Extraordinaire Loïc Meillard. En devenant ce dimanche le premier champion du monde de slalom suisse depuis 75 ans, le Valaisan a définitivement posé sa marque sur les Championnats du monde de Saalbach. Dans la station qui l’a vu monter sur ses premiers podiums de Coupe du monde en 2018, le skieur d’Hérémence a décroché trois médailles, dont deux en or avec également celle du combiné par équipes. Sa moisson est phénoménale et il semble qu’il soit désormais impossible de l’arrêter. Interview d’un homme heureux et libéré.

Loïc Meillard, félicitations! C’est fou, vous êtes champion du monde de slalom! Est-ce que vous réalisez?

C’est complètement fou, c’est clair! Avoir réussi à décrocher le titre tant chez les dames que chez les messieurs, c’est absolument exceptionnel!

Vous avez skié deux manches pleines, intenses. On a l’impression que vous avez attaqué comme jamais. Aujourd’hui, c’était le ski presque parfait?

Je ne sais pas car il y a eu des fautes, mais en tout cas, j’ai essayé d’attaquer pour ne pas avoir de regret et à la fin, je suis extrêmement heureux.

Vous aviez 0″19 de retard après la première manche. Il fallait mettre le curseur encore un peu plus haut?

Oui, surtout que c’était une manche qui « envoyait » encore un petit peu plus. C’est toujours dur en deuxième manche lorsque tu pars dans les trous, que ça va un petit peu plus vite. Il y a eu quelques fautes mais je n’ai jamais abandonné pour essayer de continuer à travailler, à avancer, et ça a payé.

Comment s’est passé l’attente avant de voir Clément Noël enfourcher?

J’étais déjà heureux d’avoir une troisième médaille en poche, d’être à l’arrivée en n’ayant pas de regret. S’il était allé plus vite que moi, cela aurait été le jeu. Mais malheureusement ou heureusement, c’est le slalom et ça peut tourner dans un sens comme dans l’autre.

C’est la plus belle de ces Championnats du monde, cette médaille?

Non, pas forcément. Je pense que chaque médaille est belle, chaque médaille a ses souvenirs de chaque journée et ses particularités. Chaque moment est exceptionnel.

Durant l’hymne national, à quoi avez-vous pensé?

J’ai vu des images de ces Mondiaux et de la saison, alors que ce n’était pas forcément parti de la meilleure des façons (rires). Être là aujourd’hui et pouvoir performer lors de toutes les courses, c’est trop beau.

Si au soir de Sölden (ndlr: il s’était blessé au dos à l’échauffement), on vous avait dit que vous seriez aujourd’hui en face de nous avec trois médailles, qu’auriez-vous répondu?

Cela aurait peut-être été l’objectif, mais il faut voir les choses en face, ce n’est pas si facile que ça. Il y a eu du chemin à faire.

Vous avez beaucoup travaillé, vous et votre staff, pour y parvenir cette saison.

Il y a une énorme équipe derrière moi qui a travaillé dur, c’est vrai. Un grand merci à eux.

C’est le plus jour de votre carrière aujourd’hui?

Non, pas forcément. Chaque instant a quelque chose de particulier. C’est un des bons moments, oui, mais je ne suis pas sûr que c’est plus beau que mon premier podium ou qu’être sur le podium à Adelboden, je ne sais pas. Je dirais plutôt que c’est un moment exceptionnel parmi tant d’autres et j’en profite au maximum.

Est-ce que la médaille de bronze du géant vous a surtout donné envie d’aller chercher encore mieux en slalom?

Bien sûr, mais même si j’avais eu l’or en géant, j’aurais voulu aller chercher tout devant en slalom. Le but en arrivant au départ, c’est toujours d’aller tout devant. Il y a des jours où ça fonctionne parfaitement, d’autres un petit peu moins bien mais ça reste une médaille aussi en géant, c’était top.

Avec trois médailles ici à Saalbach, vous êtes l’homme de ces Championnats du monde, non?

Peut-être mais à la fin, je pense que c’est surtout l’équipe de Suisse qui va rester dans les mémoires. Les Mondiaux qu’on a réussi sont juste exceptionnels et ça a procuré des émotions à tout le monde.

Savez-vous où vous allez ranger vos médailles?

Je les mettrai avec les autres, elles prendront la poussière à cet endroit là. Même cette médaille d’or.

Faut-il jumeler Saalbach et Hérémence, tant vous êtes à l’aise ici?

On pourrait, ce serait une bonne idée. Je vous laisse faire la paperasse (sourire).

Y aura-t-il pour vous un avant et un après Saalbach?

Non, je ne pense pas. On va continuer à travailler, à essayer d’effacer les petites erreurs que je commets, progresser. À la prochaine course, il faudra à nouveau tout donner. Ça ne changera jamais.

Six médailles aux Championnats du monde pour un Suisse, cela n’a été réussi que par Pirmin Zurbriggen depuis les années 1940. Réalisez-vous la porte de l’histoire que vous êtes en train d’écrire?

Les Mondiaux, c’est un événement lors duquel j’ai toujours réussi à briller en faisant abstraction de tout ce qu’il y a autour. Je suis extrêmement heureux de parvenir à y montrer mon meilleur ski.

Cela vous réjouit-il aussi d’aller fêter devant le public suisse, à Crans-Montana, où vous disputerez le super-G dimanche prochain?

On fêtera si je fais un bon résultat, sinon il y aura une petite déception. C’est comme pour chaque course.

Laurent Morel, Saalbach-Hinterglemm