Corinne Suter a changé de statut en l’espace de cinq jours. De skieuse malheureuse et malchanceuse qui a souvent accumulé les places d’honneur, la Schwytzoise revient des Championnats du monde de Are avec deux médailles dans les bagages: le bronze en super-G mardi et l’argent en descente dimanche. Une performance majuscule pour la jeune skieuse de 24 ans qui expose enfin à la face du monde son immense talent.

Corinne Suter, quel est votre sentiment après avoir remporté une seconde médaille dans ces Mondiaux de Are?

Je suis totalement émue. Après, le super-G, j’étais très surprise d’accrocher une médaille. Aujourd’hui (ndlr: dimanche), j’espérais vraiment en gagner une. J’avais d’ailleurs un peu de pression en me levant, mais celle-ci a disparu avant que je ne m’élance. Au final, ma course n’est pas parfaite, mais je remporte une nouvelle médaille. Je n’arrive pas à réaliser totalement. Jamais je n’aurais osé imaginer réaliser d’aussi beaux Championnats du monde.

Vous qui n’étiez jamais montée sur un podium de Coupe du monde, vous voici double médaillée mondiale.

Dans la vie, tout revient. Les petits centièmes qui m’ont manqué à Cortina et à Garmisch (ndlr: où elle termine 4e) m’ont porté chance cette fois-ci.

Existe-t-il une relation spéciale qui vous lie à Are?

Je crois que je me suis toujours sentie à l’aise ici. La piste est belle, elle n’est pas si facile à skier, elle est très technique. Et lorsque la météo s’ouvre, qu’il fait beau temps au départ, c’est magnifique. Ce décor, c’est comme si tu avais déjà gagné la course avant de la disputer (rires).

Et vous réalisez encore une fois une magnifique descente pour prendre l’argent à 23 centièmes de la lauréate Ilka Stuhec. 

Comme je l’ai dit ma course n’était pas parfaite. Si j’ai très bien skié sur les sections du haut et du bas, j’ai commis des petites erreurs sur la partie médiane du tracé et j’ai perdu un peu de temps. Mais je suis totalement contente de cette médaille d’argent.

Et vous avez le mérite de vous être élancée dans l’ombre alors que la majorité de vos adversaires ont profité du soleil.

Honnêtement, je ne savais pas que le soleil avait disparu sur une grande partie du tracé, car en haut il faisait beau. J’ai été un peu surprise, mais après cette piste je l’avais déjà skiée à quatre reprises durant la semaine, je la connaissais donc parfaitement. Je n’avais plus besoin de voir correctement.

Vous grimpez sur le podium au côté de la légende du ski alpin féminin Lindsey Vonn, 3e, dont c’était la dernière course. C’est spécial.

Monter sur le podium à côté de Lindsey a toujours été mon plus grand rêve. Et ce jour est arrivé, pour sa dernière course. Elle a fait une grande carrière, elle est et restera la “Speed Queen” pour toujours. Elle va manquer au circuit.

Quel sera votre programme ces prochains jours?

Je vais peut-être fêter un petit peu, puis je rentrerai à la maison avant de revenir à Crans-Montana (23 et 24 février) pour y disputer les prochaines courses de Coupe du monde.

Johan Tachet, Are