Dans une semaine, les premiers entraînements officiels sur la Gran Becca en vue des descentes messieurs de Zermatt/Cervinia auront lieu. Depuis une quinzaine de jours plusieurs révélations sur la construction de la piste, entraînant notamment l’arrêt des travaux éventuels hors du domaine skiable, ont perturbé la préparation de l’événement côté suisse. La fédération internationale de ski (FIS) suit attentivement le dossier. “Il est hors de question que la piste passe par des endroits sur lesquelles des autorisations n’auraient pas été délivrées”, confie Michel Vion, secrétaire général de la FIS, en faisant référence à des autorisations de travaux sur deux tronçons de la piste qui n’auraient jamais été demandées.

“La FIS ne sera jamais hors la loi”, assure le Français. “On respectera toujours la règle et les décisions des autorités.” Ainsi, pour se conformer à la loi, le départ de la descente dames, s’il s’avérait être sur le territoire suisse et hors des zones d’aménagement prévues par le plan d’affectation communal, devrait être abaissé pour être placé sur la piste du domaine skiable. “Le tracé sera ajusté pour être dans la légalité. Si on n’est pas capable de le faire, on ne fera pas de course.” De plus, un court tronçon du parcours masculin devrait être légèrement modifié. Rien d’insurmontable, a priori.

Le double jeu de Johan Eliasch

Michel Vion rappelle que la FIS “soutient Zermatt et Cervinia depuis le début” et “prend ses responsabilités”. Mais il mentionne également que la FIS doit désormais prendre tous les éléments en considération, et particulièrement la question écologique, en tenant compte du réchauffement climatique. “Les choses évoluent vite, très vite.” Au centre des préoccupations, le calendrier de la Coupe du monde que beaucoup, dont de nombreux athlètes, estiment qu’il n’est pas adapté à la situation actuelle. “On doit s’appuyer sur nos dernières expériences pour établir des plans à moyen terme et avoir un calendrier qui soit le plus cohérent possible.”

Reste à la FIS et surtout à son président, de tenir un discours totalement cohérent. Samedi, Johan Eliasch s’offusquait que la Coupe du monde de ski alpin reprenne aussi tôt sur ORF. “Je ne comprends pas qui peut vouloir voir des courses de ski en octobre et pourquoi on skie sur des glaciers sans neige. J’espère que la fédération autrichienne est prête a repousser l’ouverture de la saison.” L’ÖSV avait déjà assuré par le passé qu’elle était en mesure de repousser ses courses.

Les propos de Johan Eliasch, également président du conseil d’administration de la marque Head, ressemblent d’ailleurs à une hérésie alors qu’il est un fervent soutien du projet des compétitions de Zermatt/Cervinia, afin que la saison se poursuive le plus rapidement possible. Objectif réussi puisqu’elles sont agendées début novembre, engendrant de nombreuses critiques, sans oublier les nombreux risques d’annulation dûs aux conditions climatiques.

Les solutions cohérentes de Felix Neureuther

L’une des solutions, imaginée par beaucoup, est posée par l’ancien champion allemand Felix Neureuther qui demande à la FIS “de prendre ses responsabilités et d’agir”. Dans les grandes lignes, le triple médaillé mondial propose de débuter la Coupe du monde mi-novembre à Sölden avec un géant et un slalom tant pour les messieurs que pour les dames. “L’intérêt de la population serait nettement plus élevé, car les gens commencent déjà à se réjouir de l’hiver”, assure l’Allemand en précisant que le Cirque blanc n’aurait “pas besoin de s’envoler pour la Finlande mi-novembre pour y disputer une Coupe du monde devant 1000 spectateurs au maximum”.

Il propose alors de déplacer les courses de vitesse de Zermatt/Cervinia à la fin mars. “Cela permettrait aux organisateurs de préparer correctement la piste et de ne pas être perturbé par les températures estivales.” Des solutions qui se tiennent évidemment, qui ne font pas les affaires de tout le monde, à commencer par les organisateurs finlandais et le milieu de la vente de ski, qui enregistre une importante partie de son chiffre d’affaire à l’automne déjà.

Un début de saison vraiment repoussé dans le futur?

Dans l’entourage du Cirque blanc, on imagine repousser encore les premières courses de Coupe du monde de deux à trois semaines. Mais rien n’est facile en terme de logistique et de planification. “Dès qu’on bouge une pièce du puzzle, c’est l’ensemble qui bouge. Et c’est là que réside la principale difficulté. Les athlètes veulent autant de courses mais avec deux week-ends de moins. Ce n’est pas possible”, reprend Michel Vion, qui assure que “15% du calendrier peut encore être mieux ajusté”.

Cela concernera notamment le début de saison. “On va rapidement repenser la partie de novembre du plan, ce qui aura aussi une influence sur le début du mois de décembre”, glisse-t-il. Et repousser la fin de la saison au mois d’avril n’est pas à l’ordre du jour. “Déjà cette saison avec les finales à Saalbach fin mars, nous sommes à la limite. Les descentes auront lieu tôt le matin pour que les athlètes aient de bonnes conditions.”

Toujours est-il qu’à terme, la FIS va être contrainte de revoir son calendrier, tout comme le choix de ses destinations où se dresse le chapiteau du Cirque blanc.

Johan Tachet/LMO/SSW, de retour de Sölden