail de préparation et de développement qui précède.
“J’ai eu la possibilité de tester les skis il y a deux ans. Je reçois énormément de soutien de Van Deer et je peux aussi contribuer à développer un produit. C’est vraiment génial de bénéficier de ce genre de confiance”, confie-t-il. “Pierre Heinrich (ndlr: directeur nordique auprès de Van Deer-Red Bull Sports) a une énorme connaissance, il fait ça depuis toujours. Et il est prêt à partager cette connaissance. Je peux dire ‘le ski devrait être un peu plus plat, ou plus dur ou plus mou’. Je peux aussi donner mon avis sur la surface du ski. Et avec l’affûtage, on peut essayer différentes choses et voir ce qui fonctionne le mieux.”
Retrouver une spirale positive
Les excellentes performances d’Andreas Wellinger, qui a terminé deuxième de la Tournée, servent aussi indirectement au sauteur helvétique. “Je profite de l’expérience qu’il accumule et qu’il partage avec Pierre. Je peux aussi échanger des idées avec lui. Je ne crois pas qu’il va tout me dire, mais entre sauteurs on s’entraide aussi, d’une nation à l’autre,” ajoute-t-il en riant.
Reste à maintenir la récente forme. Après un excellent début sur la Tournée, Remo Imhof s’est pris une claque à Innsbruck en manquant de se qualifier pour la finale. À Bischofshofen, il a dû se contenter d’une 47e place. Pas de podiums ou de victoires dans ses objectifs immédiats donc. Le Schwytzois veut se concentrer sur son travail: “Je veux arriver en seconde manche et continuer sur cette lancée, améliorer mes sauts et faire de mon mieux sur les nouveaux tremplins qui vont venir, pour essayer de retrouver une spirale positive. Si ça décolle ensuite côté résultats, ce sera un bonus!”
Ayant goûté à son premier podium au Grand Prix en septembre, Remo Imhof a déjà soif de plus.
Sim Sim Wissgott, de retour de Garmisch-Partenkirchen