A 22 ans, Killian Peier représente à la fois l’élite et la relève du saut à skis helvétique. Le Vaudois fait partie des meilleurs sauteurs du pays. A la retraite de Simon Ammann – qu’il prendra à un moment ou à un autre – Swiss Ski compte sur lui pour prendre le leadership de l’équipe. Parfois brillant, le sauteur de la Vallée de Joux peine encore à être régulier. Entretien avec un homme sensible, mais déterminé.

Vos résultats vont en progressant cette saison, comment vous sentez-vous?

On doit se battre, gratter centimètre par centimètre. Mais avec l’équipe, on a travaillé du mieux possible cet été, je crois. Il faut que je continue à croire en moi.

Avez-vous adapté votre préparation pour cette saison olympique?

On a essayé de faire un petit peu mieux que l’année passée. Je pense que chaque membre de l’équipe, athlète comme entraîneur, a montré de la motivation. On a tenté d’aller chercher de nouvelles solutions et de s’entraîner au maximum, tout en analysant mieux que par le passé nos performances et notre matériel.

Au niveau de la technique, qu’avez-vous travaillé cet été?

La “prise de skis”, la montée des hanches lors de la poussée, à la table. Ensuite, je sais voler. Alors si ces petits points techniques fonctionnent, ça peut le faire.

Andreas Küttel a rejoint le staff de l’équipe de Suisse. Qu’apporte l’ancien champion du monde?

De la fraîcheur. Il a essayé de nous poser quelques questions pour nous faire avancer.

De votre côté, on sent qu’il ne vous manque pas grand chose pour franchir un palier et enchaîner les bons résultats. Qu’en pensez-vous?

Ce n’est pas faux. Je me bats beaucoup avec mon mental en ce moment. Il faut vraiment que je travaille sur le fait de croire en moi, en mes capacités. J’ai montré cet été que je pouvais sauter avec les meilleurs. J’ai encore de la peine à me le prouver lors des Coupes du monde, mais je m’améliore à chaque saut alors j’essaie de rester positif.

Travaillez-vous avec un préparateur mental?

Oui, personnellement. Il fait partie de l’encadrement Swiss Ski, mais ensuite, le choix d’en profiter est individuel.

Cet hiver, vos objectifs se concentrent-ils sur les Jeux olympiques?

C’est sûr que les Jeux, c’est ce qui me donne l’entier de ma motivation. Pour moi, il n’y a rien d’autre que cet événement. C’est vraiment le rêve d’enfant, j’ai envie d’y participer. Depuis que j’ai regardé les Jeux en 2002, j’ai l’espoir de voler lors de cet événement.

Pour cela, il faudra d’abord briller en Coupe du monde.

C’est clair, le but est de faire partie des meilleurs à ce niveau et ensuite la porte s’ouvrira pour les Jeux.

Vous avez déjà participé à des épreuves sur le tremplin qui accueillera les épreuves olympiques. Comment le trouvez-vous?

J’ai vraiment fait de bons sauts là-bas, j’étais très content. On a eu beaucoup de difficultés à arriver sur place, avec l’avion, etc. On a loupé les entraînements mais au final, jusqu’au saut de concours (49e) où je n’ai eu aucune chance avec les conditions météorologiques, je me sentais bien.

Si vous vous qualifiez, connaissez-vous le programme des jours précédents les Jeux?

On devrait aller à Sapporo quelques jours si possible, histoire de s’acclimater.

Avez-vous des objectifs chiffrés pour cet hiver?

C’est difficile. Un Top 20 serait super. Mais pour l’heure, j’ai encore des petits réglages mentaux à faire pour croire en moi à fond.

Y a-t-il un tremplin où on doit vous attendre particulièrement cet hiver?

C’est compliqué à dire. A la maison (ndlr: Engelberg), ça serait cool, oui. Mais on ne s’entraîne quasiment pas là-bas alors c’est difficile d’avoir un avantage sur les autres. Cependant, le fait d’avoir le public derrière nous, la famille, les amis, donne envie de réussir quelque chose.

Avoir un quadruple champion olympique dans l’équipe, ça aide?

L’expérience de Simon se voit dans sa routine, dans sa façon de travailler, sa préparation. Je pense qu’on peut tous s’inspirer de lui. Après, tout le monde est différent, alors il faut aussi savoir garder son propre style.

Mais, comme au tennis derrière Roger Federer, le fait d’arriver après un champion comme lui ne rend-t-il par la tâche difficile?

Oui et non. Simon pompe beaucoup de pression médiatique et il n’y en a plus beaucoup pour nous. Mais on sent que les médias sont intéressés par le saut à skis en Suisse et espèrent qu’on soit parmi les meilleurs.

Trois sauteurs helvétiques devront se qualifier en individuel pour qu’une équipe de Suisse soit alignée à PyeongChang. Vous y croyez?

Bien sûr, je l’espère. On sent qu’il y a vraiment de la motivation dans l’équipe. Si chaque athlète fait du mieux qu’il peut, ça devrait le faire.

Que pensez-vous des jeunes Suisses qui pourraient arriver sur le Circuit ces prochaines années?

Il y en a un ou deux sur lesquels on peut mettre quelques pièces.

Les tirer vers le haut est désormais votre rôle?

Peut-être un petit peu. Mais on ne se voit pas beaucoup au fil de la saison, c’est difficile. Hors compétition, c’est toujours intéressant de pouvoir suivre leur style de vie et de les conseiller et les motiver.

Laurent Morel, de retour de Ruka