C’est avec un gâteau d’anniversaire en pleine face que Greg Tuscher a félicité Mathilde Gremaud ce mardi. Entraîneur en chef de l’équipe de Suisse de freeski, le trentenaire n’a pas failli à la tradition qui habite l’équipe depuis plusieurs années et qui veut que celui qui fête son anniversaire soit récompensé comme il se doit…
Mais pour faire encore mieux, le jour de ses 22 ans, sa protégée gruérienne s’est offert une nouvelle médaille olympique, quatre ans après sa breloque en argent en slopestyle. Cette fois, c’est en Big Air, pour la première apparition de la discipline aux Jeux que la rideuse de La Berra a été récompensée après une compétition au niveau extraordinaire. Il revient sur cet exploit.
Greg Tuscher, cette médaille de bronze, c’est une belle récompense pour votre travail, non?
C’est trop beau! Je suis vraiment content pour Mathilde, qui a en plus eu des entraînements un petit peu compliqués. Elle est tombée et c’était aussi un petit peu compliqué pour elle en switch. Mais après, elle a su se remettre dedans en qualif’. Et en en finale, c’est vraiment incroyable qu’elle ait pu refaire son switch 1440 car ça faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas fait. Surtout qu’avec ses commotions en ce début de saison, ce n’était pas simple pour elle de le refaire sur la neige avant d’arriver aux Jeux olympiques. Là, elle l’a déjà posé parfaitement aux entraînements avant la compétition. Le double 1260 était nickel également. Et il y avait aussi cette idée derrière la tête de tenter le dub 16 (ndlr: double cork 1620). Elle l’a bien entraîné cet été sur l’airbag.
C’est un joli podium, avec les trois meilleures rideuses aux trois premières places. Il n’y a pas de scandale de jugement.
Le jugement était très bien. Avec les nouveaux tricks, Eileen (Gu), Tess (Ledeux) et Mathilde étaient les trois favorites. Johanne (Killi) avait aussi la possibilité de faire un switch 1440 en mute et aurait aussi pu jouer le podium. C’était un super show et j’ai vraiment senti cette tension des grands événements lors de cette finale. Le scénario était idéal. Surtout dans cet ordre, et Mathilde avait l’option de faire ce 1620 pour aller chercher l’or. C’était ce qu’il fallait tenter.
C’est donc ça la prochaine étape pour elle?
Exactement. Elle le plaque vraiment bien sur l’airbag donc il faudra trouver le temps pour le réussir sur la neige. Peut-être même d’ici la fin de saison, voire pour le slopestyle (sourire). Le dernier saut est imposant, il y a moyen de faire quelque chose.
Malgré ses chutes, Mathilde Gremaud sait toujours rebondir pour être présente au bon moment, à l’image de ce qu’elle avait déjà réussi il y a quatre ans, remportant une médaille pour sa seule compétition de l’hiver. Comment fait-elle?
Dès qu’elle est dans le bon « mood », c’est vraiment une super skieuse, elle peut tout faire. Elle est toujours présente dans les grands moments. Elle est super intelligente. Lorsqu’elle subit de grosses chutes, c’est des erreurs techniques, ça peut arriver. Heureusement, là, à l’entraînement, ça n’a pas eu de conséquence. Elle n’a pas le fonctionnement que Tess par exemple, qui est beaucoup plus tête brûlée et qui va répéter ses grosses figures. Mathilde devrait peut-être d’ailleurs les réaliser un petit peu plus souvent à l’entraînement. Mais elle a déjà connu plusieurs chutes et a tapé plusieurs fois la tête, donc c’est bien d’être un petit peu plus prudente aussi.
Elle donne l’impression d’être très indépendante dans sa manière de préparer ses compétitions. Juste?
Oui, notamment dans la gestion de ses figures. On la conseille évidemment toujours, mais il faut que l’envie de les lancer vienne d’elle. Quand c’est le cas, ça fonctionne. Quand elle se sent forcée, elle aime moins. C’est aussi ça notre travail.
Sarah Höfflin a également réussi un solide concours. Vous espériez mieux?
Non, c’est top comme ça. Elle a eu deux gros chocs à l’entraînement sur ses switch left dub 1080. Du coup, son niveau de confiance est tombé un petit peu à zéro. Finalement, elle a pu réussir à se remettre dedans et ça a fonctionné parfaitement bien. Elle n’a jamais fait autant de switch dub à gauche cet hiver.
C’est de bon augure pour le slopestyle?
Exactement. Il reste encore à travailler quelque peu sur les grabs. Il y a plein de nouvelles choses possibles, mais ce n’est pas parce que c’est les Jeux olympiques qu’il faut tout réinventer non plus.
Laurent Morel, Pékin