En décrochant une 35e victoire en slalom, Mikaela Shiffrin est désormais à la hauteur de Marlies Schild au sommet du palmarès de la discipline en Coupe du monde. Surtout, avec 50 victoires à seulement 23 ans, l’Américaine s’apprête à défier tous les records. Interview.

Vous êtes désormais reine de Courchevel avec 4 victoires dans le stade Emile Allais. Appréciez-vous particulièrement cette piste?

En fait, c’est un peu bizarre, mais je m’y sens toujours très bien en géant mais pas en slalom (ndlr: qui est pourtant sa discipline de prédilection). C’est toujours très difficile ici pour moi. Je ne me sens pas à l’aise sur cette pente.

Aujourd’hui, vous avez réussi à dompter cette piste.

Oui, mais j’ai dû me battre pour ne pas abandonner. Le bas de la course était le plus important pour moi, surtout en 2e manche. C’est là que j’ai réussi à accélérer. 

Les records, c’est quelque chose qui compte pour vous?

Ce n’est pas ma source de motivation. Mon seul objectif est de skier très bien. Aujourd’hui, tout le monde me parlait de cette 50e victoire, mais j’ai vraiment essayé de resté concentrée sur mon ski, réussir mes virages, etc.

Cinquante victoires, c’est le même nombre qu’Alberto Tomba. Où vous placez-vous dans l’histoire du ski?

(Elle hésite). Je ne crois pas que je peux réellement me comparer à ce genre de skieur. On parle de générations différentes, de différentes manières de skier. C’est trop dur de dire ce que représente cette statistique. C’est incroyable pour moi, pour ma carrière d’avoir 50 succès. Si vous m’aviez demandé ça il y a 5 ou 10 ans, jamais je n’aurais imaginé me retrouver dans cette situation. C’est un travail de longue haleine de toute mon équipe, des mes entraîneurs, de moi-même. Tout ça m’a permis d’arriver ici. Mais je ne chasse par les victoires, je cherche juste à skier libérée, pour moi, à trouver l’inspiration.

Etes-vous parfois en manque de confiance?

Je ne suis jamais sure à 100%. Je ne suis pas une personne très confiante. Sur les courses de ski, je peux skier, je suis une bonne skieuse et je le sais. Si je skie bien, j’ai toujours une chance de monter sur le podium ou de gagner. C’est l’endroit où je me sens la plus confiante mais ce n’est jamais à 100%. C’est toujours une bataille avec moi-même. La plus grande bataille à chaque course se déroule dans ma propre tête. 

Vous êtes-vous adaptée cette année afin de ne pas arriver trop fatiguée dans des grands rendez-vous tels que les Mondiaux cet hiver?

Ça peut toujours arriver. Il faut essayer de ne pas être fatiguée mentalement et physiquement. Si l’un des deux aspects est OK, ça va le faire. Dans le cas contraire, ce sera compliqué. L’année passée, j’ai été fatiguée plusieurs fois et j’ai dû me reposer avant d’aller en Corée par exemple. Ce n’était pas la préparation idéale pour des Jeux olympiques. 

Qu’avez-vous prévu pour Noël?

J’ai quelques jours de repos puis d’autres d’entraînement. Je vais à Semmering assez rapidement. Je ne sais pas encore où je vais aller pour Noël, peut-être en Autriche, en Italie ou en Suisse. 

Qu’espérez-vous comme cadeau de Noël?

Ce Noël est super pour moi car mon papa a pu venir me voir sur quelques courses. Maintenant, il rentre aux Etats-Unis. Ma maman est aussi avec moi et demain je vais aussi voir Mat (Faivre, son compagnon). On aura des choses à fêter, avec son podium à Saalbach. Ces cadeaux sont suffisants.

Laurent Morel, Courchevel